Образование во Франции: лингвокультурные аспекты. Макарова Л.С - 52 стр.

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pacifiquement ses différends avec l'institution scolaire, toutes se plaignent
de ne pas être suffisamment «accueillies» et «écoutées». L'image du
parent docile, tenu en respect hors des murs de l'école par les hussards de
Jules Ferry, a fait son temps. Non seulement les familles refusent
désormais de céder toutes leurs prérogatives à l'Etat en matière
d'instruction, mais elles réclament des comptes aux professionnels de
l'éducation. La rébellion monte, attisée par la crainte du chômage, la
dévalorisation des diplômes et les ratés de l'ascenseur social que l'école de
la République était censée activer. La plupart des parents sont désormais
suffisamment instruits pour apprécier la valeur de l'enseignement et en
dénoncer les limites. «Je n'ai jamais reçu autant de courrier de doléances
contre des professeurs», témoigne Gilbert Longhi, proviseur au lycée
Jean-Lurçat, à Paris. Des «râleurs» qui contestent les notes, frappent aux
portes des rectorats, pétitionnent pour exiger le départ d'un enseignant ou
manifestent contre la fermeture d'une classe. Certains dérapent. A Beure,
une petite ville du Doubs, sept parents ont réclamé avant Noël à
l'inspection académique et à la mairie le renvoi de l'école d'un garçon de 6
ans, enfant de la Ddass, auquel ils reprochaient de jouer «trop
bruyamment aux petites voitures ». La pétition spécifiait : «Nos enfants
souhaitent sa mort.»
«Les familles considèrent l'école comme un service public, explique
Gilbert Longhi. En tant qu'usagers, elles exigent du système scolaire
transparence et rentabilité, ce qui est légitime.» Légitime, mais
parfaitement étranger à la culture du corps enseignant, encore très
imprégnée de l'héritage de Jules Ferry. «De nombreux professeurs
estiment qu'ils ont reçu l'onction du savoir et qu'ils n'ont pas à se
comporter en prestataires de services», souligne l'inspecteur général
Georges Fotinos, chargé de mission auprès de la Délégation
interministérielle à la famille. Le modèle de cogestion à l'américaine,
parents et éducateurs élaborent conjointement les programmes et la
pédagogie, fait toujours hurler le corps enseignant français. «Nous ne
voulons pas la place des professeurs, se défend Marie-Carmen Dupuy,
secrétaire générale de la fédération des Parents d'élèves de l'enseignement
public (Peep). Mais il est anormal que nous ayons à peine le droit de
demander en conseil de classe ce qui est prévu pour améliorer
l'enseignement des langues, par exemple, alors que nos compétences et
notre regard extérieur pourraient être utiles.»
Faute d'explication, l'école demeure une boîte noire pour de nombreux
parents. « Décrocher un rendez-vous est une gageure! renchérit Marie-
Carmen Dupuy. Il faut écrire pour obtenir quelque chose et, si l'on insiste
trop, on trouve porte close!» Il y a deux ans, le fils aîné de Véronique
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pacifiquement ses différends avec l'institution scolaire, toutes se plaignent
de ne pas être suffisamment «accueillies» et «écoutées». L'image du
parent docile, tenu en respect hors des murs de l'école par les hussards de
Jules Ferry, a fait son temps. Non seulement les familles refusent
désormais de céder toutes leurs prérogatives à l'Etat en matière
d'instruction, mais elles réclament des comptes aux professionnels de
l'éducation. La rébellion monte, attisée par la crainte du chômage, la
dévalorisation des diplômes et les ratés de l'ascenseur social que l'école de
la République était censée activer. La plupart des parents sont désormais
suffisamment instruits pour apprécier la valeur de l'enseignement et en
dénoncer les limites. «Je n'ai jamais reçu autant de courrier de doléances
contre des professeurs», témoigne Gilbert Longhi, proviseur au lycée
Jean-Lurçat, à Paris. Des «râleurs» qui contestent les notes, frappent aux
portes des rectorats, pétitionnent pour exiger le départ d'un enseignant ou
manifestent contre la fermeture d'une classe. Certains dérapent. A Beure,
une petite ville du Doubs, sept parents ont réclamé avant Noël à
l'inspection académique et à la mairie le renvoi de l'école d'un garçon de 6
ans, enfant de la Ddass, auquel ils reprochaient de jouer «trop
bruyamment aux petites voitures ». La pétition spécifiait : «Nos enfants
souhaitent sa mort.»
«Les familles considèrent l'école comme un service public, explique
Gilbert Longhi. En tant qu'usagers, elles exigent du système scolaire
transparence et rentabilité, ce qui est légitime.» Légitime, mais
parfaitement étranger à la culture du corps enseignant, encore très
imprégnée de l'héritage de Jules Ferry. «De nombreux professeurs
estiment qu'ils ont reçu l'onction du savoir et qu'ils n'ont pas à se
comporter en prestataires de services», souligne l'inspecteur général
Georges Fotinos, chargé de mission auprès de la Délégation
interministérielle à la famille. Le modèle de cogestion à l'américaine, où
parents et éducateurs élaborent conjointement les programmes et la
pédagogie, fait toujours hurler le corps enseignant français. «Nous ne
voulons pas la place des professeurs, se défend Marie-Carmen Dupuy,
secrétaire générale de la fédération des Parents d'élèves de l'enseignement
public (Peep). Mais il est anormal que nous ayons à peine le droit de
demander en conseil de classe ce qui est prévu pour améliorer
l'enseignement des langues, par exemple, alors que nos compétences et
notre regard extérieur pourraient être utiles.»
Faute d'explication, l'école demeure une boîte noire pour de nombreux
parents. « Décrocher un rendez-vous est une gageure! renchérit Marie-
Carmen Dupuy. Il faut écrire pour obtenir quelque chose et, si l'on insiste
trop, on trouve porte close!» Il y a deux ans, le fils aîné de Véronique
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