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certainement lors de son séjour à Paris) ou auditeurs de choix, se réunissent
chaque dimanche chez Baïf, et doivent observer la règle absolue du secret
musical, nul autre que les membres ne devant connaître les œuvres exécutées
lors des concerts.
L’Académie se veut aussi un lieu de formation de jeunes poètes et
musiciens talentueux, pliés aux nouvelles règles rythmiques. De fait, elle va
avoir une influence profonde sur l’histoire de la chanson: la renaissance de la
mesure antique, véritable quantification de la poésie et de la musique, aura pour
ultime conséquence l’apparition de la barre de mesure, devenue nécessaire dès
que le rythme s’assouplit: emploi de valeurs plus courtes, disparition de la
scansion usuelle (de genre binaire-ternaire). Autrement dit, les barres de mesure
indiquent que l’on ne chante plus avec mesure...
L’Académie ne survivra pas à Charles IX, qui meurt en 1573, et sera
remplacée sous Henri III par l’Académie du Palais, siégeant au Louvre, qui va
plutôt cultiver l’esprit tout différent de la Contre-Réforme. De fait, les régions
du Nord ne subiront guère l’influence de cette initiative radicale: la vague
italianisante continue de déferler, signe précurseur du nouvel art baroque à
venir.
L’influence du madrigal italien
C’est la chanson polyphonique parisienne qui subit le plus l’influence
italienne: dans la seconde moitié du siècle, la forme poétique la plus répandue
devient le sonnet, la tendance est à l’écriture à cinq voix, norme du nouveau
madrigal, et la mélodie, dont la ligne se libère, s’écarte des bases populaires du
début du siècle. Roland de Lassus (1532–1594), compositeur flamand établi à la
cour de Münich, dont il occupe le poste de maître de chapelle jusqu’à sa mort,
fait partie de ces musiciens qui vont contributer à l’assimilation et au triomphe
du nouveau style italien. Il passe en effet ses années de jeunesse en Italie, où il
parfait sa formation de chanteur, et très vite, trouvant dans le madrigal le
matériau d’un langage musical plus riche, il s’éloigne de ses prédécesseurs
néerlandais. Dans ses chansons par exemple, dont les thèmes grivois dénotent la
filiation au genre et à l’esprit de la chanson française, il adopte volontiers une
écriture plus claire, recherchant l’expressivité par tous les moyens, aussi bien
harmoniques que mélodiques.
Profondément humaniste, curieux de tout et se ralliant à tous les styles,
profondément pénétré de l’ardeur de la Contre-Réforme dans sa musique
religieuse, profondément enclin aux plaisanteries les plus folles et au burlesque
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le plus rabelaisien: tels sont les grands traits de la personnalité de Lassus, qui
imprègne fortement toute son œuvre, reflet d’un talent aux multiples aspects
que ne manqueront pas d’honorer et célébrer rois et poètes. Ce ne sont sans
doute pas ses messes, dans lesquelles il fait preuve d’une grande science
contrapuntique mais dont le contenu imposé l’entrave plus ou moins, mais bien
plutôt ses motets (le seul Magnum opus musicum en contient plus de cinq
cents!), qui dévoilent son véritable caractère, plein d’imagination et d’émotion.
Le choix des textes – par curiosité, il préfère ceux qui n’ont pas déjà été mis en
musique – favorise l’epanchement triste, l’inquiétude face à la destinée
humaine. Quant à la forme de ces motets, qui peuvent atteindre jusqu’à douze
voix (on est au point culminant de la polyphonie), elle est tout entière chargée
d’exprimer le contenu émotionnel et pictural du texte; Lassus se plaît surtout
aux effets de surprise et d’inattendu: la ligne mélodique est coupée de larges
sauts ou de silences soudains, les rythmes sont contrastés, le style passe sans
cesse de l’écriture polyphonique à l’écriture verticale. Reconnu par tous ses
contemporains, à l’égal de Josquin, comme un génial compositeur, son œuvre
est éditée partout, de Münich à Venise, en passant par Paris.
La chanson en forme d’air
Ce nouveau type de chanson, moins étroit et plus évolutif que le type
parisien, apparaît vers le milieu du siècle. Son origine est à chercher dans une
certaine forme de chanson populaire, dont on chantait les différents couplets sur
une même musique. Cette vogue de la chanson strophique annonce ce qui, dès
1570, prendra le nom d’«air», puis l’«air de cour» de la fin du siècle.
Humanistes et poètes, ceux de la Pléiade en particulier, s’y attachent aussitôt,
dans l’intention toujours renouvelée de favoriser l’union de la musique et de la
poésie. C’est à Pierre de Ronsard qu’il revient d’avoir défini les règles précises
de ce jeu savant, notamment dans son Abrégé de l’Art poétique français, illustré
en 1552 par la parution de son écrit Amours, qu’accompagne un supplément
musical des compositeurs Pierre Certon, Claude Goudimel, Clément Janequin,
et Marc-Antoine de Muret. Dorénavant, tout livre de chansons est édité sous les
noms communs du poète et du musicien qui en sont les auteurs, dont la
collaboration est d’ailleurs encouragée de tout côté, par les princes éclairés et
mécènes amateurs de musique, les humanistes mélomanes; partout, du salon
parisien au château provincial, l’on chante, accompagné du luth, ces chansons,
ces airs, tout autant que l’on discute des problèmes musicaux qui sont posés.
