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CHORÉGRAPHIE
LE BALLET EN RUSSIE
Alors que l’art du ballet décline dangereusement en Occident où certains
proclament déjà sa proche disparition, il connaît en Russie une faveur
exceptionnelle. Pour comprendre celle-ci, il importe d’effectuer un rapide
retour en arrière. A l’instar de la France, dont elle a du reste longtemps subi
l’influence, la Russie a bientôt offert à la danse académique un terrain
particulièrement favorable.
A l’instigation du maître à danser français Jean-Baptiste Landé, l’Ecole
impériale du Théâtre ou Ecole de Ballet était fondée le 4 mai 1738.
L’impératrice Catherine II s’intéresse particuliérement à l’activité des théâtres
impériaux. A sa demande, le chorégraphe autrichien Hilverding séjoume six ans
à Saint-Pétersbourg où, assisté de son élève Angiolini, il règle de nombreux
ballets mythologiques. A son départ, Angiolini lui succède, composant en 1766
un ballet héroïque Didon abandonnée, puis en 1768 Armide et Rinaldo. Il
trouve un rival en la personne de Pierre Granger, chorégraphe très fécond. En
1786, Charles Le Picq s’établit à Saint-Pétersbourg. Rapidement ses talents de
maître de ballet éclipsent ceux pourtant remarquables de danseur. Tout en
montant des œuvres de Maximilien Gardel comme le Déserteur, de Noverre
Médée et Jason, il présente des créations aussi diverses qu’Amour et Psyché
(1796) et Bergère (1790).
A la fin du siècle, le tzar Paul I
er
bannit les danseurs de la scène et favorise
le travesti aimablement porté par Nastenka Berilova. Toutefois Chevalier-
Bresson, bon danseur et chorégraphe, étudie les danses populaires slaves. Mais
une personnalité plus puissante va éclipser ces précurseurs.
Le français Charles Didelot (1769–1837), né à Stockholm a été formé à
Paris par Dauberval et Vestris; à Londres, il a rencontré Noverre. Tour à tour, il
a été attaché aux Opéras de Paris et de Lyon. En 1801, à l’époque où il accepte
un engagement à Saint-Pétersbourg, c’est déjà un homme célèbre que
Bournonville pourra considérer comme le «plus grand chorégraphe après
Noverre». Négligeant la virtuosité gratuite, il cultive la technique, mais accorde
à la pantomime un rôle important. En fait, il s’efforce de fondre danse et jeu
dramatique, apprécie le grand spectacle, réforme le costume et recherche
volontiers les effets féeriques. Pouchkine écrira: «Les ballets de M. Didelot sont
marqués au cachet d’une imagination vive et d’un charme prodigieux».
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Collaborant étroitement avec le musicien, Didelot s’applique à toujours
accorder la chorégraphie avec la nationalité et le caractère du personnage
évoqué. Aussi ses ballets sont-ils parfaitement intelligibles.
En 1802, il débute en présentant Apollon et Daphné, mais consacrera tous
ses efforts à l’Ecole de Danse. Contrairement à ce qui se passe en France à
l’époque, les danseuses surpassent alors les danseurs et l’on est obligé
d’engager des artistes étrangers. La charmante Maria Danilova est déjà célèbre
en 1809, meurt à l’âge de dix-sept ans l’année suivante. La guerre entraîne en
1812 le départ des Français. Seuls restent le chorégraphe Auguste et Walsberg
qui montent des œuvres patriotiques.
