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Préface
La France – ou ce qui deviendrait la France – s’éclaire à
l’intérieur du monde celte, de l’Empire romain, de la Chrétienté, de
l’Europe de la Renaissance et de l’humanisme où elle est confrontée
aux nouveaux mondes qu’elle vient de découvrir. Puis la France s’est
elle-même répandue par les hommes ou par ses idées en Europe et
dans le monde, par la part qu’elle a prise aux grandes découvertes, par
le rayonnement de sa langue et de sa littérature à l’époque classique,
de ses idées au siècle des Lumières, par le retentissement de la
Révolution française et des principes de liberté, d’égalité et de
fraternité, par l’étendue d’une colonisation faite d’ombres et de clartés,
par l’influence de ses savants, de ses écrivains, de ses artistes. A ces
mêmes époques, elle accueillait elle-même des apports étrangers de
plus en plus largement internationaux. Il ne peut y avoir d’histoire
nationale qui ne soit ouverte sur l’étranger, sur les autres.
Il faut comprendre son temps. Il me paraît important d’arriver
jusqu’à aujourd’hui pour essayer de voir précisément comment le
présent devient passé et comment peut en faire de l’histoire. Mais le
vrai raisonnement historique, c’est celui qui permet de voir comment
le présent sort du passé, en est nourri, éclairé. C’est en connaissant ce
passé que nous comprenons mieux le présent et que nous sommes
mieux capables de dominer l’histoire.
D’après Jacques Le Goff «Histoire de France»
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La Révolution française (1789–1799)
1. Lisez et traduisez le texte.
La Révolution qui éclate en France à la fin du XVIII
e
siècle et
qui bouleverse la structure sociale et politique traditionnelle à un point
tel qu'elle marque le début de la période contemporaine, s'est préparée
lentement tout au long d'un siècle. Le XVIII
e
siècle a vu se creuser de
plus en plus le fossé qui séparait les classes privilégiées, puissances du
passé intéressées au maintien de l'ancien régime,et les forces sociales
nouvelles qui tendaient à le détruire. Alors qu'apparaissait et se
développait l'économie moderne fondée sur l'organisation capitaliste et
industrielle de la production, la société d'ancien régime reposait
toujours sur le système féodal de la propriété foncière et sur les
corporations pour la production artisanale. Alors que la masse des
productions de qui dépendait la société tout entière, détenait la plus
grande partie de la richesse du pays et accroissait sans cesse sa
prépondérance économique, le travail était toujours jugé déshonorant
et l'inutilité apparaissait comme le trait distinctif des classes
privilégiées. La structure traditionnelle de la nation ne correspondait
plus au rapport des forces économiques et sociales.
Dans le même temps que le développement de l'économie aug-
mentait сe déséquilibre, la philosophie des lumières donnait à la
bourgeoisie conscience de sa puissance et de représenter dans la
nation l'élément de progrès. La propagande philosophique avait
répandu parmi les couches supérieures de la société, surtout depuis le
milieu du siècle, les idées de liberté, d'égalité, de souveraineté
nationale; et cela tandis que la monarchie française s'appuyait
sur des institutions archaïques, et s'affirmait toujours de droit
divin et absolutiste.
Les lois et les institutions ne correspondaient plus à l'idéologie
nouvelle.
C'est de ce déséquilibre fondamental, économique, social et
politique, de cet antagonisme des classes, de ces contradictions
multiples, que jaillit la Révolution de 1789.
A. Soboul,
La Révolution française 1789—1799 (1950)
Préface La Révolution française (1789–1799) La France – ou ce qui deviendrait la France – s’éclaire à 1. Lisez et traduisez le texte. l’intérieur du monde celte, de l’Empire romain, de la Chrétienté, de La Révolution qui éclate en France à la fin du XVIIIe siècle et l’Europe de la Renaissance et de l’humanisme où elle est confrontée qui bouleverse la structure sociale et politique traditionnelle à un point aux nouveaux mondes qu’elle vient de découvrir. Puis la France s’est tel qu'elle marque le début de la période contemporaine, s'est préparée elle-même répandue par les hommes ou par ses idées en Europe et lentement tout au long d'un siècle. Le XVIIIe siècle a vu se creuser de dans le monde, par la part qu’elle a prise aux grandes découvertes, par plus en plus le fossé qui séparait les classes privilégiées, puissances du le rayonnement de sa langue et de sa littérature à l’époque classique, passé intéressées au maintien de l'ancien régime,et les forces sociales de ses idées au siècle des Lumières, par le retentissement de la nouvelles qui tendaient à le détruire. Alors qu'apparaissait et se Révolution française et des principes de liberté, d’égalité et de développait l'économie moderne fondée sur l'organisation capitaliste et fraternité, par l’étendue d’une colonisation faite d’ombres et de clartés, industrielle de la production, la société d'ancien régime reposait par l’influence de ses savants, de ses écrivains, de ses artistes. A ces toujours sur le système féodal de la propriété foncière et sur les mêmes époques, elle accueillait elle-même des apports étrangers de corporations pour la production artisanale. Alors que la masse des plus en plus largement internationaux. Il ne peut y avoir d’histoire productions de qui dépendait la société tout entière, détenait la plus nationale qui ne soit ouverte sur l’étranger, sur les autres. grande partie de la richesse du pays et accroissait sans cesse sa Il faut comprendre son temps. Il me paraît important d’arriver prépondérance économique, le travail était toujours jugé déshonorant jusqu’à aujourd’hui pour essayer de voir précisément comment le et l'inutilité apparaissait comme le trait distinctif des classes présent devient passé et comment peut en faire de l’histoire. Mais le privilégiées. La structure traditionnelle de la nation ne correspondait vrai raisonnement historique, c’est celui qui permet de voir comment plus au rapport des forces économiques et sociales. le présent sort du passé, en est nourri, éclairé. C’est en connaissant ce Dans le même temps que le développement de l'économie aug- passé que nous comprenons mieux le présent et que nous sommes mentait сe déséquilibre, la philosophie des lumières donnait à la mieux capables de dominer l’histoire. bourgeoisie conscience de sa puissance et de représenter dans la nation l'élément de progrès. La propagande philosophique avait D’après Jacques Le Goff «Histoire de France» répandu parmi les couches supérieures de la société, surtout depuis le milieu du siècle, les idées de liberté, d'égalité, de souveraineté nationale; et cela tandis que la monarchie française s'appuyait sur des institutions archaïques, et s'affirmait toujours de droit divin et absolutiste. Les lois et les institutions ne correspondaient plus à l'idéologie nouvelle. C'est de ce déséquilibre fondamental, économique, social et politique, de cet antagonisme des classes, de ces contradictions multiples, que jaillit la Révolution de 1789. A. Soboul, La Révolution française 1789—1799 (1950) 3 4