Сборник текстов на французском языке (для студентов факультета культуры и искусств). Литвинова В.М. - 9 стр.

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S.V. RACHMANINOV À L’ÉTRANGER
Personne ne lavait pas chassé. Il lavait fait de lui-même, par sa propre
volonté.
A la fin du moi de janvier de lannée 1918, les Rachmaninov se rendirent à
Copenhague. Le 15 février Rachmaninov donna son premier concert dans cette
ville. Il interpréta son Second concerto avec le chef d’orchestre Hoberg. Il
donna pendant la saison onze concerts symphoniques et de musique de
chambre. Au cours de ces mois-là, une décision importante avait mûri. Il
comprit quil ne pouvait créer loin de tout ce qui lui était cher. La vie à
l’étranger et l’éducation de ses filles nécessiteraient de lourdes dépenses. La
seule issue était de se préparer à la carrière de pianiste et de donner des
concerts. Désormais il ne devait compter que sur ses mains, préparer un long
répertoire composé des œuvres dautrui. Ce quil voulait atteindre c’était la
perfection de lexécution.
Le premier novembre les Rachmaninov quittèrent le Danemark et au bout
de huit jours ils parvinrent à New York. Rachmaninov ne connaissait que bien
peu langlais et pas du tout les habitudes des gens qui lentouraient en
Amérique. Le 8 décembre dans la petite ville de Providence, Etat de Rhode
Island, débuta la série de concerts de Rachmaninov qui devait durer vingt-cinq
ans sans interruption.
Ce fut une ère de succès étourdissant comme aucun concertiste étranger
nen avait jamais obtenu en Amérique. Les premiers concerts de Rachmaninov
firent une incroyable sensation dans la presse. Au programme des concerts de
musique de chambre il y avait Mozart, Chopin, Mendelson et Liszt. Dans les
concerts symphoniques dominaient encore le Second et le Troisième concertos
ainsi que le Premier concerto de Tchaïkovski.
En avril 1923, le compositeur écrivit à Nikita Morozov que depuis cinq ans
déjà il ne soccupait plus de composition et quil navait que rarement envie de
le faire.
Pour le cinquantième anniversaire du compositeur une lettre de félicitation
lui arriva de Moscou avec une multitude de signatures et une contate
anniversaire dont la musique était de Glière et le texte de Wilschaw. En
Amérique personne, exepté ses proches, ne se souvint de son anniversaire.
Aussi le musicien fut-il dautant plus touché par la marque dattention si sincère
et si unanime des Moscovites.
En 1923 le Théâtre d’Art de Moscou fit une tournée en Amérique. Fédor
Chaliapine, ami de Rachmaninov, se trouvait avec sa troupe. Rachmaninov
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repoussa au 18 novembre la date du début de la saison pour ne laisser passer
aucune soirée, aucun spectacle.
Linvasion de Moscou, de la Russie dans la vie de Rachmaninov fut si
puissante et si irrésistible que tout ce monde inquiet et agité auquel il navait
pas eu le temps de s’habituer cessait d’exister. Quand il y avait une soirée libre
les Fokine, les Ziloti, les Stanislavski, Knipper, Katchalov et Moskvine se
rassemblaient chez les Rachmaninov.
Nikolaï Metner, compositeur et ami de Rachmaninov, lui demandait
pourquoi il ne composait rien. Rachmaninov lui répondait: «Comment pourrai-
je composer puisque je nai pas de mélodies, si depuis longtemps je nai pas
entendu le bruissement du blé et le murmure des bouleaux...».
Depuis que Rachmaninov était venu pour la première fois passer l’été en
Europe, la pensée de quitter lAmérique ne lavait plus quitté. La saison de
1924 se termina trop vite. A lissue dun isolement de trois mois il y eut
plusieurs transpositions pour piano sur des thèmes de Fritz Kreizler et sur ses
propres Marguerites.
Vers la fin du mois de septembre 1926 seulement son Quatrième concerto
pour piano fut enfin achevé. Mais il y avait encore une autre œuvre,
parfaitement nouvelle. Il la garda secrete jusquau jour où elle fut interprétée.
Un concert donné au mois de mars proposa le Concerto de Rachmaninov à la
critique du public et des journalistes. Il ne doutait pas d’être maltraité par ces
derniers et il ne se trompait pas.
«Le nouveau concerto reste entièrement dans les limites du XIX
e
siècle
comme sil avait été ecrit par Tchaïkovski..., ... la ligne de Mendelson... la
monotonie de l’écriture». C’était le ton général. Mais la deuxième œuvre. Trois
chansons russes pour chœur et orchestre eut une autre résonance.
L’échec de son Concerto laissa pour longtemps une impression pénible au
compositeur.
Le concert qui fut donné au début de lautomne de 1928 à lAlbert Hall de
Londres fut longtemps présent dans le souvenir des auditeurs et du musicien. Il
joua pendant deux heures torturé par une terrible névralgie. Dès après le concert
il sen alla consulter un médecin à Paris. Personne dans la salle ne se douta de
rien. Un critique anglais nous a laissé un récit qui donne une idée de la manière
dont Rachmaninov joua au cours de cette mémorable soirée. A propos d’une
sonate de Chopin: «Pour ceux qui ont entendu la sonate en Si mineur ... il n’est
resté aucun sujet de discussion de contestation. La logique de cette œuvre
semblait irrévocable, le plan inébranlable, linterprétation toute puissante. Un
génie a tendu la main à un autre».
