Образование во Франции: лингвокультурные аспекты. Макарова Л.С - 56 стр.

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«fachos». Ceux-là ne sont acquittés ni de leur pensée, ni de leurs paroles,
ni de leurs crimes. Or il n’en a pas toujours été ainsi. En 1930, le fascisme
avait le visage de la jeunesse et les nazis venaient de faire une percée
spectaculaire au Reichstag. Le grand Stefan Zweig se penchait sur le
phénomène avec toute la compréhension dont il était capable. Et,
surmontant son allergie spontanée, il en est venu à approuver cette révolte
des jeunes contre la lenteur de la classe politique traditionnelle. Klaus
Mann, qui était à lpoque un jeune homme, lui a répondu: «La
psychologie permet de tout comprendre, même les coups de matraque.
Mais cette psychologie-là, je ne veux pas la pratiquer. Je refuse de
comprendre ces gens-là. Je les rejette.» Va-t-on regarder aujourd'hui le
racket, le vandalisme, les coups de latte et les agressions à l'école avec les
yeux de Stefan Zweig ou avec les yeux de Klaus Mann ? C'est toute la
question. A force de voir dans cette violence un effet de l'exclusion ou un
refus du système, on risque de perdre toute sensibilité à ce qui mérite
qu'on lui dise, une fois pour toutes : non.
Il n’est pas interdit de chercher à comprendre...
Mais il devrait être interdit de dissoudre les principes dans la
compréhension. Et nous devons tenir compte de cette donnée nouvelle: ce
n'est pas seulement la société qui est aujourd'hui son propre sociologue, ce
sont les jeunes délinquants eux-mêmes qui se présentent comme des
victimes de l'exclusion, de la précarité, du chômage, qui rejettent sur la
société les violences qu'ils sont amenés à commettre. S'ils ne travaillent
pas à l'école, c'est parce qu'ils n'ont aucune perspective d'emploi. S'ils
volent, c'est parce qu'ils sont les laissés-pour-compte de la nouvelle
économie. Bref, leurs actes ne leur sont jamais imputables. Il y a du vrai
dans ce sociologisme sauvage: nous habitons une société de plus en plus
inégalitaire; l'âge d'or de la social-démocratie est peut-être derrière nous;
nous voyons se défaire le rêve de l'apaisement de la lune des classes dans
une classe moyenne universelle. Toute politique digne de ce nom se doit
de contrecarrer un tel processus. Mais ce processus lui-même ne justifie
en rien la violence actuelle. Après tout, les déportés de Theresienstadt
avaient mis en place un réseau d’enseignement clandestin.
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«fachos». Ceux-là ne sont acquittés ni de leur pensée, ni de leurs paroles,
ni de leurs crimes. Or il n’en a pas toujours été ainsi. En 1930, le fascisme
avait le visage de la jeunesse et les nazis venaient de faire une percée
spectaculaire au Reichstag. Le grand Stefan Zweig se penchait sur le
phénomène avec toute la compréhension dont il était capable. Et,
surmontant son allergie spontanée, il en est venu à approuver cette révolte
des jeunes contre la lenteur de la classe politique traditionnelle. Klaus
Mann, qui était à l'époque un jeune homme, lui a répondu: «La
psychologie permet de tout comprendre, même les coups de matraque.
Mais cette psychologie-là, je ne veux pas la pratiquer. Je refuse de
comprendre ces gens-là. Je les rejette.» Va-t-on regarder aujourd'hui le
racket, le vandalisme, les coups de latte et les agressions à l'école avec les
yeux de Stefan Zweig ou avec les yeux de Klaus Mann ? C'est toute la
question. A force de voir dans cette violence un effet de l'exclusion ou un
refus du système, on risque de perdre toute sensibilité à ce qui mérite
qu'on lui dise, une fois pour toutes : non.
Il n’est pas interdit de chercher à comprendre...
Mais il devrait être interdit de dissoudre les principes dans la
compréhension. Et nous devons tenir compte de cette donnée nouvelle: ce
n'est pas seulement la société qui est aujourd'hui son propre sociologue, ce
sont les jeunes délinquants eux-mêmes qui se présentent comme des
victimes de l'exclusion, de la précarité, du chômage, qui rejettent sur la
société les violences qu'ils sont amenés à commettre. S'ils ne travaillent
pas à l'école, c'est parce qu'ils n'ont aucune perspective d'emploi. S'ils
volent, c'est parce qu'ils sont les laissés-pour-compte de la nouvelle
économie. Bref, leurs actes ne leur sont jamais imputables. Il y a du vrai
dans ce sociologisme sauvage: nous habitons une société de plus en plus
inégalitaire; l'âge d'or de la social-démocratie est peut-être derrière nous;
nous voyons se défaire le rêve de l'apaisement de la lune des classes dans
une classe moyenne universelle. Toute politique digne de ce nom se doit
de contrecarrer un tel processus. Mais ce processus lui-même ne justifie
en rien la violence actuelle. Après tout, les déportés de Theresienstadt
avaient mis en place un réseau d’enseignement clandestin.




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