Сборник текстов на французском языке (для студентов факультета культуры и искусств). Литвинова В.М. - 16 стр.

UptoLike

Составители: 

31
Les pièces, de sujet simple, sont le plus souvent écrites sur un sonnet
(poème de quatorze vers, de deux quatrains à rimes embrassées, et deux
tercets), et la ligne mélodique suit des principes que nous avons déjà exposés,
renouant, en somme, avec une certaine tradition perdue depuis lAntiquité
grecque. Il est intéressant de constater ici un changement, irrévocable, de la
conception de l’œuvre musicale: si, dans les œuvres religieuses, la partie de
ténor est encore la voix essentielle, cest la partie supérieure, le «dessus», qui,
dans la chanson profane, se présente comme la clef de voûte de tout l’édifice
musical. Ligne mélodique énoncée au dessus, recherche d’une écriture
harmonique: deux jalons sur la route menant vers la musique «moderne», et
dont le genre baroque annonce la première forme.
N o t e s:
l. C’est une analyse que nous empruntons, car nous la trouvons très juste, à
Jacques Chailley; voir par exemple son Histoire musicale du Moyen âge (PUF).
2. A lorigine, le «motet» désigne une pièce musicale d’un nouveau genre,
apparu au début du XIIème siècle, où, en place des vocalises (le genre est alors
celui de l’«organum fleuri», tel que le pratique la célèbre école de Notre-
Dame), viennent se placer des paroles: cest le «petit texte», ou «motetus» en
latin. Rapidement, le motet devient un pur exercice de style, démonstration de
plus en plus achevée, jusqu’à la complexité, de lingéniosité du compositeur en
matière de contrepoint. Il désigne finalement, au XVIème siècle encore, et de
façon générale, une composition à plusieurs voix à caractère religieux (aux
côtés de la messe qui, elle, se compose des cinq pièces ordinaires: Kyrie,
Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei), ou profane, puisqualors la possibilité est
offerte d’y joindre des paroles denuées dintention religieuse.
3. Forme essentielle du génie musical italien, le madrigal est une pièce
polyphonique à voix égales, dune grande liberté de structure: le poème n’obéit
à aucune loi de versification et la composition musicale est continue, sans
refrain ni répétition strophique. Cette grande liberté, ajoutée à l’étroite liaison
de la musique à la poésie, permet la plus vive expression des sentiments.
4. Il sagit moins de vouloir mettre en jeu des sons supplémentaires à la
gamme diatonique, que de profiter des effets sensibles produits par le biais
dintervalles minimes, demi-tons, tiers de ton, ou moindres. En ce sens, on
s’éloigne quelque peu de la notion moderne de chromatisme, et lon veut plutôt
désigner un procédé (qui peut être enharmonique) permettant de «colorer» la
ligne, prévisible, du mode diatonique.
32
5. Ainsi, les Grecs considéraient que chacun des sept modes quils
utilisaient avec une préférence de mise pour les modes dorien (mode de mi) et
phrygien (mode de ré) devait être plus propice à exprimer un certain type de
sentiments qu’un autre: viril et majestueux pour le dorien par exemple. Ils
nuançaient ensuite à lintérieur de ces types, par laltération, dun demi-ton
(genre chromatique) ou d’un quart de ton (genre enharmonique), de certaines
notes de la gamme modale, et obtenaient ainsi un éventail de modalités
dexpression, non dénuées d’exotisme pour certaines (sans doute importées
dAsie).
6. Le schéma rythmique, organisation du vers selon une succession de
valeurs brèves et de valeurs longues (soit deux brèves), lie étroitement musique
et texte par un principe de correspondance: à syllabe longue, son long, à syllabe
brève; son bref. Laccentuation de la phrase musicale obéit donc directement
aux lois de la versification. C’est néanmoins la mélodie qui, sinsérant dans ce
schéma, parfois même le bousculant, expose effectivement le rythme musical.
7. Il est en effet communément admis (comme le montre la classification
adoptée par la plupart des disquaires) que lhistoire musicale se scinde
grossièrement en deux époques, lune dite «ancienne» (jusqu’à la Renaissance),
lautre, que nous devons bien par suite appeler «moderne» (au delà, cest-à-dire
depuis la période baroque). Si un tel découpage ne nous gène en aucune façon
comme nous lavons dit au préalable, il faut bien «trancher»! nous contestons
en revanche quil serve à justifier, par les arguments habituels d’une éternelle
querelle des anciens et des modernes, limportance de lune de ces périodes
musicales sur lautre. Il est toujours tentant de confondre évolution et progrès.
     Les pièces, de sujet simple, sont le plus souvent écrites sur un sonnet                5. Ainsi, les Grecs considéraient que chacun des sept modes qu’ils