En 1816, Didelot revient, mais cette fois avec des pouvoirs presque
dictatoriaux. De 1817 à 1828, date de sa retraite, il règle plus de trente ballets
dont plusieurs chefs-d’œuvre qui se maintiendront longtemps au répertoire, tel
le Prisonnier du Caucase (1823) d’après Pouchkine. Parmi ses interprètes se
distingue Holtz futur doyen du ballet russe. Dès 1820, s’impose l’aérienne
Advotia Istomina que Pouchkine admire pivotant lentement sur un pied,
bondissant, puis s’envolant «tel un léger duvet sous le souffle d’Eole». Mais les
directeurs des Théâtres impériaux admettent de moins en moins le caractère
indépendant de Didelot. Oubliant son prodigieux travail et son apport précieux
tant au répertoire qu’à l’Ecole, le prince Gagarine l’invite à donner sa démission.
Sous l’influence d’un de ses disciples, Aldetz, une école de danse a été
fondée en 1809 à Moscou, école placée à partir de 181l sous la direction de
Glouckovski. Chorégraphe original, il forme un corps de ballet susceptible de
rivaliser dans les années trente avec celui de Saint-Pétersbourg. Le public
moscovite préfère la fougue chaleureuse, l’expression dramatique à la rigueur et
à la délicatesse recherchées par les pétersbourgeois. Cette distinction entre les
deux écoles se maintiendra jusqu’à nos jours. La venue de Carlo Blasis en 1856
donne un nouvel essor à la troupe du théâtre Bolchoï où triomphe Ekaterina
Samkovskaya qui sera plus tard le professeur de Constantin Stanislawsky.
Après le départ de Didelot, et celui d’Auguste, le ballet décline dans la
capitale. Cette décadence prête un relief supplémentaire à l’apparition de Marie
Taglioni en 1837. Très vite idolâtrée, la sylphide restera durant cinq ans à Saint-
Pétersbourg. L’influence de la ballerine se fait sentir sur Elena Andréïanova
(1819–1857) qui crée en 1842 Giselle. A ses côtés débute dans Paquita, en
1847, un jeune danseur français, Marius Petipa.
L’année suivante, Fanny Elssler subjugue les Russes par son jeu
dramatique. Elle se produit habituellement dans les ballets de Jules Perrot. Tous
deux triomphent dans la Esméralda, chef-d’œuvre qui enthousiasme
CHORÉGRAPHIE Collaborant étroitement avec le musicien, Didelot s’applique à toujours
accorder la chorégraphie avec la nationalité et le caractère du personnage
évoqué. Aussi ses ballets sont-ils parfaitement intelligibles.
LE BALLET EN RUSSIE
En 1802, il débute en présentant Apollon et Daphné, mais consacrera tous
ses efforts à l’Ecole de Danse. Contrairement à ce qui se passe en France à
Alors que l’art du ballet décline dangereusement en Occident où certains
l’époque, les danseuses surpassent alors les danseurs et l’on est obligé
proclament déjà sa proche disparition, il connaît en Russie une faveur
d’engager des artistes étrangers. La charmante Maria Danilova est déjà célèbre
exceptionnelle. Pour comprendre celle-ci, il importe d’effectuer un rapide
en 1809, meurt à l’âge de dix-sept ans l’année suivante. La guerre entraîne en
retour en arrière. A l’instar de la France, dont elle a du reste longtemps subi
1812 le départ des Français. Seuls restent le chorégraphe Auguste et Walsberg
l’influence, la Russie a bientôt offert à la danse académique un terrain
qui montent des œuvres patriotiques.
particulièrement favorable.
En 1816, Didelot revient, mais cette fois avec des pouvoirs presque
A l’instigation du maître à danser français Jean-Baptiste Landé, l’Ecole
dictatoriaux. De 1817 à 1828, date de sa retraite, il règle plus de trente ballets
impériale du Théâtre ou Ecole de Ballet était fondée le 4 mai 1738.
