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Les pièces, de sujet simple, sont le plus souvent écrites sur un sonnet
(poème de quatorze vers, de deux quatrains à rimes embrassées, et deux
tercets), et la ligne mélodique suit des principes que nous avons déjà exposés,
renouant, en somme, avec une certaine tradition perdue depuis l’Antiquité
grecque. Il est intéressant de constater ici un changement, irrévocable, de la
conception de l’œuvre musicale: si, dans les œuvres religieuses, la partie de
ténor est encore la voix essentielle, c’est la partie supérieure, le «dessus», qui,
dans la chanson profane, se présente comme la clef de voûte de tout l’édifice
musical. Ligne mélodique énoncée au dessus, recherche d’une écriture
harmonique: deux jalons sur la route menant vers la musique «moderne», et
dont le genre baroque annonce la première forme.
N o t e s:
l. C’est une analyse que nous empruntons, car nous la trouvons très juste, à
Jacques Chailley; voir par exemple son Histoire musicale du Moyen âge (PUF).
2. A l’origine, le «motet» désigne une pièce musicale d’un nouveau genre,
apparu au début du XIIème siècle, où, en place des vocalises (le genre est alors
celui de l’«organum fleuri», tel que le pratique la célèbre école de Notre-
Dame), viennent se placer des paroles: c’est le «petit texte», ou «motetus» en
latin. Rapidement, le motet devient un pur exercice de style, démonstration de
plus en plus achevée, jusqu’à la complexité, de l’ingéniosité du compositeur en
matière de contrepoint. Il désigne finalement, au XVIème siècle encore, et de
façon générale, une composition à plusieurs voix à caractère religieux (aux
côtés de la messe qui, elle, se compose des cinq pièces ordinaires: Kyrie,
Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei), ou profane, puisqu’alors la possibilité est
offerte d’y joindre des paroles denuées d’intention religieuse.
3. Forme essentielle du génie musical italien, le madrigal est une pièce
polyphonique à voix égales, d’une grande liberté de structure: le poème n’obéit
à aucune loi de versification et la composition musicale est continue, sans
refrain ni répétition strophique. Cette grande liberté, ajoutée à l’étroite liaison
de la musique à la poésie, permet la plus vive expression des sentiments.
4. Il s’agit moins de vouloir mettre en jeu des sons supplémentaires à la
gamme diatonique, que de profiter des effets sensibles produits par le biais
d’intervalles minimes, demi-tons, tiers de ton, ou moindres. En ce sens, on
s’éloigne quelque peu de la notion moderne de chromatisme, et l’on veut plutôt
désigner un procédé (qui peut être enharmonique) permettant de «colorer» la
ligne, prévisible, du mode diatonique.
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5. Ainsi, les Grecs considéraient que chacun des sept modes qu’ils
utilisaient – avec une préférence de mise pour les modes dorien (mode de mi) et
phrygien (mode de ré) – devait être plus propice à exprimer un certain type de
sentiments qu’un autre: viril et majestueux pour le dorien par exemple. Ils
nuançaient ensuite à l’intérieur de ces types, par l’altération, d’un demi-ton
(genre chromatique) ou d’un quart de ton (genre enharmonique), de certaines
notes de la gamme modale, et obtenaient ainsi un éventail de modalités
d’expression, non dénuées d’exotisme pour certaines (sans doute importées
d’Asie).
6. Le schéma rythmique, organisation du vers selon une succession de
valeurs brèves et de valeurs longues (soit deux brèves), lie étroitement musique
et texte par un principe de correspondance: à syllabe longue, son long, à syllabe
brève; son bref. L’accentuation de la phrase musicale obéit donc directement
aux lois de la versification. C’est néanmoins la mélodie qui, s’insérant dans ce
schéma, parfois même le bousculant, expose effectivement le rythme musical.
7. Il est en effet communément admis (comme le montre la classification
adoptée par la plupart des disquaires) que l’histoire musicale se scinde
grossièrement en deux époques, l’une dite «ancienne» (jusqu’à la Renaissance),
l’autre, que nous devons bien par suite appeler «moderne» (au delà, c’est-à-dire
depuis la période baroque). Si un tel découpage ne nous gène en aucune façon –
comme nous l’avons dit au préalable, il faut bien «trancher»! – nous contestons
en revanche qu’il serve à justifier, par les arguments habituels d’une éternelle
querelle des anciens et des modernes, l’importance de l’une de ces périodes
musicales sur l’autre. Il est toujours tentant de confondre évolution et progrès.
