ВУЗ:
Составители:
Рубрика:
7
On parle de théâtre total, c’est le théâtre lyrique, tout y est en jeu, du texte
à la musique en passant par la décoration et le ballet, le mouvement, le geste.
On parle d’art populaire, mais s’il y a un art populaire, c’est celui, là ! Car les
gens venaient au théâtre lyrique pour ce qu’on y chantait, pour ce qu’on y
retenait, et aussi pour l’histoire. C’est pour cela que je suis réservé quand on
vante, sans aucune restriction, l’utilisation de la version originale. Le simple
public, simple dans ses aspirations et son comportement, se trouve écarté d’une
satisfaction à laquelle il irait volontiers s’il comprenait tout.
Le théâtre lyrique a toujours un public qui l’aime pour lui-même. Il y a un
danger, c’est le culte de la vedette: c’est une satisfaction; mais c’est un danger.
Le théâtre lyrique vit surtout par des équipes qui travaillent ensemble. On
apprenait des rôles nouveaux, on changeait le répetoire. Tandis que maintenant,
on descend du train, on répète un ouvrage qu’on sait, on le chante et l’on s’en
va. C’est brillant. Je ne suis pas sûr que ce soit la vie du théâtre lyrique. Comme
presque toujours dans la vie, il est probable que la vérité est au milieu, c’est-à-
dire que pour certains rôles il faut une vedette, – les rôles pleins d’éclats, mais
pour l’ensemble de l’ouvrage il faut une équipe.
Il ne faut jamais oublier que le vrai moteur du théâtre lyrique français,
c’était l’Opéra-Comique. D’abord, c’est là, qu’était le grand répertoire français.
D’autre part, c’est là, que les jeunes compositeurs français faisaient leurs
premières armes. Aujourd’hui, le compositeur qui a une œuvre sur les bras, qui
veut la faire jouer, où va-t-il la porter ? Nulle part!
L’Opéra est un théâtre de consécration, il l’a toujours été. L’Opéra-Comique
était un théâtre de création. La situation d’aujourd’hui est tragique: vous n’avez
pas de relève d’artistes lyriques, et vous n’aurez pas de relève de compositeurs si
ça continue. Les théâtres régionaux font des efforts extraordinaires; j’ai été joué à
Rouen, avec Antoine et Cléopâtre, dans des conditions magnifiques. Mais ces
théâtres donnent deux représentations, au mieux.
Je trouve très bien que des initiatives différentes ouvrent à la marche d’un
théâtre des voies différentes. Ce que je ne comprends pas, c’est que des gens
soient tout heureux de se transformer en voyageurs sans bagages. Car enfin, j’ai
assisté à l’Opéra à la création de Jeanne au Bûcher, des Indes Galantes; à des
reprises brillantes: la Tétralogie avec Knappertsbuch c’était éclatant; sous
Auric: Don Carlos, Turandot dont on a déclaré à l’étranger que c’était la plus
belle représentation qu’on en ait vue; Wozzek, admirablement dirigé par Boulez;
Il Prigioniero, de Dallapiccola.
Dans le domaine du ballet, pas besoin d’épiloguer, mais son apogée se
place en 1955-1956. Il ne faut pas oublier que nous avons clôturé le Festival de
8
Salzburg avec un succès considérable. Et l’Orchestre de l’Opéra fut toujours
accueilli triomphalement à l’étranger!
J’ai dirigé l’Opéra-Comique pendant deux ans et demi. Après ma
nomination en 1949, sous l’administration de Georges Hirsch, Jacques Jaujard,
alors directeur général des Arts et Lettres, me dit:
– Alors ? Cet Opéra-Comique ?
Je lui ai répondu:
– C’est un théâtre dont on dit beaucoup de mal et dont il faut penser
beaucoup de bien.
