Сборник текстов на французском языке (для студентов факультета культуры и искусств). Литвинова В.М. - 2 стр.

UptoLike

Составители: 

3
M U S I Q U E
UN PEU DHISTOIRE
Lavant-garde musicale française sappuie sur les théories d’un
individualisme militant, qui oppose un artiste libre à la société, qui ne tient pas
compte de la vie politique contemporaine, du combat de lhumanité pour la
justice sociale et la paix.
L’école sérielle ou dodécaphonique considérée par la critique bourgeoise
comme la pointe avancée du langage contemporain est en réalité le produit dun
climat donné à une époque donnée. Née entre les deux guerres à Vienne,
envahie par linflation et la misére, cette musique exprimait langoisse et des
sentiments pathologiques.
Sa technique de composition est créée par A. Schönberg, compositeur
autrichien (18741951): une égale valeur harmonique est conservée aux douze
tons de la gamme chromatique; l’école viennoise dirigée par A. Schönberg et
A. Webern trouvait ses adeptes en France.
R. Leibowitz sy chargea de sa propagande et il eut ses disciples parmi les
élèves de Messiaen, alors professeur au Conservatoire de Paris. Les plus doués
dentre eux étaient P. Boulez, J.-L. Martinet et S. Nigg. Ils avaient en commun
le goût de linédit, du rare, des explorations. Le premier, P. Boulez, devient vite
le chef de file de cette nouvelle musique en France. Il sattâche à adapter
latonalisme viennois à lesprit français en aspirant à une synthèse entre les
techniques sérielles, les conquêtes rythmiques de C. Debussy, I. Stravinsky,
A. Jolivet et O. Messiaen et les découvertes dans lorganisation des timbres et
des intensités. Depuis «le Marteau sans maître» (1954), son œuvre capitale, il
soumet de plus en plus lenseignement de A. Webern à lesprit de la musique
française incarnée par C. Debussy.
Depuis 1954, P. Boulez entreprend la propagande de la musique sérielle en
organisant le Domaine musical, centre de lavant-garde française qui propose
au public parisien des concerts de nouvelle musique, dirigés par G. Amy,
compositeur et chef dorchestre (de 1967 à 1974). En 1975, P. Boulez se met à
la tête de l’IRCAM (Institut des Recherches et de la Coordination d’Acoustique
Musicale) auprès du Centre G. Pompidou à Paris, tout en poursuivant ses
activités du chef d’orchestre.
Une révolte contre le conformisme davant-garde dans la musique
française se trouve dans le manifeste de Jacques Bondon, publié en 1955 dans
le Combat. Elève de D. Milhaud, ce musicien de talent, auteur d’œuvres
dodécaphoniques, exprime dans les pages du Combat sa révolte contre la
4
surenchère sérielle, en réclamant, au nom des jeunes musiciens, le droit à la
liberté, à limagination, à lexpression. Il dénonce la nature inhumaine de la
théorie «une musique pour une élite», il critique en bon connaisseur la musique
sérielle qui se place en dehors de lexpérience artistique vécue. La crise
traversée par la musique contemporaine dans la France daprès-guerre est
évidente à un bon nombre de musiciens français: ils sont préoccupés par la
croissance des tendances à une musique déshumanisée.
Deux noms prestigieux out marqué la musique française populaire daprès-
guerre: Maurice Jarre (1928) et Michel Legrand (1932).
Le premier, musicien attitré du TNP et du Festival dAvignon dirigés par
J. Vilar, sans écrire de musique pure, n’en est pas moins un authentique
créateur: apportant à la musique de scène des dimensions nouvelles et un
nouvel accent il fait une musique vraiment populaire sans concession aucune à
la facilité. La gloire de M. Jarre est d’avoir lié son destin de créateur au destin
du TNP: la musique quil projétait sur la scène avait la même fonction que les
éclairages et les costumes, que le jeu des acteurs: elle était mise au service d’un
spectacle, en faisait partie intégrante. Son langage mélodique d’une fermeté et
dune concision remarquables, sa rythmique audacieuse et significative portent
toujours une marque personnelle; bien que soumis à laction dramatique.
Conçue pour les spectacles du TNP, liée à leur sort, la musique de M. Jarre a
influencé la sensibilité musicale de toute une génération de jeunes spectateurs,
et cette fonction socio-culturelle de sa musique en fait un phénomène marquant
de la vie musicale française. Cette liaison avec son époque et ses problèmes,
M. Jarre la exprimée en 1957: «Il est certain que la musique de scène est
actuellement lun des meilleurs moyens pour le jeune compositeur dentrer en
contact avec le public: cest bien dans le manque de contact que réside le
problème. Je pense quil faut assimiler son temps. Je souhaite émouvoir et
toucher lhomme de 1957, un homme qui dans les ports, au théâtre et à l’usine,
écoute, prête loreille aux bruits de la paix comme à ceux des sirènes. Il est
impossible qu’un homme qui a connu la guerre moderne n’en ait pas été
bouleversé, donc, modifié...»
Après le départ de J. Vilar du TNP (1963), M. Jarre a composé des ballets
pour Roland Petit les Chants de Maldoror (1962) et Notre-Dame de Paris
(1965), de la musique pour le cinéma, pour la comédie musicale et des
chansons.
L’œuvre de M. Legrand témoigne aussi qu’il ny a pas de bonne musique
sans une liaison étroite avec son époque, ses contemporains. Sa musique,
classique et légère, pour le cinéma, les ballets, les revues de music-hall, les
chansons, tout en elle attire un grand public: caractère national, très accentué, sa
                              MUSIQUE                                                 surenchère sérielle, en réclamant, au nom des jeunes musiciens, le droit à la
                                                                                      liberté, à l’imagination, à l’expression. Il dénonce la nature inhumaine de la
                                                                                      théorie «une musique pour une élite», il critique en bon connaisseur la musique
