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19
En janvier 1931 à Moscou ont été organisés trois concerts symphoniques
par Coates. Le clou du programme était les Cloches de Rachmaninov présentées
avec un brio extraordinaire par le chœur et l’orchestre du Bolchoï avec en solo
Néjdanova et Pétrov. Il y eut des personnes pour considérer ces concerts
comme une provocation déclarée. Il y eut toute une série de résolutions dont le
sens résumait par le mot destructeur «boycotte». Rachmaninov demeura
impassible comme à l’ordinaire. Le chemin de la patrie était à tout jamais fermé
pour lui et pour sa musique.
Cette année Rachmaninov composa Variation sur un thème de Carelli qui a
été interprétée au mois de novembre. Yassert, un critique et théoricien bien
connu, put déclarer que cette nouvelle œuvre occupera l’une des plus grandes
places en matière de variations.
L’apogée de la saison fut un concert à Chicago. Il y avait au programme
l’Ile des morts, les Etudes-Tableaux, le Troisième concerto. «Jamais, – écrivit
un critique, – je n’ai vu un tel enthousiasme ni à un concert de musique
symphonique, ni pour la musique de chambre, ni à l’opéra. Toute la salle se
leva d’un même élan. Et on resta debout après que l’orchestre eut sonné ses
fanfares et après que Rachmaninov eut ramené sur le bord de la scène le chef
d’orchestre Stokovski».
1933. Ce fut vraiment un mauvais moment qu’arriva son soixantième
anniversaire. On avait decidé d’organiser de grandes festivités. Mais
l’administration des concerts s’y opposa sans qu’on ne sût pourquoi. On se
contenta d’offrir au compositeur une couronne de lauriers après un concert et un
déjeuner amical dans un restaurant très modeste.
La villa des Rachmaninov en Suisse qui avait le nom Sénar (Serguéï et
Nathalia Rachmaninov) fut prête. Et la joie vint recompenser le compositeur de
longues années de lutte et de travail. Il entendait résonner à ses oreilles les
pages d’une partition qu’il n’avait pas encore écrite. Sénar lui semblait le coin
le plus paisible sur terre.
Mais le ciel de l’Europe avait cessé d’être sans nuages. Un certain Hitler
avait fait son apparition. En 1934 Rachmaninov reçut deux lettres de Russie
dont les auteurs parlaient des œuvres de Rachmaninov qui étaient de nouveau
présentées sur la scène soviétique (Trois chansons russes) et qui avaient un
grand succès.
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La troisième symphonie
Au cours de l’été de 1934 Rachmaninov composa en sept semaines l’une
de ses œuvres les plus brillantes la Rhapsodic pour piano et orchestre sur un
thème pour violon de Niccolo Paganini. Ce thème avait été déjà utilisé par Liszt
et Brahms. Mais Rachmaninov travailla ce thème sous la forme d’un grand
cycle de variations. Sa musique dessine la tragédie d’une personnalité artistique
pleine de richesse chez qui une force mauvaise irréductible s’oppose au désir de
beauté et de liberté qui est le sien.
Peu après la première de la Rhapsodie le Monthly Musical Record en date
du mois de novembre 1934 publia une des rares interviews accordée par
Rachmaninov «Un compositeur qui est aussi un interprète». Rachmaninov
n’admet pas qu’un compositeur est toujours le meilleur interprète de ses propres
œuvres. Le compositeur n’est pas toujours le chef d’orchestre, interprète idéal de
ses propres œuvres. Il faut avoir le don de l’imagination, la capacité de se
présenter les choses avec une force telle que naisse dans la conscience un tableau
très net de l’œuvre. «Personnalement je trouve qu’il est impossible d’avoir une
double vie. Si je joue, je ne puis composer, Si je compose, je ne veux pas jouer...
Lorsque je suis parti de Russie j’ai perdu le désir de composer. En perdant ma
patrie, je me suis perdu moi-même. Un exilé qui est dépourvu de racines
musicales, de traditions de son sol natal n’a plus le désir de créer, il n’a plus
d’autre consolation que le silence infini des souvenirs que rien ne vient troubler».
Dix ans séparaient la Deuxième symphonie de la Première et il y avait
presque 30 ans entre la Troisième et la Deuxième. En août 1935 la première et
la deuxième parties de la symphonie étaient plus ou moins terminées. Ce devait
être une œuvre en trois parties.
Au mois d’octobre commença le dix-huitième voyage du musicien russe
dans les pays du nord-est de l’Europe. La tournée de Rachmaninov en Europe
qui devait durer de janvier à mars 1936 passait pour la première fois par
Varsovie. Ce voyage à proximité de la frontière russe émouvait profondément
le musicien. Au printemps 1936, dans une lettre adressée à Vladimir Wilschaw
en parlant de son répertoire il avouait qu’il n’aimait pas jouer ses propres
œuvres. Il se contentait d’inscrire au programme «deux ou trois choses
simplement pour faire semblant. Ses programmes préférés étaient Chopin,
Liszt, puis Bach, Beethoven, Schubert. Je ne joue pas les modernistes. Cela me
dépasse» – dit-il. Pour lui le meilleur violoniste était Fritz Kreizler, le meilleur
pianiste Josef Hofmann, le meilleur chef d’orchestre Arturo Toscanini et le
meilleur orchestre celui de Philadelphie.
