ВУЗ:
Составители:
Рубрика:
25
La messe et le motet franco-flamands
Héritages d’Ockeghem, les premières compositions de musique d’église de
Josquin sont encore fondées sur l’ancienne technique du «cantus firmus»: un
thème mélodique, la «teneur» (ou «ténor», dont dérive directement le terme
assigné plus tard à la voix correspondante, ne désignant plus finalement, au lieu
de la ligne mélodique même, qu’une tessiture), sert de base architecturale à
l’œuvre polyphonique, les différentes voix s’organisant à partir et autour de lui.
Par souci de symétrie au sein de l’ensemble vocal, l’écriture à quatre voix est
alors souvent privilégiée: le quatuor est scindé en deux duos, l’un aigu, l’autre
grave. Tout autant que les messes, sinon plus, les motets vont se révéler un
terrain de recherche fécond d’une plus grande expressivité et d’un plus grand
équilibre: essentiellement, le rythme devient plus clair et la mélodie plus
simple, en vue d’une union plus étroite avec le texte, auquel on accorde une
attention grandissante.
A la mort de Josquin, toute une génération de musiciens va continuer le
style et les recherches du grand maître, aussi bien dans les terres natales du
Nord qu’en Italie, où ont émigré nombre d’entre eux par attraction du nouveau
goût musical. Du côté des Pays-Bas, sous l’influence de Charles-Quint et
baignés dans l’atmosphère de l’Inquisition, les musiciens se consacrent
essentiellement à la musique religieuse, s’attachant à la composition d’œuvres
liturgiques permettant aux chantres de faire valoir leurs capacités vocales. La
technique du cantus firmus est délaissée au profit de la «missa parodia»: c’est
une composition polyphonique, chanson ou motet, qui donne le thème
mélodique, et toutes les voix sont traitées également (par opposition au rôle
particulier accordé à la teneur dans l’ancienne technique). C’est surtout dans les
motets qu’ils poursuivent plus avant la tendance amorcée par Josquin
d’accommoder le plus étroitement la musique aux paroles. Néanmoins, cédant à
l’usage de plus en plus répandu de l’exécution a capella, ils finiront par
systématiser une manière de composer de type imitatif: chaque thème musical
est énoncé à chacune des voix en une imitation plus ou moins libre, aboutissant
au final à l’enchevêtrement complet de toutes les parties. Si l’on y gagne par
l’exaltation des beaux effets de la sonorité polyphonique, on y perd en rendant
le texte tout simplement inintelligible!
Du côté de l’Italie, les musiciens émigrés introduisent la technique franco-
flamande en même temps qu’ils puisent les éléments d’un style nouveau, le
madrigal, dont ils transportent les hardiesses et l’expressivité du texte dans leurs
motets. Sous l’influence de la culture humaniste, et en opposition à la technique
26
néerlandaise, stricte et organisée, se développe alors un style préoccupé avant
tout de la juste déclamation du texte (en particulier, on veille à une accentuation
correcte du latin), et dans lequel rythme, mélodie, harmonie ne sont plus
conditionnés que par les paroles. Ce n’est que l’amorce du déclin de la toute
puissante polyphonie néerlandaise, qui, dans la seconde moitié du XVIème
siècle, faute (pour ainsi dire, car on en mesure aussi tous les bienfaits) d’avoir
laissé s’introduire en sa place fortifiée le cheval de Troie des madrigalistes,
laissera place au style clair et expressif de la technique italienne.
La chanson à l’époque de Josquin
L’histoire musicale du XVIème siècle se ramène toujours, en première
analyse, à la dualité qu’introduit l’opposition de la musique profane à la
musique sacrée. Certes, si l’on adopte un parcours chronologique, on ne
manquera pas de constater à quel point l’une et l’autre évoluent comme sur
deux voies parallèles, chacune forme d’art autonome se justifiant par une
nécessité ou sociale, ou religieuse. Du point de vue des seules formes musicales
cependant, musique sacrée et musique profane n’ont finalement jamais été aussi
proches qu’en ces demiers siècles du Moyen âge: œuvres sacrées sur thèmes de
chansons profanes (combien de messes, par exemple, sur le thème de la célèbre
chanson l’homme armé!), pièces profanes faisant appel à un matériau musical
issu des messes, ou chansons à références et symboliques religieuses.
La chanson, qui est l’apanage des compositeurs et musiciens au service des
grandes cours, n’en est pas moins le témoin d’une culture qui dépasse
largement les limites du domaine royal: dans cette joyeuse société du début de
la Renaissance, tout est prétexte, arrivées des souverains dans les villes,
baptêmes ou mariages royaux, à bals, banquets, processions, et autrès spectacles
que ne manque d’accompagner musique vocale ou instrumentale. Cela devient
une telle nécessité, que la chanson fait l’objet d’un mécénat de plus en plus
étendu, tout un chacun parmi les grands hommes désirant se voir attitrés les
services d’un musicien prestigieux, pour les grandes occasions comme pour les
moments plus intimes.
La chanson, d’accompagnement festif, devient alors forme d’art autonome.
