Сборник текстов на французском языке (для студентов факультета культуры и искусств). Литвинова В.М. - 4 стр.

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On parle de théâtre total, cest le théâtre lyrique, tout y est en jeu, du texte
à la musique en passant par la décoration et le ballet, le mouvement, le geste.
On parle d’art populaire, mais sil y a un art populaire, cest celui, là ! Car les
gens venaient au théâtre lyrique pour ce quon y chantait, pour ce qu’on y
retenait, et aussi pour lhistoire. C’est pour cela que je suis réservé quand on
vante, sans aucune restriction, lutilisation de la version originale. Le simple
public, simple dans ses aspirations et son comportement, se trouve écarté d’une
satisfaction à laquelle il irait volontiers sil comprenait tout.
Le théâtre lyrique a toujours un public qui laime pour lui-même. Il y a un
danger, cest le culte de la vedette: cest une satisfaction; mais cest un danger.
Le théâtre lyrique vit surtout par des équipes qui travaillent ensemble. On
apprenait des rôles nouveaux, on changeait le répetoire. Tandis que maintenant,
on descend du train, on répète un ouvrage qu’on sait, on le chante et lon sen
va. C’est brillant. Je ne suis pas sûr que ce soit la vie du théâtre lyrique. Comme
presque toujours dans la vie, il est probable que la vérité est au milieu, cest-à-
dire que pour certains rôles il faut une vedette, les rôles pleins d’éclats, mais
pour lensemble de louvrage il faut une équipe.
Il ne faut jamais oublier que le vrai moteur du théâtre lyrique français,
c’était lOpéra-Comique. Dabord, cest là, qu’était le grand répertoire français.
Dautre part, cest là, que les jeunes compositeurs français faisaient leurs
premières armes. Aujourdhui, le compositeur qui a une œuvre sur les bras, qui
veut la faire jouer, où va-t-il la porter ? Nulle part!
LOpéra est un théâtre de consécration, il la toujours été. LOpéra-Comique
était un théâtre de création. La situation daujourdhui est tragique: vous navez
pas de relève dartistes lyriques, et vous naurez pas de relève de compositeurs si
ça continue. Les théâtres régionaux font des efforts extraordinaires; jai été joué à
Rouen, avec Antoine et Cléopâtre, dans des conditions magnifiques. Mais ces
théâtres donnent deux représentations, au mieux.
Je trouve très bien que des initiatives différentes ouvrent à la marche dun
théâtre des voies différentes. Ce que je ne comprends pas, cest que des gens
soient tout heureux de se transformer en voyageurs sans bagages. Car enfin, jai
assisté à lOpéra à la création de Jeanne au Bûcher, des Indes Galantes; à des
reprises brillantes: la Tétralogie avec Knappertsbuch c’était éclatant; sous
Auric: Don Carlos, Turandot dont on a déclaré à l’étranger que c’était la plus
belle représentation quon en ait vue; Wozzek, admirablement dirigé par Boulez;
Il Prigioniero, de Dallapiccola.
Dans le domaine du ballet, pas besoin d’épiloguer, mais son apogée se
place en 1955-1956. Il ne faut pas oublier que nous avons clôturé le Festival de
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Salzburg avec un succès considérable. Et lOrchestre de lOpéra fut toujours
accueilli triomphalement à l’étranger!
Jai dirigé lOpéra-Comique pendant deux ans et demi. Après ma
nomination en 1949, sous ladministration de Georges Hirsch, Jacques Jaujard,
alors directeur général des Arts et Lettres, me dit:
Alors ? Cet Opéra-Comique ?
Je lui ai répondu:
C’est un théâtre dont on dit beaucoup de mal et dont il faut penser
beaucoup de bien.
Les compositeurs qui ont illustré lOpéra-Comique sont les plus nombreux
et ils sont les plus grands. C’est dans ce théâtre-là qu’à cette époque on jouait
Ibert, Poulenc, Milhaud. Jai vu travailler côte à côte Massine et Derain, réglant
des ballets, Gustave Charpentier et Utrillo pour le cinquantenaire de Louise.