(poème de quatorze vers, de deux quatrains à rimes embrassées, et deux                utilisaient – avec une préférence de mise pour les modes dorien (mode de mi) et
tercets), et la ligne mélodique suit des principes que nous avons déjà exposés,       phrygien (mode de ré) – devait être plus propice à exprimer un certain type de
renouant, en somme, avec une certaine tradition perdue depuis l’Antiquité             sentiments qu’un autre: viril et majestueux pour le dorien par exemple. Ils
grecque. Il est intéressant de constater ici un changement, irrévocable, de la        nuançaient ensuite à l’intérieur de ces types, par l’altération, d’un demi-ton
conception de l’œuvre musicale: si, dans les œuvres religieuses, la partie de         (genre chromatique) ou d’un quart de ton (genre enharmonique), de certaines
ténor est encore la voix essentielle, c’est la partie supérieure, le «dessus», qui,   notes de la gamme modale, et obtenaient ainsi un éventail de modalités
dans la chanson profane, se présente comme la clef de voûte de tout l’édifice         d’expression, non dénuées d’exotisme pour certaines (sans doute importées
musical. Ligne mélodique énoncée au dessus, recherche d’une écriture                  d’Asie).
harmonique: deux jalons sur la route menant vers la musique «moderne», et                   6. Le schéma rythmique, organisation du vers selon une succession de
dont le genre baroque annonce la première forme.                                      valeurs brèves et de valeurs longues (soit deux brèves), lie étroitement musique
                                                                                      et texte par un principe de correspondance: à syllabe longue, son long, à syllabe
     N o t e s:                                                                       brève; son bref. L’accentuation de la phrase musicale obéit donc directement
     l. C’est une analyse que nous empruntons, car nous la trouvons très juste, à     aux lois de la versification. C’est néanmoins la mélodie qui, s’insérant dans ce
Jacques Chailley; voir par exemple son Histoire musicale du Moyen âge (PUF).          schéma, parfois même le bousculant, expose effectivement le rythme musical.
     2. A l’origine, le «motet» désigne une pièce musicale d’un nouveau genre,              7. Il est en effet communément admis (comme le montre la classification
apparu au début du XIIème siècle, où, en place des vocalises (le genre est alors      adoptée par la plupart des disquaires) que l’histoire musicale se scinde
celui de l’«organum fleuri», tel que le pratique la célèbre école de Notre-           grossièrement en deux époques, l’une dite «ancienne» (jusqu’à la Renaissance),
Dame), viennent se placer des paroles: c’est le «petit texte», ou «motetus» en        l’autre, que nous devons bien par suite appeler «moderne» (au delà, c’est-à-dire
latin. Rapidement, le motet devient un pur exercice de style, démonstration de        depuis la période baroque). Si un tel découpage ne nous gène en aucune façon –
plus en plus achevée, jusqu’à la complexité, de l’ingéniosité du compositeur en       comme nous l’avons dit au préalable, il faut bien «trancher»! – nous contestons
matière de contrepoint. Il désigne finalement, au XVIème siècle encore, et de         en revanche qu’il serve à justifier, par les arguments habituels d’une éternelle
façon générale, une composition à plusieurs voix à caractère religieux (aux           querelle des anciens et des modernes, l’importance de l’une de ces périodes
côtés de la messe qui, elle, se compose des cinq pièces ordinaires: Kyrie,            musicales sur l’autre. Il est toujours tentant de confondre évolution et progrès.
Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei), ou profane, puisqu’alors la possibilité est
offerte d’y joindre des paroles denuées d’intention religieuse.
     3. Forme essentielle du génie musical italien, le madrigal est une pièce
polyphonique à voix égales, d’une grande liberté de structure: le poème n’obéit
à aucune loi de versification et la composition musicale est continue, sans
refrain ni répétition strophique. Cette grande liberté, ajoutée à l’étroite liaison
de la musique à la poésie, permet la plus vive expression des sentiments.
     4. Il s’agit moins de vouloir mettre en jeu des sons supplémentaires à la
gamme diatonique, que de profiter des effets sensibles produits par le biais
d’intervalles minimes, demi-tons, tiers de ton, ou moindres. En ce sens, on
s’éloigne quelque peu de la notion moderne de chromatisme, et l’on veut plutôt
désigner un procédé (qui peut être enharmonique) permettant de «colorer» la
ligne, prévisible, du mode diatonique.

                                        31                                                                                   32