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musiciens du Nord, tel Josquin, qui pratiquent le plus ce genre, dont l’intérêt est
finalement purement musical.
Mais à la cour de France, la tendance est plutôt à débarrasser la chanson de
son caractère religieux, préférant les thèmes d’inspiration populaire, pour en
faire un simple et joyeux divertissement. Ce sont des chansons à boire et à
danser, à trois voix (sur le modèle de la chanson bourguignonne), qui retrouvent
les thèmes précieux de l’amour courtois du XIIème et XIIIème siècle:
pastourelles, plaintes de mal mariée... Les thèmes musicaux et les textes sont
principalement empruntés à deux manuscrits monodiques, qui constituent une
sorte de répertoire de la chanson rurale, témoin de la filiation littéraire du genre.
Cette chanson rurale gagne l’intérêt des musiciens italiens (Josquin, lors de
son séjour à la chapelle pontificale de 1486 à 1494, eut tout loisir d’en répandre
le style), mais est bientôt supplantée par la chanson polyphonique parisienne, à
quatre voix, qui délaisse les sentiments raffinés de l’imagerie médiévale pour
d’autres, moins équivoques, de caractére plus érotique. Josquin lui-même ne
tarde pas, sous l’influence italienne, à se détacher de la forme traditionnelle des
chansons à trois voix – datant sans doute de son séjour à la cour de Louis XII,
de 1505 à 1515 – renonçant au mouvement polyphonique au profit d’une
harmonie tonale à laquelle il accorde une importance grandissante. Il écrit alors
à quatre, cinq, ou six voix, la ligne mélodique gagnant en brièveté et sobriété au
service d’un plus grand pouvoir expressif. Le texte (qui, dans une grande
diversité, peut faire voisiner des formes poétiques en langues française,
italienne, et latine) revêt ainsi une fonction nouvelle: la déclamation en est
fortement soulignée, et la musique en suit l’articulation au plus près.
Intimement liée à la vie sociale des cours, la chanson française est en très
grande vogue au début du XVIème siècle, et son rayonnement à l’étranger
correspond certainement à l’affirmation d’un certain «goût français».
La chanson polyphonique parisienne
En 1528 paraît, chez l’éditeur Pierre Attaingnant, le premier recueil de
musique imprimée à Paris: Chansons nouvelles en musique à quatre parties.
Jusqu’en 1552, ce sont plus de cinquante volumes qui seront ainsi publiés,
véritables anthologies de la chanson parisienne. Bien que leurs compositeurs
soient nombreux, la facture de ces chansons est toujours semblable et,
contrairement au style du madrigal italien, favorise le rythme sur l’invention
mélodique: déclamation syllabique des paroles, vocalises se bornant à de
courtes formules ornementales sans intention expressive, courtes imitations
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d’une voix à l’autre. C’est le texte littéraire, le poème, qui est source
d’inspiration du compositeur et dicte ses lois à la phrase musicale, qui vient
épouser la forme versifiée, dont le modèle du genre est un quatrain ou un
dizain, en vers de huit à dix pieds. Les compositeurs prisent aussi beaucoup
l’épigramme, petit poème satyrique au trait final railleur, car on cultive de plus
en plus l’art du sous-entendu, surtout érotique. Les héros de ces chansons
guillerettes, tout droit sortis de la farce, font de la chanson parisienne un
véritable théâtre comique miniature.
Clément Janequin (vers 1485 – après 1560) est le représentant typique de
ce genre – malheureusement, ses messes et motets n’ont pas été conservés –
qu’il illustre de plus de trois cents chansons parues entre 1540 et 1550. Il se
plaît aussi bien dans la petite pièce galante que dans la grande polyphonie, et
exploite, en grand novateur, les ressources offertes par l’introduction d’un
certain «chromatisme», nuances apportées par l’emploi de très petits intervalles
(tiers de ton par exemple) et propres à rendre la musique «plus douce et
agréable que la diatonique», suivant les mots de son contemporain Guillaume
Costeley. Epris de recherche tant musicale (il ne manque pas d’innover au
niveau du rythme) que poétique, il suit de près le mouvement contemporain, de
Ronsard à Baïf; ce dernier est l’un des fondateurs de l’Académie de Poésie et de
Musique, cette monumentale tentative de la Renaissance française de réaliser,
en théorie comme en pratique, le mariage idéal de la poésie et de la musique.
L‘Académie de Poésie et de Musique
La démarche originale de cette Académie, dans la lignée directe de celle
des humanistes, est certainement à rechercher dans la séduction exercée par la
musique de l’Antiquité, dont on s’efforce de retrouver les effets secrets, en
particulier celui d’agir sur les âmes en diverses façons.
