Культура Франции и России. Мурасова А.Р. - 52 стр.

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La beauté et la force ne sont plus les caractères typiques de l'homme а notre
époque. Le moindre cric fait la besogne musculaire d'Alcide. On ne doit donc pas
orner ce qui n'a pas d'importance réelle ; il s'agit seulement d'éviter la lourdeur, la
vulgarité, l'ilégance, et de cacher le corps sous une enveloppe ni trop large, ni
trop juste, n'accusant pas précisément les contours, la même pour tous, а peu de
chose près, comme un domino de bal masqué. Point d'or, ni de broderies, ni de tons
voyants ; rien de théâtral : il faut qu'on sente qu'un homme est bien mis, sans se
rappeler plus tard aucun détail de son vêtement. La finesse du drap, la perfection
de la coupe, le fini de la façon, et surtout le bien-porté de tout cela constituent la
distinction. Ces nuances échappent aux artistes, du moins au plus grand nombre,
amoureux des couleurs vives, des plis abondants, des draperies à cassures
miroitantes, des torses aux pectoraux bien divisés, des bras aux biceps en relief. Ils
regrettent que quelque jeune élégant n'ait pas le caprice d'une toque à plume et d'un
manteau écarlate ; et ils s'étonnent de la persistance des gens du monde à garder un
costume si triste, si éteint, si monotone. C'est comme si l'on demandait pourquoi à
Venise toutes les gondoles sont noires. Cependant rien n'est plus facile а distinguer
dans l'uniformité apparente que la gondole du patricien de la gondole du bourgeois.
Mais, par exemple, si les artistes sont fondés en raison lorsqu'ils réclament
contre le costume des hommes, dont ils laissent l'invention aux tailleurs au lieu de
le dessiner eux mêmes, ils n'ont aucune objection plausible а élever contre le
costume des femmes. S'ils allaient plus souvent dans le monde et voulaient se
dépouiller de leurs préjugés d'atelier pendant une soirée, ils verraient que les
toilettes de bal ont de quoi satisfaire les plus difficiles, et que le peintre qui les
traiterait d'une façon historique, en y appliquant le style, sans cesser pour cela
d'être exact, arriverait à des effets de beauté, d'élégance et de couleur dont on serait
étonné. Il faut toute la force de la fausse éducation classique pour n'être pas frappé
de l'aspect charmant que présente une sortie d'Opéra, un cercle de femmes assises
dans un salon, ou causant debout près d'une console ou d'une cheminée.
Jamais peut-être on ne s'est mieux coiffé : les cheveux sont ondés, crêpés,
nattés, relevés en ailes, rejetés en arrière, tordus en câble, avec un art vraiment
merveilleux. Le peigne parisien vaut le ciseau grec, et les cheveux obéissent plus
docilement que le marbre de Paros ou du Pentélique. Regardez ces beaux bandeaux
noirs, décrivant leurs lignes pures sur un front pelé, et pressés comme un diadème,
par une torsade, qui part du chignon et s'y rattache ; cette couronne blonde, on
semble palpiter la brise amoureuse, et qui forme comme une auréole d'or а une te
blanche et rose! Voyez avec quel goût se massent sur la nuque ces noeuds, ces
boucles, ces tresses enroulées sur elles-mes comme une corne d'Ammon, ou
comme une volute de chapiteau ionien! Un sculpteur athénien, un peintre de la
Renaissance, les disposeraient-ils avec plus de grâce, d'ingéniosi et de style? -
Nous ne le croyons pas.
Nous n'avons parlé jusqu'ici que de l'arrangementme des cheveux, que
serait-ce si nous arrivions aux coiffures proprement dites ; nous défions l'art
d'inventer mieux. Tantôt ce sont des fleurs où tremblent des gouttes de rosée,
ouvrant leurs pétales parmi des feuillages glauques, roux ou verts ; tantôt de