               S.V. RACHMANINOV À L’ÉTRANGER                                         repoussa au 18 novembre la date du début de la saison pour ne laisser passer
                                                                                     aucune soirée, aucun spectacle.
      Personne ne l’avait pas chassé. Il l’avait fait de lui-même, par sa propre           L’invasion de Moscou, de la Russie dans la vie de Rachmaninov fut si
volonté.                                                                             puissante et si irrésistible que tout ce monde inquiet et agité auquel il n’avait
      A la fin du moi de janvier de l’année 1918, les Rachmaninov se rendirent à     pas eu le temps de s’habituer cessait d’exister. Quand il y avait une soirée libre
Copenhague. Le 15 février Rachmaninov donna son premier concert dans cette           les Fokine, les Ziloti, les Stanislavski, Knipper, Katchalov et Moskvine se
ville. Il interpréta son Second concerto avec le chef d’orchestre Hoberg. Il         rassemblaient chez les Rachmaninov.
donna pendant la saison onze concerts symphoniques et de musique de                        Nikolaï Metner, compositeur et ami de Rachmaninov, lui demandait
chambre. Au cours de ces mois-là, une décision importante avait mûri. Il             pourquoi il ne composait rien. Rachmaninov lui répondait: «Comment pourrai-
comprit qu’il ne pouvait créer loin de tout ce qui lui était cher. La vie à          je composer puisque je n’ai pas de mélodies, si depuis longtemps je n’ai pas
l’étranger et l’éducation de ses filles nécessiteraient de lourdes dépenses. La      entendu le bruissement du blé et le murmure des bouleaux...».
seule issue était de se préparer à la carrière de pianiste et de donner des                Depuis que Rachmaninov était venu pour la première fois passer l’été en
concerts. Désormais il ne devait compter que sur ses mains, préparer un long         Europe, la pensée de quitter l’Amérique ne l’avait plus quitté. La saison de
répertoire composé des œuvres d’autrui. Ce qu’il voulait atteindre c’était la        1924 se termina trop vite. A l’issue d’un isolement de trois mois il y eut
perfection de l’exécution.                                                           plusieurs transpositions pour piano sur des thèmes de Fritz Kreizler et sur ses
      Le premier novembre les Rachmaninov quittèrent le Danemark et au bout          propres Marguerites.
de huit jours ils parvinrent à New York. Rachmaninov ne connaissait que bien               Vers la fin du mois de septembre 1926 seulement son Quatrième concerto
peu l’anglais et pas du tout les habitudes des gens qui l’entouraient en             pour piano fut enfin achevé. Mais il y avait encore une autre œuvre,
Amérique. Le 8 décembre dans la petite ville de Providence, Etat de Rhode            parfaitement nouvelle. Il la garda secrete jusqu’au jour où elle fut interprétée.
Island, débuta la série de concerts de Rachmaninov qui devait durer vingt-cinq       Un concert donné au mois de mars proposa le Concerto de Rachmaninov à la
ans sans interruption.                                                               critique du public et des journalistes. Il ne doutait pas d’être maltraité par ces
      Ce fut une ère de succès étourdissant comme aucun concertiste étranger         derniers et il ne se trompait pas.
n’en avait jamais obtenu en Amérique. Les premiers concerts de Rachmaninov                 «Le nouveau concerto reste entièrement dans les limites du XIXe siècle
firent une incroyable sensation dans la presse. Au programme des concerts de         comme s’il avait été ecrit par Tchaïkovski..., ... la ligne de Mendelson... la
musique de chambre il y avait Mozart, Chopin, Mendelson et Liszt. Dans les           monotonie de l’écriture». C’était le ton général. Mais la deuxième œuvre. Trois
concerts symphoniques dominaient encore le Second et le Troisième concertos          chansons russes pour chœur et orchestre eut une autre résonance.
ainsi que le Premier concerto de Tchaïkovski.                                              L’échec de son Concerto laissa pour longtemps une impression pénible au
      En avril 1923, le compositeur écrivit à Nikita Morozov que depuis cinq ans     compositeur.
déjà il ne s’occupait plus de composition et qu’il n’avait que rarement envie de           Le concert qui fut donné au début de l’automne de 1928 à l’Albert Hall de
le faire.                                                                            Londres fut longtemps présent dans le souvenir des auditeurs et du musicien. Il
      Pour le cinquantième anniversaire du compositeur une lettre de félicitation    joua pendant deux heures torturé par une terrible névralgie. Dès après le concert
lui arriva de Moscou avec une multitude de signatures et une contate                 il s’en alla consulter un médecin à Paris. Personne dans la salle ne se douta de
anniversaire dont la musique était de Glière et le texte de Wilschaw. En             rien. Un critique anglais nous a laissé un récit qui donne une idée de la manière
Amérique personne, exepté ses proches, ne se souvint de son anniversaire.            dont Rachmaninov joua au cours de cette mémorable soirée. A propos d’une
Aussi le musicien fut-il d’autant plus touché par la marque d’attention si sincère   sonate de Chopin: «Pour ceux qui ont entendu la sonate en Si mineur ... il n’est
et si unanime des Moscovites.                                                        resté aucun sujet de discussion de contestation. La logique de cette œuvre
      En 1923 le Théâtre d’Art de Moscou fit une tournée en Amérique. Fédor          semblait irrévocable, le plan inébranlable, l’interprétation toute puissante. Un
Chaliapine, ami de Rachmaninov, se trouvait avec sa troupe. Rachmaninov              génie a tendu la main à un autre».
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