certainement lors de son séjour à Paris) ou auditeurs de choix, se réunissent le plus rabelaisien: tels sont les grands traits de la personnalité de Lassus, qui chaque dimanche chez Baïf, et doivent observer la règle absolue du secret imprègne fortement toute son œuvre, reflet d’un talent aux multiples aspects musical, nul autre que les membres ne devant connaître les œuvres exécutées que ne manqueront pas d’honorer et célébrer rois et poètes. Ce ne sont sans lors des concerts. doute pas ses messes, dans lesquelles il fait preuve d’une grande science L’Académie se veut aussi un lieu de formation de jeunes poètes et contrapuntique mais dont le contenu imposé l’entrave plus ou moins, mais bien musiciens talentueux, pliés aux nouvelles règles rythmiques. De fait, elle va plutôt ses motets (le seul Magnum opus musicum en contient plus de cinq avoir une influence profonde sur l’histoire de la chanson: la renaissance de la cents!), qui dévoilent son véritable caractère, plein d’imagination et d’émotion. mesure antique, véritable quantification de la poésie et de la musique, aura pour Le choix des textes – par curiosité, il préfère ceux qui n’ont pas déjà été mis en ultime conséquence l’apparition de la barre de mesure, devenue nécessaire dès musique – favorise l’epanchement triste, l’inquiétude face à la destinée que le rythme s’assouplit: emploi de valeurs plus courtes, disparition de la humaine. Quant à la forme de ces motets, qui peuvent atteindre jusqu’à douze scansion usuelle (de genre binaire-ternaire). Autrement dit, les barres de mesure voix (on est au point culminant de la polyphonie), elle est tout entière chargée indiquent que l’on ne chante plus avec mesure... d’exprimer le contenu émotionnel et pictural du texte; Lassus se plaît surtout L’Académie ne survivra pas à Charles IX, qui meurt en 1573, et sera aux effets de surprise et d’inattendu: la ligne mélodique est coupée de larges remplacée sous Henri III par l’Académie du Palais, siégeant au Louvre, qui va sauts ou de silences soudains, les rythmes sont contrastés, le style passe sans plutôt cultiver l’esprit tout différent de la Contre-Réforme. De fait, les régions cesse de l’écriture polyphonique à l’écriture verticale. Reconnu par tous ses du Nord ne subiront guère l’influence de cette initiative radicale: la vague contemporains, à l’égal de Josquin, comme un génial compositeur, son œuvre italianisante continue de déferler, signe précurseur du nouvel art baroque à est éditée partout, de Münich à Venise, en passant par Paris. venir. La chanson en forme d’air L’influence du madrigal italien Ce nouveau type de chanson, moins étroit et plus évolutif que le type C’est la chanson polyphonique parisienne qui subit le plus l’influence parisien, apparaît vers le milieu du siècle. Son origine est à chercher dans une italienne: dans la seconde moitié du siècle, la forme poétique la plus répandue certaine forme de chanson populaire, dont on chantait les différents couplets sur devient le sonnet, la tendance est à l’écriture à cinq voix, norme du nouveau une même musique. Cette vogue de la chanson strophique annonce ce qui, dès madrigal, et la mélodie, dont la ligne se libère, s’écarte des bases populaires du 1570, prendra le nom d’«air», puis l’«air de cour» de la fin du siècle. début du siècle. Roland de Lassus (1532–1594), compositeur flamand établi à la Humanistes et poètes, ceux de la Pléiade en particulier, s’y attachent aussitôt, cour de Münich, dont il occupe le poste de maître de chapelle jusqu’à sa mort, dans l’intention toujours renouvelée de favoriser l’union de la musique et de la fait partie de ces musiciens qui vont contributer à l’assimilation et au triomphe poésie. C’est à Pierre de Ronsard qu’il revient d’avoir défini les règles précises du nouveau style italien. Il passe en effet ses années de jeunesse en Italie, où il de ce jeu savant, notamment dans son Abrégé de l’Art poétique français, illustré parfait sa formation de chanteur, et très vite, trouvant dans le madrigal le en 1552 par la parution de son écrit Amours, qu’accompagne un supplément matériau d’un langage musical plus riche, il s’éloigne de ses prédécesseurs musical des compositeurs Pierre Certon, Claude Goudimel, Clément Janequin, néerlandais. Dans ses chansons par exemple, dont les thèmes grivois dénotent la et Marc-Antoine de Muret. Dorénavant, tout livre de chansons est édité sous les filiation au genre et à l’esprit de la chanson française, il adopte volontiers une noms communs du poète et du musicien qui en sont les auteurs, dont la écriture plus claire, recherchant l’expressivité par tous les moyens, aussi bien collaboration est d’ailleurs encouragée de tout côté, par les princes éclairés et harmoniques que mélodiques. mécènes amateurs de musique, les humanistes mélomanes; partout, du salon Profondément humaniste, curieux de tout et se ralliant à tous les styles, parisien au château provincial, l’on chante, accompagné du luth, ces chansons, profondément pénétré de l’ardeur de la Contre-Réforme dans sa musique ces airs, tout autant que l’on discute des problèmes musicaux qui sont posés. religieuse, profondément enclin aux plaisanteries les plus folles et au burlesque 29 30
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