                          UN PEU D’HISTOIRE                                           sérielle qui se place en dehors de l’expérience artistique vécue. La crise
      L’avant-garde musicale française s’appuie sur les théories d’un                 traversée par la musique contemporaine dans la France d’après-guerre est
individualisme militant, qui oppose un artiste libre à la société, qui ne tient pas   évidente à un bon nombre de musiciens français: ils sont préoccupés par la
compte de la vie politique contemporaine, du combat de l’humanité pour la             croissance des tendances à une musique déshumanisée.
justice sociale et la paix.                                                                Deux noms prestigieux out marqué la musique française populaire d’après-
      L’école sérielle ou dodécaphonique considérée par la critique bourgeoise        guerre: Maurice Jarre (1928) et Michel Legrand (1932).
comme la pointe avancée du langage contemporain est en réalité le produit d’un             Le premier, musicien attitré du TNP et du Festival d’Avignon dirigés par
climat donné à une époque donnée. Née entre les deux guerres à Vienne,                J. Vilar, sans écrire de musique pure, n’en est pas moins un authentique
envahie par l’inflation et la misére, cette musique exprimait l’angoisse et des       créateur: apportant à la musique de scène des dimensions nouvelles et un
sentiments pathologiques.                                                             nouvel accent il fait une musique vraiment populaire sans concession aucune à
      Sa technique de composition est créée par A. Schönberg, compositeur             la facilité. La gloire de M. Jarre est d’avoir lié son destin de créateur au destin
autrichien (1874–1951): une égale valeur harmonique est conservée aux douze           du TNP: la musique qu’il projétait sur la scène avait la même fonction que les
tons de la gamme chromatique; l’école viennoise dirigée par A. Schönberg et           éclairages et les costumes, que le jeu des acteurs: elle était mise au service d’un
A. Webern trouvait ses adeptes en France.                                             spectacle, en faisait partie intégrante. Son langage mélodique d’une fermeté et
      R. Leibowitz s’y chargea de sa propagande et il eut ses disciples parmi les     d’une concision remarquables, sa rythmique audacieuse et significative portent
élèves de Messiaen, alors professeur au Conservatoire de Paris. Les plus doués        toujours une marque personnelle; bien que soumis à l’action dramatique.
d’entre eux étaient P. Boulez, J.-L. Martinet et S. Nigg. Ils avaient en commun       Conçue pour les spectacles du TNP, liée à leur sort, la musique de M. Jarre a
le goût de l’inédit, du rare, des explorations. Le premier, P. Boulez, devient vite   influencé la sensibilité musicale de toute une génération de jeunes spectateurs,
le chef de file de cette nouvelle musique en France. Il s’attâche à adapter           et cette fonction socio-culturelle de sa musique en fait un phénomène marquant
l’atonalisme viennois à l’esprit français en aspirant à une synthèse entre les        de la vie musicale française. Cette liaison avec son époque et ses problèmes,
techniques sérielles, les conquêtes rythmiques de C. Debussy, I. Stravinsky,          M. Jarre l’a exprimée en 1957: «Il est certain que la musique de scène est
A. Jolivet et O. Messiaen – et les découvertes dans l’organisation des timbres et     actuellement l’un des meilleurs moyens pour le jeune compositeur d’entrer en
des intensités. Depuis «le Marteau sans maître» (1954), son œuvre capitale, il        contact avec le public: c’est bien dans le manque de contact que réside le
soumet de plus en plus l’enseignement de A. Webern à l’esprit de la musique           problème. Je pense qu’il faut assimiler son temps. Je souhaite émouvoir et
française incarnée par C. Debussy.                                                    toucher l’homme de 1957, un homme qui dans les ports, au théâtre et à l’usine,
      Depuis 1954, P. Boulez entreprend la propagande de la musique sérielle en       écoute, prête l’oreille aux bruits de la paix comme à ceux des sirènes. Il est
organisant le Domaine musical, centre de l’avant-garde française qui propose          impossible qu’un homme qui a connu la guerre moderne n’en ait pas été
au public parisien des concerts de nouvelle musique, dirigés par G. Amy,              bouleversé, donc, modifié...»
compositeur et chef d’orchestre (de 1967 à 1974). En 1975, P. Boulez se met à              Après le départ de J. Vilar du TNP (1963), M. Jarre a composé des ballets
la tête de l’IRCAM (Institut des Recherches et de la Coordination d’Acoustique        pour Roland Petit les Chants de Maldoror (1962) et Notre-Dame de Paris
Musicale) auprès du Centre G. Pompidou à Paris, tout en poursuivant ses               (1965), de la musique pour le cinéma, pour la comédie musicale et des
activités du chef d’orchestre.                                                        chansons.
      Une révolte contre le conformisme d’avant-garde dans la musique                      L’œuvre de M. Legrand témoigne aussi qu’il n’y a pas de bonne musique
française se trouve dans le manifeste de Jacques Bondon, publié en 1955 dans          sans une liaison étroite avec son époque, ses contemporains. Sa musique,
le Combat. Elève de D. Milhaud, ce musicien de talent, auteur d’œuvres                classique et légère, pour le cinéma, les ballets, les revues de music-hall, les
dodécaphoniques, exprime dans les pages du Combat sa révolte contre la                chansons, tout en elle attire un grand public: caractère national, très accentué, sa

                                        3                                                                                      4