Сборник текстов на французском языке (для студентов факультета культуры и искусств). Литвинова В.М. - 13 стр.

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La messe et le motet franco-flamands
Héritages d’Ockeghem, les premières compositions de musique d’église de
Josquin sont encore fondées sur lancienne technique du «cantus firmus»: un
thème mélodique, la «teneur» (ou «téno, dont dérive directement le terme
assigné plus tard à la voix correspondante, ne désignant plus finalement, au lieu
de la ligne mélodique même, qu’une tessiture), sert de base architecturale à
l’œuvre polyphonique, les différentes voix sorganisant à partir et autour de lui.
Par souci de symétrie au sein de lensemble vocal, l’écriture à quatre voix est
alors souvent privilégiée: le quatuor est scindé en deux duos, lun aigu, lautre
grave. Tout autant que les messes, sinon plus, les motets vont se révéler un
terrain de recherche fécond dune plus grande expressivité et d’un plus grand
équilibre: essentiellement, le rythme devient plus clair et la mélodie plus
simple, en vue d’une union plus étroite avec le texte, auquel on accorde une
attention grandissante.
A la mort de Josquin, toute une génération de musiciens va continuer le
style et les recherches du grand maître, aussi bien dans les terres natales du
Nord qu’en Italie, où ont émigré nombre d’entre eux par attraction du nouveau
goût musical. Du côté des Pays-Bas, sous linfluence de Charles-Quint et
baignés dans latmosphère de l’Inquisition, les musiciens se consacrent
essentiellement à la musique religieuse, sattachant à la composition d’œuvres
liturgiques permettant aux chantres de faire valoir leurs capacités vocales. La
technique du cantus firmus est délaissée au profit de la «missa parodia»: cest
une composition polyphonique, chanson ou motet, qui donne le thème
mélodique, et toutes les voix sont traitées également (par opposition au rôle
particulier accordé à la teneur dans lancienne technique). Cest surtout dans les
motets qu’ils poursuivent plus avant la tendance amorcée par Josquin
daccommoder le plus étroitement la musique aux paroles. Néanmoins, cédant à
l’usage de plus en plus répandu de lexécution a capella, ils finiront par
systématiser une manière de composer de type imitatif: chaque thème musical
est énoncé à chacune des voix en une imitation plus ou moins libre, aboutissant
au final à lenchevêtrement complet de toutes les parties. Si lon y gagne par
lexaltation des beaux effets de la sonorité polyphonique, on y perd en rendant
le texte tout simplement inintelligible!
Du côté de l’Italie, les musiciens émigrés introduisent la technique franco-
flamande en même temps qu’ils puisent les éléments dun style nouveau, le
madrigal, dont ils transportent les hardiesses et lexpressivité du texte dans leurs
motets. Sous linfluence de la culture humaniste, et en opposition à la technique
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néerlandaise, stricte et organisée, se développe alors un style préoccupé avant
tout de la juste déclamation du texte (en particulier, on veille à une accentuation
correcte du latin), et dans lequel rythme, mélodie, harmonie ne sont plus
conditionnés que par les paroles. Ce nest que lamorce du déclin de la toute
puissante polyphonie néerlandaise, qui, dans la seconde moitié du XVIème
siècle, faute (pour ainsi dire, car on en mesure aussi tous les bienfaits) davoir
laissé sintroduire en sa place fortifiée le cheval de Troie des madrigalistes,
laissera place au style clair et expressif de la technique italienne.
La chanson à lépoque de Josquin
Lhistoire musicale du XVIème siècle se ramène toujours, en première
analyse, à la dualité qu’introduit lopposition de la musique profane à la
musique sacrée. Certes, si lon adopte un parcours chronologique, on ne
manquera pas de constater à quel point lune et lautre évoluent comme sur
deux voies parallèles, chacune forme d’art autonome se justifiant par une
nécessité ou sociale, ou religieuse. Du point de vue des seules formes musicales
cependant, musique sacrée et musique profane nont finalement jamais été aussi
proches quen ces demiers siècles du Moyen âge: œuvres sacrées sur thèmes de
chansons profanes (combien de messes, par exemple, sur le thème de la célèbre
chanson lhomme armé!), pièces profanes faisant appel à un matériau musical
issu des messes, ou chansons à références et symboliques religieuses.
La chanson, qui est lapanage des compositeurs et musiciens au service des
grandes cours, n’en est pas moins le témoin dune culture qui dépasse
largement les limites du domaine royal: dans cette joyeuse société du début de
la Renaissance, tout est prétexte, arrivées des souverains dans les villes,
baptêmes ou mariages royaux, à bals, banquets, processions, et autrès spectacles
que ne manque daccompagner musique vocale ou instrumentale. Cela devient
une telle nécessité, que la chanson fait lobjet dun mécénat de plus en plus
étendu, tout un chacun parmi les grands hommes désirant se voir attitrés les
services dun musicien prestigieux, pour les grandes occasions comme pour les
moments plus intimes.
La chanson, daccompagnement festif, devient alors forme dart autonome.
