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souples brindilles qui descendent négligemment sur les épaules ; ou bien des
sequins, des résilles de perles, des étoiles en diamant, des épingles à boules de
filigrane ou constellées de turquoises, des bandelettes d'or nattées avec les
cheveux, des plumes légères comme des vapeurs colorées, comme des arcs-en-ciel,
des noeuds de rubans chiffonnés et feuillus comme des coeurs de rose, des lacis de
velours, des gazillons lamés d'or et d'argent dont chaque cassure papillote aux
lumières, des échevaux de corail rose, des grappes d'améthyste, des groseilles de
rubis, des papillons de pierres précieuses, des bulles de verre au reflet métallique,
des élytres de buprestes, tout ce que la fantaisie peut rever de plus frais, de plus
coquet, de plus brillant, et tout cela sans surcharge, sans excès, sans entassement
grotesque, sans luxe ridicule, bien en harmonie avec l'air du visage et les
proportions de la tête ; la Vénus de Milo, si elle retrouvait ses bras et si une femme
du monde voulait lui prêter un corsage, pourrait aller en soirée coiffée comme elle
est. Quel éloge pour la mode de notre temps!
Mais la crinoline, allez-vous dire ; les jupes cerclées, les robes à ressorts
qu'on fait raccommoder comme des montres par l'horloger lorsqu'elles se
détraquent, n'est-ce pas hideux, sauvage, abominable, contraire а l'art? Nous ne
sommes pas de cet avis : les femmes ont raison qui maintiennent la crinoline
malgré les plaisanteries, les caricatures, les vaudevilles et les avanies de toute
sorte.
Elles font bien de préférer ces jupes amples, étoffées, puissantes, largement
étalées à l'oeil. De cette abondance de plis, qui vont s'évasant comme la fustanelle
d'un derviche tourneur, la taille sort élégante et mince ; le haut du corps se détache
avantageusement, toute la personne pyramide d'une manière gracieuse. Cette
masse de riches étoffes fait comme un piédestal au buste et à la tête, seules parties
importantes, maintenant que la nudité n'est plus admise. - Si l'on nous permettait
un rapprochement mythologique dans une question si moderne, nous dirions
qu'une femme en toilette de bal se conforme à l'ancienne étiquette olympienne. Les
dieux supérieurs, en représentation, avaient le torse nu ; des draperies а plis
nombreux les enveloppaient des hanches aux pieds. C'est pour cela qu'on doit,
quand on s'habille, se découvrir la poitrine, les épaules et les bras. La même mode
se trouve à Java, on l'on ne peut se présenter à la cour que nu jusqu'а la ceinture.
Erudition et plaisanterie à part, une jeune femme décolletée, les bras
découverts, coiffée comme nous l'avons dit et traînant après elle des flots de moire
antique, de satin ou de taffetas, avec ses doubles jupes ou ses volants multiples,
nous semble aussi belle et aussi bien costumée que possible, et nous ne voyons pas
trop ce que l'art aurait à lui reprocher. Par malheur, il n'y a pas de peintres
contemporains ; ceux qui paraissent vivre de notre temps appartiennent а des
époques disparues. L'antiquité mal comprise les empêche de sentir le présent. Ils
ont une forme de beau préconçue et l'idéal moderne est lettre close pour eux.
Une ob jection plus sérieuse serait celle de l'incompatibilité de la crinoline
avec l'architecture et l'ameublement modernes. Lorsque les femmes portaient des
paniers, les salons étaient vastes, les portes s'ouvraient à deux larges battants, les
fauteuils écartaient leurs bras, les carosses admettaient aisément cette envergure de
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