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un à deux ans à une crise sévère ”. Depuis plusieurs mois déjà, les investisseurs
étrangers se montrent nettement réservés. La “ transition” tchèque, longtemps
vantée est 1’œuvre de Vaclav Klaus, le Premier ministre, qui fait une confiance
aveugle à la “main invisible ” du marché et qui est volontiers méprisant avec les
déviants. Sous son impulsion, la République tchèque a été 1’une des
ex-“démocraties populaires” à entrer rapidement dans 1’économie de marché. La
couronne est très vite devenue convertible, bien des contrôles ont été supprimés
et la privatisation, par une généreuse distribution de coupons dans la population,
menée tambour battant.
Ce passage du publique au privé n’a pourtant été qu'un leurre. Les
coupons ont été confiés à des fonds d’investissement incapables d’exercer leur
métier d’actionnaires professionnels. Sur le terrain, les restructurations n’ont pas
été faites, les nouveaux actionnaires n'ont rien changé à la vie des grandes
entreprises, largement improductives et dotées de sureffectifs. Voila qui explique
que le taux de chômage (4 %) soit resté faible, alors que dans tous les pays de
l'Est il a décollé. À eux seuls, le “boom ” du tourisme – Prague attire des
visiteurs du monde entier – et les délocalisations des PME bavaroises ne peuvent
expliquer cette performance. Peu de grandes industries en fait ont eu la chance,
comme le fabricant d'automobiles Skoda, d'être reprises par un actionnaire aussi
rigoureux que Volkswagen, qui a mis la firme aux normes européennes.
Le leurre des privatisations tient aussi au fait que ses acteurs, les fonds
d'in-vestissement, sont restés prisonniers des banques, qui, elles pour les plus
importantes, sont toujours publiques et ont conservé les pratiques d'antan.
L’absence quasi totale de garde-fous sur ces nouveaux marchés - y compris à la
Bourse - a permis à nombre d'aigrefins et de spéculateurs de se glisser au cœur
de 1 économie tchèque.
Les escroqueries financières en tout genre qui ont fait tomber nombre de
dirigeants sont devenues une spécialité de la République tchèque accusée par
ailleurs de servir de plaque tournante au blanchiment de l’argent des mafias...
“ Qui aurait dit que le moteur de l'économie tchèque était aussi faible ?
Depuis la “révolution de velours ”, les principaux clignotants (croissance,
budget, endettement public, inflation) émettaient des signaux rassurants. Et cela
reste encore le cas, sauf sur un point : le commerce extérieur a viré au rouge vif.
Les Tchèques dont le pouvoir d’achat augmente vite, consomment de plus en
plus de produits étrangers, alors que leurs exportations patinent, faute
d’industries performantes. Vaclav Klaus, attaché à la valeur de sa monnaie, qui
pour lui est l’alpha et l’oméga d'une gestion saine a dû accepter de la laisser
flotter. “Les Tchèques, conclut Jérôme Sgard, vont découvrir l'austérité, car
toute dévaluation, pour réussir, s’accompagne de mesures de rigueur”.
(Le Monde, 1998)
un à deux ans à une crise sévère ”. Depuis plusieurs mois déjà, les investisseurs étrangers se montrent nettement réservés. La “ transition” tchèque, longtemps vantée est 1’œuvre de Vaclav Klaus, le Premier ministre, qui fait une confiance aveugle à la “main invisible ” du marché et qui est volontiers méprisant avec les déviants. Sous son impulsion, la République tchèque a été 1’une des ex-“démocraties populaires” à entrer rapidement dans 1’économie de marché. La couronne est très vite devenue convertible, bien des contrôles ont été supprimés et la privatisation, par une généreuse distribution de coupons dans la population, menée tambour battant. Ce passage du publique au privé n’a pourtant été qu'un leurre. Les coupons ont été confiés à des fonds d’investissement incapables d’exercer leur métier d’actionnaires professionnels. Sur le terrain, les restructurations n’ont pas été faites, les nouveaux actionnaires n'ont rien changé à la vie des grandes entreprises, largement improductives et dotées de sureffectifs. Voila qui explique que le taux de chômage (4 %) soit resté faible, alors que dans tous les pays de l'Est il a décollé. À eux seuls, le “boom ” du tourisme – Prague attire des visiteurs du monde entier – et les délocalisations des PME bavaroises ne peuvent expliquer cette performance. Peu de grandes industries en fait ont eu la chance, comme le fabricant d'automobiles Skoda, d'être reprises par un actionnaire aussi rigoureux que Volkswagen, qui a mis la firme aux normes européennes. Le leurre des privatisations tient aussi au fait que ses acteurs, les fonds d'in-vestissement, sont restés prisonniers des banques, qui, elles pour les plus importantes, sont toujours publiques et ont conservé les pratiques d'antan. L’absence quasi totale de garde-fous sur ces nouveaux marchés - y compris à la Bourse - a permis à nombre d'aigrefins et de spéculateurs de se glisser au cœur de 1 économie tchèque. Les escroqueries financières en tout genre qui ont fait tomber nombre de dirigeants sont devenues une spécialité de la République tchèque accusée par ailleurs de servir de plaque tournante au blanchiment de l’argent des mafias... “ Qui aurait dit que le moteur de l'économie tchèque était aussi faible ? Depuis la “révolution de velours ”, les principaux clignotants (croissance, budget, endettement public, inflation) émettaient des signaux rassurants. Et cela reste encore le cas, sauf sur un point : le commerce extérieur a viré au rouge vif. Les Tchèques dont le pouvoir d’achat augmente vite, consomment de plus en plus de produits étrangers, alors que leurs exportations patinent, faute d’industries performantes. Vaclav Klaus, attaché à la valeur de sa monnaie, qui pour lui est l’alpha et l’oméga d'une gestion saine a dû accepter de la laisser flotter. “Les Tchèques, conclut Jérôme Sgard, vont découvrir l'austérité, car toute dévaluation, pour réussir, s’accompagne de mesures de rigueur”. (Le Monde, 1998)
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