Elle se développe suivant deux styles d’esthétique assez différente, plus dans
lesprit que dans la forme d’ailleurs: la chanson dite «savante» dune part, la
chanson dite «rurale» dautre part. La première forme est en fait très apparentée
au motet (avec cantus firmus), et se présente le plus souvent comme un
contrepoint libre où chaque voix procède d’un thème différent. Ce sont les
                     La messe et le motet franco-flamands                              néerlandaise, stricte et organisée, se développe alors un style préoccupé avant
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     Héritages d’Ockeghem, les premières compositions de musique d’église de           correcte du latin), et dans lequel rythme, mélodie, harmonie ne sont plus
Josquin sont encore fondées sur l’ancienne technique du «cantus firmus»: un            conditionnés que par les paroles. Ce n’est que l’amorce du déclin de la toute
thème mélodique, la «teneur» (ou «ténor», dont dérive directement le terme             puissante polyphonie néerlandaise, qui, dans la seconde moitié du XVIème
assigné plus tard à la voix correspondante, ne désignant plus finalement, au lieu      siècle, faute (pour ainsi dire, car on en mesure aussi tous les bienfaits) d’avoir
de la ligne mélodique même, qu’une tessiture), sert de base architecturale à           laissé s’introduire en sa place fortifiée le cheval de Troie des madrigalistes,
l’œuvre polyphonique, les différentes voix s’organisant à partir et autour de lui.     laissera place au style clair et expressif de la technique italienne.
Par souci de symétrie au sein de l’ensemble vocal, l’écriture à quatre voix est
alors souvent privilégiée: le quatuor est scindé en deux duos, l’un aigu, l’autre                             La chanson à l’époque de Josquin
grave. Tout autant que les messes, sinon plus, les motets vont se révéler un
terrain de recherche fécond d’une plus grande expressivité et d’un plus grand               L’histoire musicale du XVIème siècle se ramène toujours, en première
équilibre: essentiellement, le rythme devient plus clair et la mélodie plus            analyse, à la dualité qu’introduit l’opposition de la musique profane à la
simple, en vue d’une union plus étroite avec le texte, auquel on accorde une           musique sacrée. Certes, si l’on adopte un parcours chronologique, on ne
attention grandissante.                                                                manquera pas de constater à quel point l’une et l’autre évoluent comme sur
     A la mort de Josquin, toute une génération de musiciens va continuer le           deux voies parallèles, chacune forme d’art autonome se justifiant par une
style et les recherches du grand maître, aussi bien dans les terres natales du         nécessité ou sociale, ou religieuse. Du point de vue des seules formes musicales
Nord qu’en Italie, où ont émigré nombre d’entre eux par attraction du nouveau          cependant, musique sacrée et musique profane n’ont finalement jamais été aussi
goût musical. Du côté des Pays-Bas, sous l’influence de Charles-Quint et               proches qu’en ces demiers siècles du Moyen âge: œuvres sacrées sur thèmes de
baignés dans l’atmosphère de l’Inquisition, les musiciens se consacrent                chansons profanes (combien de messes, par exemple, sur le thème de la célèbre
essentiellement à la musique religieuse, s’attachant à la composition d’œuvres         chanson l’homme armé!), pièces profanes faisant appel à un matériau musical
liturgiques permettant aux chantres de faire valoir leurs capacités vocales. La        issu des messes, ou chansons à références et symboliques religieuses.
technique du cantus firmus est délaissée au profit de la «missa parodia»: c’est             La chanson, qui est l’apanage des compositeurs et musiciens au service des
une composition polyphonique, chanson ou motet, qui donne le thème                     grandes cours, n’en est pas moins le témoin d’une culture qui dépasse
mélodique, et toutes les voix sont traitées également (par opposition au rôle          largement les limites du domaine royal: dans cette joyeuse société du début de
particulier accordé à la teneur dans l’ancienne technique). C’est surtout dans les     la Renaissance, tout est prétexte, arrivées des souverains dans les villes,
motets qu’ils poursuivent plus avant la tendance amorcée par Josquin                   baptêmes ou mariages royaux, à bals, banquets, processions, et autrès spectacles
d’accommoder le plus étroitement la musique aux paroles. Néanmoins, cédant à           que ne manque d’accompagner musique vocale ou instrumentale. Cela devient
l’usage de plus en plus répandu de l’exécution a capella, ils finiront par             une telle nécessité, que la chanson fait l’objet d’un mécénat de plus en plus
systématiser une manière de composer de type imitatif: chaque thème musical            étendu, tout un chacun parmi les grands hommes désirant se voir attitrés les
est énoncé à chacune des voix en une imitation plus ou moins libre, aboutissant        services d’un musicien prestigieux, pour les grandes occasions comme pour les
au final à l’enchevêtrement complet de toutes les parties. Si l’on y gagne par         moments plus intimes.
l’exaltation des beaux effets de la sonorité polyphonique, on y perd en rendant             La chanson, d’accompagnement festif, devient alors forme d’art autonome.
le texte tout simplement inintelligible!                                               Elle se développe suivant deux styles d’esthétique assez différente, plus dans
     Du côté de l’Italie, les musiciens émigrés introduisent la technique franco-      l’esprit que dans la forme d’ailleurs: la chanson dite «savante» d’une part, la
flamande en même temps qu’ils puisent les éléments d’un style nouveau, le              chanson dite «rurale» d’autre part. La première forme est en fait très apparentée
madrigal, dont ils transportent les hardiesses et l’expressivité du texte dans leurs   au motet (avec cantus firmus), et se présente le plus souvent comme un
motets. Sous l’influence de la culture humaniste, et en opposition à la technique      contrepoint libre où chaque voix procède d’un thème différent. Ce sont les
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