Практикум по культуре речевого общения. Ч.1. Гиляровская Т.В - 38 стр.

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de l'impossible gestion des sociétés complexes. Jamais, pourtant, les
gouvernants n'ont disposé d'autant d'informations, de données et d'instruments
de pilotage! D'autres pays, l’Allemagne en tête, montrent que la fatalité du
déclin, l'impuissance ou l'étroitesse des marges sont de mauvais alibis. Si mal
français il y a, il est d'abord français.
Face aux changements du monde, le tissu des convictions et des valeurs
qui font la trame de ce pays se déchire. Tous les principes de la République qui
ont aidé la France à traverser et à surmonter les épreuves de deux guerres
mondiales, de la décolonisation, de l'explosion démographique, de
l'urbanisation, des tensions sociales sont remis en question ou jetés à terre. Que
reste-t-il de l'intérêt général, du lien social, quand la France offre des visages
aussi différents et antagonistes que Bellac, la petite cité limousine chère à
Giraudoux, où la politique est demeurée un café du commerce, et la barre des
Francs- Moisins, en Seine-Saint-Denis, où les enfants ne croient plus en rien,
sinon à la débrouille et à la combine? Qu'y a-t-il en commun entre la France des
emplois protégés et la France des entreprises qui se bat à ses risques et périls sur
les marchés mondiaux?
La société française est si écartelée que l'agrégation des hommes parvient
de plus en plus difficilement à s'y faire pour produire cette conscience morale
qu'on appelle «nation». Des doutes s'élèvent sur ces sacrifices que Renan
appelait de ses vœux en évoquant , «l'abdication de l'individu au profit d'une
communauté». Les facteurs du vivre ensemble sont si chahutés que la France
multiplie, avec une fébrilité à la fois coupable et inédite, les célébrations
commémoratives. Les briques du sentiment national, qui forgent la confiance en
soi du pays, sont toutes descellées, et la grande question de la nation française
devient, dans une spirale intellectuelle décadente, une interrogation rétrécie et
fébrile sur la nationalité française. Passer de la nation au nationalisme, c'est
régresser, avouer ses faiblesses et s'abandonner à une névrose obsessionnelle.
La France en est là. Certes, les nations vivent toutes dans le gouvernement
des antagonismes qui les habitent. I’uniformisation est, elle-même, une utopie
perverse et dangereuse. La diversité est la richesse d'un pays. La démocratie se
définit d'ailleurs par la tension organisée entre majorité et opposition. Mais
quand il y a une déchirure dans le contrat social, lorsqu'un peuple se désagrège
parce qu'il n'est plus réuni par une commune idée de lui-même, la crise menace.
Dans la France d'aujourd'hui, il y a plusieurs France qui s'éloignent les
unes des autres sous le regard d'un Etat lui aussi mis à l'épreuve. Les événements
semblent dominer un Etat de moins en moins capable de donner aux citoyens le
sentiment qu'il assure la cohésion de la communauté nationale. Cette nation
s'imagine impérissable et son Etat, indestructible. L'heure, pourtant,
inexorablement avance et l'avenir ne dépend que de la capacité des Français à
regarder leur pays tel qu'il est.
D'après, Le Point
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de l'impossible gestion des sociétés complexes. Jamais, pourtant, les
gouvernants n'ont disposé d'autant d'informations, de données et d'instruments
de pilotage! D'autres pays, l’Allemagne en tête, montrent que la fatalité du
déclin, l'impuissance ou l'étroitesse des marges sont de mauvais alibis. Si mal
français il y a, il est d'abord français.
       Face aux changements du monde, le tissu des convictions et des valeurs
qui font la trame de ce pays se déchire. Tous les principes de la République qui
ont aidé la France à traverser et à surmonter les épreuves de deux guerres
mondiales, de la décolonisation, de l'explosion démographique, de
l'urbanisation, des tensions sociales sont remis en question ou jetés à terre. Que
reste-t-il de l'intérêt général, du lien social, quand la France offre des visages
aussi différents et antagonistes que Bellac, la petite cité limousine chère à
Giraudoux, où la politique est demeurée un café du commerce, et la barre des
Francs- Moisins, en Seine-Saint-Denis, où les enfants ne croient plus en rien,
sinon à la débrouille et à la combine? Qu'y a-t-il en commun entre la France des
emplois protégés et la France des entreprises qui se bat à ses risques et périls sur
les marchés mondiaux?
       La société française est si écartelée que l'agrégation des hommes parvient
de plus en plus difficilement à s'y faire pour produire cette conscience morale
qu'on appelle «nation». Des doutes s'élèvent sur ces sacrifices que Renan
appelait de ses vœux en évoquant , «l'abdication de l'individu au profit d'une
communauté». Les facteurs du vivre ensemble sont si chahutés que la France
multiplie, avec une fébrilité à la fois coupable et inédite, les célébrations
commémoratives. Les briques du sentiment national, qui forgent la confiance en
soi du pays, sont toutes descellées, et la grande question de la nation française
devient, dans une spirale intellectuelle décadente, une interrogation rétrécie et
fébrile sur la nationalité française. Passer de la nation au nationalisme, c'est
régresser, avouer ses faiblesses et s'abandonner à une névrose obsessionnelle.
       La France en est là. Certes, les nations vivent toutes dans le gouvernement
des antagonismes qui les habitent. I’uniformisation est, elle-même, une utopie
perverse et dangereuse. La diversité est la richesse d'un pays. La démocratie se
définit d'ailleurs par la tension organisée entre majorité et opposition. Mais
quand il y a une déchirure dans le contrat social, lorsqu'un peuple se désagrège
parce qu'il n'est plus réuni par une commune idée de lui-même, la crise menace.
       Dans la France d'aujourd'hui, il y a plusieurs France qui s'éloignent les
unes des autres sous le regard d'un Etat lui aussi mis à l'épreuve. Les événements
semblent dominer un Etat de moins en moins capable de donner aux citoyens le
sentiment qu'il assure la cohésion de la communauté nationale. Cette nation
s'imagine impérissable et son Etat, indestructible. L'heure, pourtant,
inexorablement avance et l'avenir ne dépend que de la capacité des Français à
regarder leur pays tel qu'il est.
                                                                  D'après, Le Point

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