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… родители так пассивны.
Texte 5 :Violence à l’école
« Ceux qui perscécutent les bons élèves sont des nazillons »
Pour le philosophe, la «confiture psychologique» dont on a barbouillé
l'école a mis fin à la parole professorale et a ouvert la porte aux incivilités.
Entretien.
L’EdJ: Une série de faits divers violents montrent que l’école n’est
plus un sanctuaire, qu'elle est devenue un symbole auquel s’attaquent
les jeunes révoltés des quartiers difficiles. En tant qu’intellectuel et
enseignant, quelles réflexions cela vous inspire-t-il?
Alain Finkielkraut: Comme je suis un intellectuel et que je réfléchis au
problème de l’école, vous me demandez d’interpréter ces événements.
Mais, avant l’interprétation il y a l’émotion. Avant le déchiffrement il y a
le bouleversement. Avant l’intelligence, il y a le sens moral et le sens
commun. Le divorce de l’intelligence et du sens commun, c’est toute la
tragédie des intellectuels au XX
e
siècle. Face aux formes prises
aujourd'hui par la violence dans l’école, je ne suis pas d'abord intelligent,
je suis épouvanté. Et ma première idée sur la question naît de l'épouvante:
jamais la révolte n'était tombée si bas. Sa cible, ce n'est plus la police, ce
n’est plus l’usine, ce n’est plus la richesse, c'est l'école. Un jeune à
Montauban est tué par le propriétaire d’une maison dans laquelle il était
entré par effraction. Ses copains des cités expriment leur indignation en
allant incendier une école maternelle. Révoltante révolte. On n'a pas
toujours raison de se révolter. L'histoire contemporaine nous confronte à
des révoltes bien plus atroces que le système qu'elles dénoncent.
Au-delà de cette réaction émotive, qu'est-ce que le philosophe a à en
dire?
Cette réaction émotive, comme vous dites, me libère de Rousseau. L'affect
me délivre paradoxalement du sentimentalisme. Longtemps, j'ai été
rousseauiste. Et le rousseauisme domine aujourd'hui encore le monde
cultivé. Avant Rousseau, le mal était une réalité humaine; avec Rousseau,
le mal est devenu un problème exclusivement historique et social.
L'homme est bon. la société est mauvaise. La société est donc seule
coupable du mal que l'homme commet. La violence scolaire, dans cette
perspective, ne peut être qu'un symptôme ou un acte de rébellion.
Ce rousseauisme généralisé connaît-il des exceptions ?
Une seule: le militant ou même le sympathisant du Front national. Pas de
pitié pour le petit Blanc. Ce «salaud» ne bénéficie pas davantage de
l'investiture de la contre-violence que du mécanisme absolutoire de la
causalité économique. Le social aujourd'hui est sociologue, sauf pour les
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… родители так пассивны. Texte 5 :Violence à l’école « Ceux qui perscécutent les bons élèves sont des nazillons » Pour le philosophe, la «confiture psychologique» dont on a barbouillé l'école a mis fin à la parole professorale et a ouvert la porte aux incivilités. Entretien. L’EdJ: Une série de faits divers violents montrent que l’école n’est plus un sanctuaire, qu'elle est devenue un symbole auquel s’attaquent les jeunes révoltés des quartiers difficiles. En tant qu’intellectuel et enseignant, quelles réflexions cela vous inspire-t-il? Alain Finkielkraut: Comme je suis un intellectuel et que je réfléchis au problème de l’école, vous me demandez d’interpréter ces événements. Mais, avant l’interprétation il y a l’émotion. Avant le déchiffrement il y a le bouleversement. Avant l’intelligence, il y a le sens moral et le sens commun. Le divorce de l’intelligence et du sens commun, c’est toute la tragédie des intellectuels au XXe siècle. Face aux formes prises aujourd'hui par la violence dans l’école, je ne suis pas d'abord intelligent, je suis épouvanté. Et ma première idée sur la question naît de l'épouvante: jamais la révolte n'était tombée si bas. Sa cible, ce n'est plus la police, ce n’est plus l’usine, ce n’est plus la richesse, c'est l'école. Un jeune à Montauban est tué par le propriétaire d’une maison dans laquelle il était entré par effraction. Ses copains des cités expriment leur indignation en allant incendier une école maternelle. Révoltante révolte. On n'a pas toujours raison de se révolter. L'histoire contemporaine nous confronte à des révoltes bien plus atroces que le système qu'elles dénoncent. Au-delà de cette réaction émotive, qu'est-ce que le philosophe a à en dire? Cette réaction émotive, comme vous dites, me libère de Rousseau. L'affect me délivre paradoxalement du sentimentalisme. Longtemps, j'ai été rousseauiste. Et le rousseauisme domine aujourd'hui encore le monde cultivé. Avant Rousseau, le mal était une réalité humaine; avec Rousseau, le mal est devenu un problème exclusivement historique et social. L'homme est bon. la société est mauvaise. La société est donc seule coupable du mal que l'homme commet. La violence scolaire, dans cette perspective, ne peut être qu'un symptôme ou un acte de rébellion. Ce rousseauisme généralisé connaît-il des exceptions ? Une seule: le militant ou même le sympathisant du Front national. Pas de pitié pour le petit Blanc. Ce «salaud» ne bénéficie pas davantage de l'investiture de la contre-violence que du mécanisme absolutoire de la causalité économique. Le social aujourd'hui est sociologue, sauf pour les 55
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