Les pièces, de sujet simple, sont le plus souvent écrites sur un sonnet 5. Ainsi, les Grecs considéraient que chacun des sept modes qu’ils (poème de quatorze vers, de deux quatrains à rimes embrassées, et deux utilisaient – avec une préférence de mise pour les modes dorien (mode de mi) et tercets), et la ligne mélodique suit des principes que nous avons déjà exposés, phrygien (mode de ré) – devait être plus propice à exprimer un certain type de renouant, en somme, avec une certaine tradition perdue depuis l’Antiquité sentiments qu’un autre: viril et majestueux pour le dorien par exemple. Ils grecque. Il est intéressant de constater ici un changement, irrévocable, de la nuançaient ensuite à l’intérieur de ces types, par l’altération, d’un demi-ton conception de l’œuvre musicale: si, dans les œuvres religieuses, la partie de (genre chromatique) ou d’un quart de ton (genre enharmonique), de certaines ténor est encore la voix essentielle, c’est la partie supérieure, le «dessus», qui, notes de la gamme modale, et obtenaient ainsi un éventail de modalités dans la chanson profane, se présente comme la clef de voûte de tout l’édifice d’expression, non dénuées d’exotisme pour certaines (sans doute importées musical. Ligne mélodique énoncée au dessus, recherche d’une écriture d’Asie). harmonique: deux jalons sur la route menant vers la musique «moderne», et 6. Le schéma rythmique, organisation du vers selon une succession de dont le genre baroque annonce la première forme. valeurs brèves et de valeurs longues (soit deux brèves), lie étroitement musique et texte par un principe de correspondance: à syllabe longue, son long, à syllabe N o t e s: brève; son bref. L’accentuation de la phrase musicale obéit donc directement l. C’est une analyse que nous empruntons, car nous la trouvons très juste, à aux lois de la versification. C’est néanmoins la mélodie qui, s’insérant dans ce Jacques Chailley; voir par exemple son Histoire musicale du Moyen âge (PUF). schéma, parfois même le bousculant, expose effectivement le rythme musical. 2. A l’origine, le «motet» désigne une pièce musicale d’un nouveau genre, 7. Il est en effet communément admis (comme le montre la classification apparu au début du XIIème siècle, où, en place des vocalises (le genre est alors adoptée par la plupart des disquaires) que l’histoire musicale se scinde celui de l’«organum fleuri», tel que le pratique la célèbre école de Notre- grossièrement en deux époques, l’une dite «ancienne» (jusqu’à la Renaissance), Dame), viennent se placer des paroles: c’est le «petit texte», ou «motetus» en l’autre, que nous devons bien par suite appeler «moderne» (au delà, c’est-à-dire latin. Rapidement, le motet devient un pur exercice de style, démonstration de depuis la période baroque). Si un tel découpage ne nous gène en aucune façon – plus en plus achevée, jusqu’à la complexité, de l’ingéniosité du compositeur en comme nous l’avons dit au préalable, il faut bien «trancher»! – nous contestons matière de contrepoint. Il désigne finalement, au XVIème siècle encore, et de en revanche qu’il serve à justifier, par les arguments habituels d’une éternelle façon générale, une composition à plusieurs voix à caractère religieux (aux querelle des anciens et des modernes, l’importance de l’une de ces périodes côtés de la messe qui, elle, se compose des cinq pièces ordinaires: Kyrie, musicales sur l’autre. Il est toujours tentant de confondre évolution et progrès. Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei), ou profane, puisqu’alors la possibilité est offerte d’y joindre des paroles denuées d’intention religieuse. 3. Forme essentielle du génie musical italien, le madrigal est une pièce polyphonique à voix égales, d’une grande liberté de structure: le poème n’obéit à aucune loi de versification et la composition musicale est continue, sans refrain ni répétition strophique. Cette grande liberté, ajoutée à l’étroite liaison de la musique à la poésie, permet la plus vive expression des sentiments. 4. Il s’agit moins de vouloir mettre en jeu des sons supplémentaires à la gamme diatonique, que de profiter des effets sensibles produits par le biais d’intervalles minimes, demi-tons, tiers de ton, ou moindres. En ce sens, on s’éloigne quelque peu de la notion moderne de chromatisme, et l’on veut plutôt désigner un procédé (qui peut être enharmonique) permettant de «colorer» la ligne, prévisible, du mode diatonique. 31 32
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