dont plusieurs chefs-d’œuvre qui se maintiendront longtemps au répertoire, tel
L’impératrice Catherine II s’intéresse particuliérement à l’activité des théâtres
le Prisonnier du Caucase (1823) d’après Pouchkine. Parmi ses interprètes se
impériaux. A sa demande, le chorégraphe autrichien Hilverding séjoume six ans
distingue Holtz futur doyen du ballet russe. Dès 1820, s’impose l’aérienne
à Saint-Pétersbourg où, assisté de son élève Angiolini, il règle de nombreux
Advotia Istomina que Pouchkine admire pivotant lentement sur un pied,
ballets mythologiques. A son départ, Angiolini lui succède, composant en 1766
bondissant, puis s’envolant «tel un léger duvet sous le souffle d’Eole». Mais les
un ballet héroïque Didon abandonnée, puis en 1768 Armide et Rinaldo. Il
directeurs des Théâtres impériaux admettent de moins en moins le caractère
trouve un rival en la personne de Pierre Granger, chorégraphe très fécond. En
indépendant de Didelot. Oubliant son prodigieux travail et son apport précieux
1786, Charles Le Picq s’établit à Saint-Pétersbourg. Rapidement ses talents de
tant au répertoire qu’à l’Ecole, le prince Gagarine l’invite à donner sa démission.
maître de ballet éclipsent ceux pourtant remarquables de danseur. Tout en
Sous l’influence d’un de ses disciples, Aldetz, une école de danse a été
montant des œuvres de Maximilien Gardel comme le Déserteur, de Noverre
fondée en 1809 à Moscou, école placée à partir de 181l sous la direction de
Médée et Jason, il présente des créations aussi diverses qu’Amour et Psyché
Glouckovski. Chorégraphe original, il forme un corps de ballet susceptible de
(1796) et Bergère (1790).
rivaliser dans les années trente avec celui de Saint-Pétersbourg. Le public
A la fin du siècle, le tzar Paul Ier bannit les danseurs de la scène et favorise
moscovite préfère la fougue chaleureuse, l’expression dramatique à la rigueur et
le travesti aimablement porté par Nastenka Berilova. Toutefois Chevalier-
à la délicatesse recherchées par les pétersbourgeois. Cette distinction entre les
Bresson, bon danseur et chorégraphe, étudie les danses populaires slaves. Mais
deux écoles se maintiendra jusqu’à nos jours. La venue de Carlo Blasis en 1856
une personnalité plus puissante va éclipser ces précurseurs.
donne un nouvel essor à la troupe du théâtre Bolchoï où triomphe Ekaterina
Le français Charles Didelot (1769–1837), né à Stockholm a été formé à
Samkovskaya qui sera plus tard le professeur de Constantin Stanislawsky.
Paris par Dauberval et Vestris; à Londres, il a rencontré Noverre. Tour à tour, il
Après le départ de Didelot, et celui d’Auguste, le ballet décline dans la
a été attaché aux Opéras de Paris et de Lyon. En 1801, à l’époque où il accepte
capitale. Cette décadence prête un relief supplémentaire à l’apparition de Marie
un engagement à Saint-Pétersbourg, c’est déjà un homme célèbre que
Taglioni en 1837. Très vite idolâtrée, la sylphide restera durant cinq ans à Saint-
Bournonville pourra considérer comme le «plus grand chorégraphe après
Pétersbourg. L’influence de la ballerine se fait sentir sur Elena Andréïanova
Noverre». Négligeant la virtuosité gratuite, il cultive la technique, mais accorde
(1819–1857) qui crée en 1842 Giselle. A ses côtés débute dans Paquita, en
à la pantomime un rôle important. En fait, il s’efforce de fondre danse et jeu
1847, un jeune danseur français, Marius Petipa.
dramatique, apprécie le grand spectacle, réforme le costume et recherche
L’année suivante, Fanny Elssler subjugue les Russes par son jeu
volontiers les effets féeriques. Pouchkine écrira: «Les ballets de M. Didelot sont
dramatique. Elle se produit habituellement dans les ballets de Jules Perrot. Tous
marqués au cachet d’une imagination vive et d’un charme prodigieux».
deux triomphent dans la Esméralda, chef-d’œuvre qui enthousiasme
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