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L'université française face à son avenir
Lancée le 5 novembre 2003 à l'université de Rennes II, la grève étudiante
s'est rapidement étendue à une vingtaine de facultés, principalement de lettres et
sciences humaines. La grogne visait principalement la mise en œuvre de
l'harmonisation européenne des diplômes sur le modèle Licence – Master –
Doctorat (LMD), ainsi que la loi de modernisation des universités présentée par
le ministre Luc Ferry. Une partie des étudiants a vu dans ces deux projets une
menace pesant sur l'université «à la française», et ont pris la tête d'un
mouvement de contestation visant à sauvegarder ces acquis. Déjà soumise à une
crise très grave due à la massification étudiante et à la pauvreté des moyens,
l'université serait selon certains atteinte dans son esprit même...
Pourtant, l'essentiel des arguments avancés par les contestataires, et
notamment ceux de l'UNEF (premier syndicat étudiant, situé à gauche), étaient
visiblement exagérés: l'harmonisation européenne ne remet en cause ni l'égalité
nationale des diplômes, ni le système de compensation des notes, ni l'absence de
sélection jusqu'à bac+4. Quant au projet d'accorder aux universités une
autonomie de gestion, rien n'indique qu'il aboutirait à un désengagement massif
de l'État, et encore moins à une «privatisation» de l'université. En ces temps de
vaches maigres, les incertitudes contenues dans le projet sont perçues comme
autant de menaces potentielles. En ce sens, le procès d'intention fait à la réforme
s'est révélé salutaire, en invitant à prévenir les problèmes plutôt qu'à les guérir
tant bien que mal à l'avenir. Plutôt qu'une réticence à se mettre au diapason
européen, la contestation manifeste bien plus une inquiétude légitime et chro-
nique sur l'avenir de l'université. Mais le blocage qui en résulte est néfaste pour
tous, et laisse entrevoir un autre enjeu; celui d'une certaine représentation étu-
diante, dénaturée par les discours idéologiques, détournant parfois des
revendications pourtant réelles. La participation au débat de l'ensemble des
étudiants, et non du seul cercle restreint des étudiants politisés et militants, sera
une condition indispensable pour repenser les missions de l'Université et son
intégration à l'Europe.
Benjamin Martinez, Le français dans le monde
Lecture et compréhension du texte
2. Lisez le texte ci-dessus. Parlez des transformations qui sont opérées
dans le système éducatif français. Contre quoi les étudiants français
protestaient-ils surtout en hiver 2003?
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L'université française face à son avenir Lancée le 5 novembre 2003 à l'université de Rennes II, la grève étudiante s'est rapidement étendue à une vingtaine de facultés, principalement de lettres et sciences humaines. La grogne visait principalement la mise en œuvre de l'harmonisation européenne des diplômes sur le modèle Licence – Master – Doctorat (LMD), ainsi que la loi de modernisation des universités présentée par le ministre Luc Ferry. Une partie des étudiants a vu dans ces deux projets une menace pesant sur l'université «à la française», et ont pris la tête d'un mouvement de contestation visant à sauvegarder ces acquis. Déjà soumise à une crise très grave due à la massification étudiante et à la pauvreté des moyens, l'université serait selon certains atteinte dans son esprit même... Pourtant, l'essentiel des arguments avancés par les contestataires, et notamment ceux de l'UNEF (premier syndicat étudiant, situé à gauche), étaient visiblement exagérés: l'harmonisation européenne ne remet en cause ni l'égalité nationale des diplômes, ni le système de compensation des notes, ni l'absence de sélection jusqu'à bac+4. Quant au projet d'accorder aux universités une autonomie de gestion, rien n'indique qu'il aboutirait à un désengagement massif de l'État, et encore moins à une «privatisation» de l'université. En ces temps de vaches maigres, les incertitudes contenues dans le projet sont perçues comme autant de menaces potentielles. En ce sens, le procès d'intention fait à la réforme s'est révélé salutaire, en invitant à prévenir les problèmes plutôt qu'à les guérir tant bien que mal à l'avenir. Plutôt qu'une réticence à se mettre au diapason européen, la contestation manifeste bien plus une inquiétude légitime et chro- nique sur l'avenir de l'université. Mais le blocage qui en résulte est néfaste pour tous, et laisse entrevoir un autre enjeu; celui d'une certaine représentation étu- diante, dénaturée par les discours idéologiques, détournant parfois des revendications pourtant réelles. La participation au débat de l'ensemble des étudiants, et non du seul cercle restreint des étudiants politisés et militants, sera une condition indispensable pour repenser les missions de l'Université et son intégration à l'Europe. Benjamin Martinez, Le français dans le monde Lecture et compréhension du texte 2. Lisez le texte ci-dessus. Parlez des transformations qui sont opérées dans le système éducatif français. Contre quoi les étudiants français protestaient-ils surtout en hiver 2003? 13
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