Vers 1567, Jean-Antoine de Baïf et le musicien Thibaut de Courville
forment le projet de doter la France d’une poésie et d’une musique dont l’union
serait à même de raviver ces effets: on expérimente la musique «mesurée à
l’antique», et l’on crée l’Académie de Poésie et de Musique, avec l’ambition de
porter l’art musical – et surtout la chanson française, celle de langue «vulgaire»,
car la musique religieuse, sur paroles latines, n’est, quelles en sont les raisons?,
pas concernée – au plus haut degré de dignité. Appuyée par le roi Charles IX,
qui voit en la musique le reflet de l’état social de la nation, la nouvelle
institution est autorisée en 1571. Son fonctionnement même est révolutionnaire:
les adhérents, musiciens professionnels (Roland de Lassus la fréquenta
musiciens du Nord, tel Josquin, qui pratiquent le plus ce genre, dont l’intérêt est d’une voix à l’autre. C’est le texte littéraire, le poème, qui est source finalement purement musical. d’inspiration du compositeur et dicte ses lois à la phrase musicale, qui vient Mais à la cour de France, la tendance est plutôt à débarrasser la chanson de épouser la forme versifiée, dont le modèle du genre est un quatrain ou un son caractère religieux, préférant les thèmes d’inspiration populaire, pour en dizain, en vers de huit à dix pieds. Les compositeurs prisent aussi beaucoup faire un simple et joyeux divertissement. Ce sont des chansons à boire et à l’épigramme, petit poème satyrique au trait final railleur, car on cultive de plus danser, à trois voix (sur le modèle de la chanson bourguignonne), qui retrouvent en plus l’art du sous-entendu, surtout érotique. Les héros de ces chansons les thèmes précieux de l’amour courtois du XIIème et XIIIème siècle: guillerettes, tout droit sortis de la farce, font de la chanson parisienne un pastourelles, plaintes de mal mariée... Les thèmes musicaux et les textes sont véritable théâtre comique miniature. principalement empruntés à deux manuscrits monodiques, qui constituent une Clément Janequin (vers 1485 – après 1560) est le représentant typique de sorte de répertoire de la chanson rurale, témoin de la filiation littéraire du genre. ce genre – malheureusement, ses messes et motets n’ont pas été conservés – Cette chanson rurale gagne l’intérêt des musiciens italiens (Josquin, lors de qu’il illustre de plus de trois cents chansons parues entre 1540 et 1550. Il se son séjour à la chapelle pontificale de 1486 à 1494, eut tout loisir d’en répandre plaît aussi bien dans la petite pièce galante que dans la grande polyphonie, et le style), mais est bientôt supplantée par la chanson polyphonique parisienne, à exploite, en grand novateur, les ressources offertes par l’introduction d’un quatre voix, qui délaisse les sentiments raffinés de l’imagerie médiévale pour certain «chromatisme», nuances apportées par l’emploi de très petits intervalles d’autres, moins équivoques, de caractére plus érotique. Josquin lui-même ne (tiers de ton par exemple) et propres à rendre la musique «plus douce et tarde pas, sous l’influence italienne, à se détacher de la forme traditionnelle des agréable que la diatonique», suivant les mots de son contemporain Guillaume chansons à trois voix – datant sans doute de son séjour à la cour de Louis XII, Costeley. Epris de recherche tant musicale (il ne manque pas d’innover au de 1505 à 1515 – renonçant au mouvement polyphonique au profit d’une niveau du rythme) que poétique, il suit de près le mouvement contemporain, de harmonie tonale à laquelle il accorde une importance grandissante. Il écrit alors Ronsard à Baïf; ce dernier est l’un des fondateurs de l’Académie de Poésie et de à quatre, cinq, ou six voix, la ligne mélodique gagnant en brièveté et sobriété au Musique, cette monumentale tentative de la Renaissance française de réaliser, service d’un plus grand pouvoir expressif. Le texte (qui, dans une grande en théorie comme en pratique, le mariage idéal de la poésie et de la musique. diversité, peut faire voisiner des formes poétiques en langues française, italienne, et latine) revêt ainsi une fonction nouvelle: la déclamation en est L‘Académie de Poésie et de Musique fortement soulignée, et la musique en suit l’articulation au plus près. Intimement liée à la vie sociale des cours, la chanson française est en très La démarche originale de cette Académie, dans la lignée directe de celle grande vogue au début du XVIème siècle, et son rayonnement à l’étranger des humanistes, est certainement à rechercher dans la séduction exercée par la correspond certainement à l’affirmation d’un certain «goût français». musique de l’Antiquité, dont on s’efforce de retrouver les effets secrets, en particulier celui d’agir sur les âmes en diverses façons. La chanson polyphonique parisienne Vers 1567, Jean-Antoine de Baïf et le musicien Thibaut de Courville forment le projet de doter la France d’une poésie et d’une musique dont l’union En 1528 paraît, chez l’éditeur Pierre Attaingnant, le premier recueil de serait à même de raviver ces effets: on expérimente la musique «mesurée à musique imprimée à Paris: Chansons nouvelles en musique à quatre parties. l’antique», et l’on crée l’Académie de Poésie et de Musique, avec l’ambition de Jusqu’en 1552, ce sont plus de cinquante volumes qui seront ainsi publiés, porter l’art musical – et surtout la chanson française, celle de langue «vulgaire», véritables anthologies de la chanson parisienne. Bien que leurs compositeurs car la musique religieuse, sur paroles latines, n’est, quelles en sont les raisons?, soient nombreux, la facture de ces chansons est toujours semblable et, pas concernée – au plus haut degré de dignité. Appuyée par le roi Charles IX, contrairement au style du madrigal italien, favorise le rythme sur l’invention qui voit en la musique le reflet de l’état social de la nation, la nouvelle mélodique: déclamation syllabique des paroles, vocalises se bornant à de institution est autorisée en 1571. Son fonctionnement même est révolutionnaire: courtes formules ornementales sans intention expressive, courtes imitations les adhérents, musiciens professionnels (Roland de Lassus la fréquenta 27 28
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