Les compositeurs qui ont illustré l’Opéra-Comique sont les plus nombreux
et ils sont les plus grands. C’est dans ce théâtre-là qu’à cette époque on jouait
Ibert, Poulenc, Milhaud. J’ai vu travailler côte à côte Massine et Derain, réglant
des ballets, Gustave Charpentier et Utrillo pour le cinquantenaire de Louise.
Je ne crois pas qu’il y ait un désintérêt pour le théâtre lyrique chez les
jeunes compositeurs. Bien entendu, ce théâtre a ses règles, et l’on voit, dans la
musique contemporaine, des orientations non-conformes à la pratique physique
du chant. Mais il ne faut pas se laisser aller au sectarisme esthétique, ni contre
le passé, ni contre le présent, ce qui compte, c’est qu’on produit. Et le drame
lyrique est encore la meilleure forme artistique propre à amener le public le plus
large à la musique; je souhaiterais que l’accès aux salles lyriques soit très
largement ouvert au peuple tout entier.
J’ai gardé une admiration énorme pour Albert Doyen dont j’ai connu les
Fêtes du peuple. J’ai vu son apostolat, alors, pour moi, c’est ça la vie artistique,
c’est l’enthousiasme populaire.
LA JEUNE FRANCE
Le manifeste de la Jeune France, groupe de création formé en 1936 par quatre
jeunes compositeurs français, se donne pour une tâche urgente le renouveau de la
musique moderne, c’est-à-dire sa haute vocation humaine, sa grande valeur
éthique, son contenu essentiellement humaniste, en un mot, la musique au service
des hommes. Y. Baudrier, O. Messiaen, D. Lesur et A. Jolivet ont fait la tentative
d’une «réhumanisation» de la musique, d’une continuité de l’esthétique de
Debussy.
Une place de choix dans la musique française contemporaine est occupée
par O. Messiaen (1908) dont le prestige n’est pas dû seulement à ses
compositions mais aussi à son talent d’organiste, d’improvisateur d’orgue, ainsi
qu’à ses activités pédagogiques au Conservatoire de Paris. Son œuvre
magistrale – Turangalîla – Symphonie (1948) créée pour l’orchestre de Boston
On parle de théâtre total, c’est le théâtre lyrique, tout y est en jeu, du texte Salzburg avec un succès considérable. Et l’Orchestre de l’Opéra fut toujours à la musique en passant par la décoration et le ballet, le mouvement, le geste. accueilli triomphalement à l’étranger! On parle d’art populaire, mais s’il y a un art populaire, c’est celui, là ! Car les J’ai dirigé l’Opéra-Comique pendant deux ans et demi. Après ma gens venaient au théâtre lyrique pour ce qu’on y chantait, pour ce qu’on y nomination en 1949, sous l’administration de Georges Hirsch, Jacques Jaujard, retenait, et aussi pour l’histoire. C’est pour cela que je suis réservé quand on alors directeur général des Arts et Lettres, me dit: vante, sans aucune restriction, l’utilisation de la version originale. Le simple – Alors ? Cet Opéra-Comique ? public, simple dans ses aspirations et son comportement, se trouve écarté d’une Je lui ai répondu: satisfaction à laquelle il irait volontiers s’il comprenait tout. – C’est un théâtre dont on dit beaucoup de mal et dont il faut penser Le théâtre lyrique a toujours un public qui l’aime pour lui-même. Il y a un beaucoup de bien. danger, c’est le culte de la vedette: c’est une satisfaction; mais c’est un danger. Les compositeurs qui ont illustré l’Opéra-Comique sont les plus nombreux Le théâtre lyrique vit surtout par des équipes qui travaillent ensemble. On et ils sont les plus grands. C’est dans ce théâtre-là qu’à cette époque on jouait apprenait des rôles nouveaux, on changeait le répetoire. Tandis que maintenant, Ibert, Poulenc, Milhaud. J’ai vu travailler côte à côte Massine et Derain, réglant on descend du train, on répète un ouvrage qu’on sait, on le chante et l’on s’en des