Образование во Франции: лингвокультурные аспекты. Макарова Л.С - 8 стр.

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service) qui la seconde. A 9 h 15 ce matin là, la dernière maman s'en va,
déçue de n'avoir pu embrasser une dernière fois sa fillette. Mais la petite
Patricia, vingt sept mois, est pressée. Elle a déjà rejoint en courant le
toboggan qui se trouve dans un coin de la classe, pendant que Fatou jette à
terre les morceaux d'un puzzle et qu’à deux pas, plus calme, Cyril prépare
«un café dînette» pour sa maîtresse. Chacun a choisi un atelier. Narthana,
elle, transvase inlassablement des graines, en s'appliquant pour ne pas en
perdre.
L'école Robespierre de Bobigny (Seine-Saint Denis) scolarise depuis huit
années des tout-petits. En 1997 elle a obtenu une classe supplémentaire
pour les deux ans. Ici, pas de sacro-sainte rentrée obligatoire en
septembre. On arrive jusqu’en mars, dès qu'on est prêt, même avec sa
couche et son doudou. «Inutile d’en faire toute une histoire, à cet âge-là
la propreté s’acquiert rapidement au contact des camarades»,
dédramatise Laurence. Volonté politique d'une équipe qui surcharge un
peu ses sept autres classes pour proposer cet accueil, et répondre ainsi aux
besoins culturels d'un quartier pudiquement qualifié de «difficile». Au fil
des mois, ils glissent dans les classes de petite section, libérant ainsi des
places pour d'autres.
«Ici, huit des dix-huit petits ne parlent pas le français à la maison. Et
pour beaucoup d’autres, la langue du domicile est le français, certes,
mais revisité et assez éloigné des exigences de l’école», note Véronique
Decker, la directrice. Cette militante pour l'égalité des chances a d'emblée
parié sur le développement de la scolarisation précoce. Par intuition. « Au
début on a bricolé. Doucement, pour ne pas faire d’erreur. On a
beaucoup travaillé en équipe. On a essayé d’inventer une dagogie en
adequation avec cet âge. Faire avec ces petits enfants la même chose
qu’avec les trois ans serait aussi aberrant qu’enseigner un programme de
4e à des CM1...» analyse la directrice. «Hors de question de les brusquer,
ce n’est pas le but. Chacun travaille à son rythme. Une de mes élevès a
mis cinq mois avant de toucher la peinture... tandis qu’une autre petite
fille de 26 mois manipule très bien les ciseaux. Pour le respect des règles,
idem. Elles sont édictées pour tous, mais je ne peux pas attendre la même
chose de Fatou ou de Selim», ajoute Laurence. Sans entrer sur le difficile
terrain des comparaisons, l'école Robespierre propose vraiment une offre
différente de la crèche car elle cible sur la suite de la scolarité. «Les
grands frères et les grandes sœurs de nos tout-petits sont passés par
notre école. Je les connais. J’ai vu leurs difficultés et peux vous assurer
qu’il faudra bien quatre années à la petite Fatou pour devenir une
élevé...», lance, affirmative, Véronique Decker. La classe de Laurence se
fixe donc trois objectifs. « Il nous faut d’abord réussir la séparation
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service) qui la seconde. A 9 h 15 ce matin là, la dernière maman s'en va,
déçue de n'avoir pu embrasser une dernière fois sa fillette. Mais la petite
Patricia, vingt sept mois, est pressée. Elle a déjà rejoint en courant le
toboggan qui se trouve dans un coin de la classe, pendant que Fatou jette à
terre les morceaux d'un puzzle et qu’à deux pas, plus calme, Cyril prépare
«un café dînette» pour sa maîtresse. Chacun a choisi un atelier. Narthana,
elle, transvase inlassablement des graines, en s'appliquant pour ne pas en
perdre.
L'école Robespierre de Bobigny (Seine-Saint Denis) scolarise depuis huit
années des tout-petits. En 1997 elle a obtenu une classe supplémentaire
pour les deux ans. Ici, pas de sacro-sainte rentrée obligatoire en
septembre. On arrive jusqu’en mars, dès qu'on est prêt, même avec sa
couche et son doudou. «Inutile d’en faire toute une histoire, à cet âge-là
la propreté s’acquiert rapidement au contact des camarades»,
dédramatise Laurence. Volonté politique d'une équipe qui surcharge un
peu ses sept autres classes pour proposer cet accueil, et répondre ainsi aux
besoins culturels d'un quartier pudiquement qualifié de «difficile». Au fil
des mois, ils glissent dans les classes de petite section, libérant ainsi des
places pour d'autres.
«Ici, huit des dix-huit petits ne parlent pas le français à la maison. Et
pour beaucoup d’autres, la langue du domicile est le français, certes,
mais revisité et assez éloigné des exigences de l’école», note Véronique
Decker, la directrice. Cette militante pour l'égalité des chances a d'emblée
parié sur le développement de la scolarisation précoce. Par intuition. « Au
début on a bricolé. Doucement, pour ne pas faire d’erreur. On a
beaucoup travaillé en équipe. On a essayé d’inventer une pédagogie en
adequation avec cet âge. Faire avec ces petits enfants la même chose
qu’avec les trois ans serait aussi aberrant qu’enseigner un programme de
4e à des CM1...» analyse la directrice. «Hors de question de les brusquer,
ce n’est pas le but. Chacun travaille à son rythme. Une de mes élevès a
mis cinq mois avant de toucher la peinture... tandis qu’une autre petite
fille de 26 mois manipule très bien les ciseaux. Pour le respect des règles,
idem. Elles sont édictées pour tous, mais je ne peux pas attendre la même
chose de Fatou ou de Selim», ajoute Laurence. Sans entrer sur le difficile
terrain des comparaisons, l'école Robespierre propose vraiment une offre
différente de la crèche car elle cible sur la suite de la scolarité. «Les
grands frères et les grandes sœurs de nos tout-petits sont passés par
notre école. Je les connais. J’ai vu leurs difficultés et peux vous assurer
qu’il faudra bien quatre années à la petite Fatou pour devenir une
élevé...», lance, affirmative, Véronique Decker. La classe de Laurence se
fixe donc trois objectifs. « Il nous faut d’abord réussir la séparation
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