Je ne crois pas qu’il y ait un désintérêt pour le théâtre lyrique chez les
jeunes compositeurs. Bien entendu, ce théâtre a ses règles, et lon voit, dans la
musique contemporaine, des orientations non-conformes à la pratique physique
du chant. Mais il ne faut pas se laisser aller au sectarisme esthétique, ni contre
le passé, ni contre le présent, ce qui compte, cest quon produit. Et le drame
lyrique est encore la meilleure forme artistique propre à amener le public le plus
large à la musique; je souhaiterais que laccès aux salles lyriques soit très
largement ouvert au peuple tout entier.
Jai gardé une admiration énorme pour Albert Doyen dont jai connu les
Fêtes du peuple. Jai vu son apostolat, alors, pour moi, cest ça la vie artistique,
cest lenthousiasme populaire.
LA JEUNE FRANCE
Le manifeste de la Jeune France, groupe de création formé en 1936 par quatre
jeunes compositeurs français, se donne pour une tâche urgente le renouveau de la
musique moderne, cest-à-dire sa haute vocation humaine, sa grande valeur
éthique, son contenu essentiellement humaniste, en un mot, la musique au service
des hommes. Y. Baudrier, O. Messiaen, D. Lesur et A. Jolivet ont fait la tentative
d’une «réhumanisatio de la musique, d’une continuité de lesthétique de
Debussy.
Une place de choix dans la musique française contemporaine est occupée
par O. Messiaen (1908) dont le prestige nest pas dû seulement à ses
compositions mais aussi à son talent d’organiste, d’improvisateur dorgue, ainsi
qu’à ses activités pédagogiques au Conservatoire de Paris. Son œuvre
magistrale Turangalîla Symphonie (1948) créée pour lorchestre de Boston
      On parle de théâtre total, c’est le théâtre lyrique, tout y est en jeu, du texte   Salzburg avec un succès considérable. Et l’Orchestre de l’Opéra fut toujours
à la musique en passant par la décoration et le ballet, le mouvement, le geste.          accueilli triomphalement à l’étranger!
On parle d’art populaire, mais s’il y a un art populaire, c’est celui, là ! Car les            J’ai dirigé l’Opéra-Comique pendant deux ans et demi. Après ma
gens venaient au théâtre lyrique pour ce qu’on y chantait, pour ce qu’on y               nomination en 1949, sous l’administration de Georges Hirsch, Jacques Jaujard,
retenait, et aussi pour l’histoire. C’est pour cela que je suis réservé quand on         alors directeur général des Arts et Lettres, me dit:
vante, sans aucune restriction, l’utilisation de la version originale. Le simple               – Alors ? Cet Opéra-Comique ?
public, simple dans ses aspirations et son comportement, se trouve écarté d’une                Je lui ai répondu:
satisfaction à laquelle il irait volontiers s’il comprenait tout.                              – C’est un théâtre dont on dit beaucoup de mal et dont il faut penser
      Le théâtre lyrique a toujours un public qui l’aime pour lui-même. Il y a un        beaucoup de bien.
danger, c’est le culte de la vedette: c’est une satisfaction; mais c’est un danger.            Les compositeurs qui ont illustré l’Opéra-Comique sont les plus nombreux
Le théâtre lyrique vit surtout par des équipes qui travaillent ensemble. On              et ils sont les plus grands. C’est dans ce théâtre-là qu’à cette époque on jouait
apprenait des rôles nouveaux, on changeait le répetoire. Tandis que maintenant,          Ibert, Poulenc, Milhaud. J’ai vu travailler côte à côte Massine et Derain, réglant
on descend du train, on répète un ouvrage qu’on sait, on le chante et l’on s’en          des ballets, Gustave Charpentier et Utrillo pour le cinquantenaire de Louise.