En janvier 1931 à Moscou ont été organisés trois concerts symphoniques La troisième symphonie par Coates. Le clou du programme était les Cloches de Rachmaninov présentées avec un brio extraordinaire par le chœur et l’orchestre du Bolchoï avec en solo Au cours de l’été de 1934 Rachmaninov composa en sept semaines l’une Néjdanova et Pétrov. Il y eut des personnes pour considérer ces concerts de ses œuvres les plus brillantes la Rhapsodic pour piano et orchestre sur un comme une provocation déclarée. Il y eut toute une série de résolutions dont le thème pour violon de Niccolo Paganini. Ce thème avait été déjà utilisé par Liszt sens résumait par le mot destructeur «boycotte». Rachmaninov demeura et Brahms. Mais Rachmaninov travailla ce thème sous la forme d’un grand impassible comme à l’ordinaire. Le chemin de la patrie était à tout jamais fermé cycle de variations. Sa musique dessine la tragédie d’une personnalité artistique pour lui et pour sa musique. pleine de richesse chez qui une force mauvaise irréductible s’oppose au désir de Cette année Rachmaninov composa Variation sur un thème de Carelli qui a beauté et de liberté qui est le sien. été interprétée au mois de novembre. Yassert, un critique et théoricien bien Peu après la première de la Rhapsodie le Monthly Musical Record en date connu, put déclarer que cette nouvelle œuvre occupera l’une des plus grandes du mois de novembre 1934 publia une des rares interviews accordée par places en matière de variations. Rachmaninov «Un compositeur qui est aussi un interprète». Rachmaninov L’apogée de la saison fut un concert à Chicago. Il y avait au programme n’admet pas qu’un compositeur est toujours le meilleur interprète de ses propres l’Ile des morts, les Etudes-Tableaux, le Troisième concerto. «Jamais, – écrivit œuvres. Le compositeur n’est pas toujours le chef d’orchestre, interprète idéal de un critique, – je n’ai vu un tel enthousiasme ni à un concert de musique ses propres œuvres. Il faut avoir le don de l’imagination, la capacité de se symphonique, ni pour la musique de chambre, ni à l’opéra. Toute la salle se présenter les choses avec une force telle que naisse dans la conscience un tableau leva d’un même élan. Et on resta debout après que l’orchestre eut sonné ses très net de l’œuvre. «Personnalement je trouve qu’il est impossible d’avoir une fanfares et après que Rachmaninov eut ramené sur le bord de la scène le chef double vie. Si je joue, je ne puis composer, Si je compose, je ne veux pas jouer... d’orchestre Stokovski». Lorsque je suis parti de Russie j’ai perdu le désir de composer. En perdant ma 1933. Ce fut vraiment un mauvais moment qu’arriva son soixantième patrie, je me suis perdu moi-même. Un exilé qui est dépourvu de racines anniversaire. On avait decidé d’organiser de grandes festivités. Mais musicales, de traditions de son sol natal n’a plus le désir de créer, il n’a plus l’administration des concerts s’y opposa sans qu’on ne sût pourquoi. On se d’autre consolation que le silence infini des souvenirs que rien ne vient troubler». contenta d’offrir au compositeur une couronne de lauriers après un concert et un Dix ans séparaient la Deuxième symphonie de la Première et il y avait déjeuner amical dans un restaurant très modeste. presque 30 ans entre la Troisième et la Deuxième. En août 1935 la première et La villa des Rachmaninov en Suisse qui avait le nom Sénar (Serguéï et la deuxième parties de la symphonie étaient plus ou moins terminées. Ce devait Nathalia Rachmaninov) fut prête. Et la joie vint recompenser le compositeur de être une œuvre en trois parties. longues années de lutte et de travail. Il entendait résonner à ses oreilles les Au mois d’octobre commença le dix-huitième voyage du musicien russe pages d’une partition qu’il n’avait pas encore écrite. Sénar lui semblait le coin dans les pays du nord-est de l’Europe. La tournée de Rachmaninov en Europe le plus paisible sur terre. qui devait durer de janvier à mars 1936 passait pour la première fois par Mais le ciel de l’Europe avait cessé d’être sans nuages. Un certain Hitler Varsovie. Ce voyage à proximité de la frontière russe émouvait profondément avait fait son apparition. En 1934 Rachmaninov reçut deux lettres de Russie le musicien. Au printemps 1936, dans une lettre adressée à Vladimir Wilschaw dont les auteurs parlaient des œuvres de Rachmaninov qui étaient de nouveau en parlant de son répertoire il avouait qu’il n’aimait pas jouer ses propres présentées sur la scène soviétique (Trois chansons russes) et qui avaient un œuvres. Il se contentait d’inscrire au programme «deux ou trois choses grand succès. simplement pour faire semblant. Ses programmes préférés étaient Chopin, Liszt, puis Bach, Beethoven, Schubert. Je ne joue pas les modernistes. Cela me dépasse» – dit-il. Pour lui le meilleur violoniste était Fritz Kreizler, le meilleur pianiste Josef Hofmann, le meilleur chef d’orchestre Arturo Toscanini et le meilleur orchestre celui de Philadelphie. 19 20
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