ballets, Gustave Charpentier et Utrillo pour le cinquantenaire de Louise. va. C’est brillant. Je ne suis pas sûr que ce soit la vie du théâtre lyrique. Comme Je ne crois pas qu’il y ait un désintérêt pour le théâtre lyrique chez les presque toujours dans la vie, il est probable que la vérité est au milieu, c’est-à- jeunes compositeurs. Bien entendu, ce théâtre a ses règles, et l’on voit, dans la dire que pour certains rôles il faut une vedette, – les rôles pleins d’éclats, mais musique contemporaine, des orientations non-conformes à la pratique physique pour l’ensemble de l’ouvrage il faut une équipe. du chant. Mais il ne faut pas se laisser aller au sectarisme esthétique, ni contre Il ne faut jamais oublier que le vrai moteur du théâtre lyrique français, le passé, ni contre le présent, ce qui compte, c’est qu’on produit. Et le drame c’était l’Opéra-Comique. D’abord, c’est là, qu’était le grand répertoire français. lyrique est encore la meilleure forme artistique propre à amener le public le plus D’autre part, c’est là, que les jeunes compositeurs français faisaient leurs large à la musique; je souhaiterais que l’accès aux salles lyriques soit très premières armes. Aujourd’hui, le compositeur qui a une œuvre sur les bras, qui largement ouvert au peuple tout entier. veut la faire jouer, où va-t-il la porter ? Nulle part! J’ai gardé une admiration énorme pour Albert Doyen dont j’ai connu les L’Opéra est un théâtre de consécration, il l’a toujours été. L’Opéra-Comique Fêtes du peuple. J’ai vu son apostolat, alors, pour moi, c’est ça la vie artistique, était un théâtre de création. La situation d’aujourd’hui est tragique: vous n’avez c’est l’enthousiasme populaire. pas de relève d’artistes lyriques, et vous n’aurez pas de relève de compositeurs si ça continue. Les théâtres régionaux font des efforts extraordinaires; j’ai été joué à LA JEUNE FRANCE Rouen, avec Antoine et Cléopâtre, dans des conditions magnifiques. Mais ces théâtres donnent deux représentations, au mieux. Le manifeste de la Jeune France, groupe de création formé en 1936 par quatre Je trouve très bien que des initiatives différentes ouvrent à la marche d’un jeunes compositeurs français, se donne pour une tâche urgente le renouveau de la théâtre des voies différentes. Ce que je ne comprends pas, c’est que des gens musique moderne, c’est-à-dire sa haute vocation humaine, sa grande valeur soient tout heureux de se transformer en voyageurs sans bagages. Car enfin, j’ai éthique, son contenu essentiellement humaniste, en un mot, la musique au service assisté à l’Opéra à la création de Jeanne au Bûcher, des Indes Galantes; à des des hommes. Y. Baudrier, O. Messiaen, D. Lesur et A. Jolivet ont fait la tentative reprises brillantes: la Tétralogie avec Knappertsbuch c’était éclatant; sous d’une «réhumanisation» de la musique, d’une continuité de l’esthétique de Auric: Don Carlos, Turandot dont on a déclaré à l’étranger que c’était la plus Debussy. belle représentation qu’on en ait vue; Wozzek, admirablement dirigé par Boulez; Une place de choix dans la musique française contemporaine est occupée Il Prigioniero, de Dallapiccola. par O. Messiaen (1908) dont le prestige n’est pas dû seulement à ses Dans le domaine du ballet, pas besoin d’épiloguer, mais son apogée se place en 1955-1956. Il ne faut pas oublier que nous avons clôturé le Festival de compositions mais aussi à son talent d’organiste, d’improvisateur d’orgue, ainsi qu’à ses activités pédagogiques au Conservatoire de Paris. Son œuvre magistrale – Turangalîla – Symphonie (1948) créée pour l’orchestre de Boston 7 8
Страницы
- « первая
- ‹ предыдущая
- …
- 2
- 3
- 4
- 5
- 6
- …
- следующая ›
- последняя »