va. C’est brillant. Je ne suis pas sûr que ce soit la vie du théâtre lyrique. Comme            Je ne crois pas qu’il y ait un désintérêt pour le théâtre lyrique chez les
presque toujours dans la vie, il est probable que la vérité est au milieu, c’est-à-      jeunes compositeurs. Bien entendu, ce théâtre a ses règles, et l’on voit, dans la
dire que pour certains rôles il faut une vedette, – les rôles pleins d’éclats, mais      musique contemporaine, des orientations non-conformes à la pratique physique
pour l’ensemble de l’ouvrage il faut une équipe.                                         du chant. Mais il ne faut pas se laisser aller au sectarisme esthétique, ni contre
      Il ne faut jamais oublier que le vrai moteur du théâtre lyrique français,          le passé, ni contre le présent, ce qui compte, c’est qu’on produit. Et le drame
c’était l’Opéra-Comique. D’abord, c’est là, qu’était le grand répertoire français.       lyrique est encore la meilleure forme artistique propre à amener le public le plus
D’autre part, c’est là, que les jeunes compositeurs français faisaient leurs             large à la musique; je souhaiterais que l’accès aux salles lyriques soit très
premières armes. Aujourd’hui, le compositeur qui a une œuvre sur les bras, qui           largement ouvert au peuple tout entier.
veut la faire jouer, où va-t-il la porter ? Nulle part!                                        J’ai gardé une admiration énorme pour Albert Doyen dont j’ai connu les
      L’Opéra est un théâtre de consécration, il l’a toujours été. L’Opéra-Comique       Fêtes du peuple. J’ai vu son apostolat, alors, pour moi, c’est ça la vie artistique,
était un théâtre de création. La situation d’aujourd’hui est tragique: vous n’avez       c’est l’enthousiasme populaire.
pas de relève d’artistes lyriques, et vous n’aurez pas de relève de compositeurs si
ça continue. Les théâtres régionaux font des efforts extraordinaires; j’ai été joué à                                LA JEUNE FRANCE
Rouen, avec Antoine et Cléopâtre, dans des conditions magnifiques. Mais ces
théâtres donnent deux représentations, au mieux.                                              Le manifeste de la Jeune France, groupe de création formé en 1936 par quatre
      Je trouve très bien que des initiatives différentes ouvrent à la marche d’un       jeunes compositeurs français, se donne pour une tâche urgente le renouveau de la
théâtre des voies différentes. Ce que je ne comprends pas, c’est que des gens            musique moderne, c’est-à-dire sa haute vocation humaine, sa grande valeur
soient tout heureux de se transformer en voyageurs sans bagages. Car enfin, j’ai         éthique, son contenu essentiellement humaniste, en un mot, la musique au service
assisté à l’Opéra à la création de Jeanne au Bûcher, des Indes Galantes; à des           des hommes. Y. Baudrier, O. Messiaen, D. Lesur et A. Jolivet ont fait la tentative
reprises brillantes: la Tétralogie avec Knappertsbuch c’était éclatant; sous
                                                                                         d’une «réhumanisation» de la musique, d’une continuité de l’esthétique de
Auric: Don Carlos, Turandot dont on a déclaré à l’étranger que c’était la plus
                                                                                         Debussy.
belle représentation qu’on en ait vue; Wozzek, admirablement dirigé par Boulez;
                                                                                              Une place de choix dans la musique française contemporaine est occupée
Il Prigioniero, de Dallapiccola.
                                                                                         par O. Messiaen (1908) dont le prestige n’est pas dû seulement à ses
      Dans le domaine du ballet, pas besoin d’épiloguer, mais son apogée se
place en 1955-1956. Il ne faut pas oublier que nous avons clôturé le Festival de         compositions mais aussi à son talent d’organiste, d’improvisateur d’orgue, ainsi
                                                                                         qu’à ses activités pédagogiques au Conservatoire de Paris. Son œuvre
                                                                                         magistrale – Turangalîla – Symphonie (1948) créée pour l’orchestre de Boston
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