Elle se développe suivant deux styles d’esthétique assez différente, plus dans
l’esprit que dans la forme d’ailleurs: la chanson dite «savante» d’une part, la
chanson dite «rurale» d’autre part. La première forme est en fait très apparentée
au motet (avec cantus firmus), et se présente le plus souvent comme un
contrepoint libre où chaque voix procède d’un thème différent. Ce sont les
La messe et le motet franco-flamands néerlandaise, stricte et organisée, se développe alors un style préoccupé avant tout de la juste déclamation du texte (en particulier, on veille à une accentuation Héritages d’Ockeghem, les premières compositions de musique d’église de correcte du latin), et dans lequel rythme, mélodie, harmonie ne sont plus Josquin sont encore fondées sur l’ancienne technique du «cantus firmus»: un conditionnés que par les paroles. Ce n’est que l’amorce du déclin de la toute thème mélodique, la «teneur» (ou «ténor», dont dérive directement le terme puissante polyphonie néerlandaise, qui, dans la seconde moitié du XVIème assigné plus tard à la voix correspondante, ne désignant plus finalement, au lieu siècle, faute (pour ainsi dire, car on en mesure aussi tous les bienfaits) d’avoir de la ligne mélodique même, qu’une tessiture), sert de base architecturale à laissé s’introduire en sa place fortifiée le cheval de Troie des madrigalistes, l’œuvre polyphonique, les différentes voix s’organisant à partir et autour de lui. laissera place au style clair et expressif de la technique italienne. Par souci de symétrie au sein de l’ensemble vocal, l’écriture à quatre voix est alors souvent privilégiée: le quatuor est scindé en deux duos, l’un aigu, l’autre La chanson à l’époque de Josquin grave. Tout autant que les messes, sinon plus, les motets vont se révéler un terrain de recherche fécond d’une plus grande expressivité et d’un plus grand L’histoire musicale du XVIème siècle se ramène toujours, en première équilibre: essentiellement, le rythme devient plus clair et la mélodie plus analyse, à la dualité qu’introduit l’opposition de la musique profane à la simple, en vue d’une union plus étroite avec le texte, auquel on accorde une musique sacrée. Certes, si l’on adopte un parcours chronologique, on ne attention grandissante. manquera pas de constater à quel point l’une et l’autre évoluent comme sur A la mort de Josquin, toute une génération de musiciens va continuer le deux voies parallèles, chacune forme d’art autonome se justifiant par une style et les recherches du grand maître, aussi bien dans les terres natales du nécessité ou sociale, ou religieuse. Du point de vue des seules formes musicales Nord qu’en Italie, où ont émigré nombre d’entre eux par attraction du nouveau cependant, musique sacrée et musique profane n’ont finalement jamais été aussi goût musical. Du côté des Pays-Bas, sous l’influence de Charles-Quint et proches qu’en ces demiers siècles du Moyen âge: œuvres sacrées sur thèmes de baignés dans l’atmosphère de l’Inquisition, les musiciens se consacrent chansons profanes (combien de messes, par exemple, sur le thème de la célèbre essentiellement à la musique religieuse, s’attachant à la composition d’œuvres chanson l’homme armé!), pièces profanes faisant appel à un matériau musical liturgiques permettant aux chantres de faire valoir leurs capacités vocales. La issu des messes, ou chansons à références et symboliques religieuses. technique du cantus firmus est délaissée au profit de la «missa parodia»: c’est La chanson, qui est l’apanage des compositeurs et musiciens au service des une composition polyphonique, chanson ou motet, qui donne le thème grandes cours, n’en est pas moins le témoin d’une culture qui dépasse mélodique, et toutes les voix sont traitées également (par opposition au rôle largement les limites du domaine royal: dans cette joyeuse société du début de particulier accordé à la teneur dans l’ancienne technique). C’est surtout dans les la Renaissance, tout est prétexte, arrivées des souverains dans les villes, motets qu’ils poursuivent plus avant la tendance amorcée par Josquin baptêmes ou mariages royaux, à bals, banquets, processions, et autrès spectacles d’accommoder le plus étroitement la musique aux paroles. Néanmoins, cédant à que ne manque d’accompagner musique vocale ou instrumentale. Cela devient l’usage de plus en plus répandu de l’exécution a capella, ils finiront par une telle nécessité, que la chanson fait l’objet d’un mécénat de plus en plus systématiser une manière de composer de type imitatif: chaque thème musical étendu, tout un chacun parmi les grands hommes désirant se voir attitrés les est énoncé à chacune des voix en une imitation plus ou moins libre, aboutissant services d’un musicien prestigieux, pour les grandes occasions comme pour les au final à l’enchevêtrement complet de toutes les parties. Si l’on y gagne par moments plus intimes. l’exaltation des beaux effets de la sonorité polyphonique, on y perd en rendant La chanson, d’accompagnement festif, devient alors forme d’art autonome. le texte tout simplement inintelligible! Elle se développe suivant deux styles d’esthétique assez différente, plus dans Du côté de l’Italie, les musiciens émigrés introduisent la technique franco- l’esprit que dans la forme d’ailleurs: la chanson dite «savante» d’une part, la flamande en même temps qu’ils puisent les éléments d’un style nouveau, le chanson dite «rurale» d’autre part. La première forme est en fait très apparentée madrigal, dont ils transportent les hardiesses et l’expressivité du texte dans leurs au motet (avec cantus firmus), et se présente le plus souvent comme un motets. Sous l’influence de la culture humaniste, et en opposition à la technique contrepoint libre où chaque voix procède d’un thème différent. Ce sont les 25 26
Страницы
- « первая
- ‹ предыдущая
- …
- 11
- 12
- 13
- 14
- 15
- …
- следующая ›
- последняя »