Сборник текстов на французском языке (для студентов факультета культуры и искусств). Литвинова В.М. - 24 стр.

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associations culturelles des rencontres et des débats. Le théâtre se trouve, avec
le métier dacteur et ses problèmes, au centre des préoccupations des ouvriers,
des employés, des étudiants. Ce dialogue vivant, cette initiation des masses
travailleuses à la poésie de lart scénique liaient étroitement le nouveau public
et son théâtre.
Les célèbres week-ends et nuits TNP symbolisaient cette union. Après la
représentation sorganisaient de grandes fêtes publiques où participaient les
acteurs prestigieux du TNP et les spectateurs. On pouvait danser avec Marie
Casarès, Daniel Sorano, Gérard Philipe, dîner à leur côté, et le dialogue
sengageait sur la pièce, le métier du comédien, lactivité de la compagnie, les
rôles des acteurs. Ces fêtes autour des spectacles durant deux jours de suite
(samedi-dimanche, la fin de la semaine) on les appelait week-ends et nuits TNP.
Des milliers de spectateurs ont eu le goût des grandes œuvres du passé,
auxquelles laccès leur était offert par la politique culturelle de J. Vilar. Le TNP
devient une véritable Maison de la culture publique, où lon organise des
concerts, des lectures, des débats, des bals populaires, autour dun spectacle,
avec la participation des acteurs du TNP ces initiatives de J. Vilar lui
attiraient un public démocratique, des fidèles de son théâtre.
Tout cela fait que le TNP devient un phénomène social sans précédent dans
toute l’histoire du théâtre européen.
Le TNP eut ses fervents parmi les spectateurs soviétiques, quand il vint en
tournée à Léningrad et à Moscou (1956). Le public soviétique a beaucoup
apprécié lart noble de ladmirable équipe de J. Vilar. Les trois spectacles
montrés en U.R.S.S. eurent un accueil chaleureux; Marie Tudor de Hugo, Don
Juan de Molière et le Triomphe de I’amour de Marivaux.
Le TNP de Jean Vilar
1945: La France est libérée. Dans tous les secteurs de lactivité nationale
cest le temps des inventaires et des bilans. Ils sont les uns et les autres bien
souvent consternants, notamment dans le domaine du théâtre.
On découvre brusquement que le théâtre français est totalement inadapté à
un monde en plein mutation.
Il y a cinquante et un théâtrès en province.
Paris posséde 52 théâtrès, soit un pour 90 mille habitants. Mais les
structures commerciales, les impératifs économiques, les taxes prélevées par
lEtat hypothèquent lourdement toutes les tentatives entreprises pour faire du
théâtre autre chose quun luxe, un divertissement réservé à ceux qui ont les
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moyens de s’offrir une soirée d’évasion. Au plan même du répertoire quel
divorce entre la réalité historique et les sujets traités. La Résistance, prodigieuse
muse des poètes, na inspiré aux auteurs dramatiques français que trois pièces
importantes: les Mouches de J.-P. Sartre, jouée dès 1943, puis après
loccupation, les Nuits de la colère dA. Salacrou et, encore de Sartre Morts
sans sépulture.
On croirait que le théâtre ne se sent pas concerné par les événements, et,
tandis que le Boulevard reste solidement implanté dans les principales salles du
centre de Paris, les animateurs désireux de rompre avec les spectacles digestifs
ou faussement littéraires G. Baty, L. Jouvet, J.-L. Barrault continuent sur la
lancée de J. Copeau et du Cartel pour le plaisir dun public restreint, en frôlant
souvent la faillite quand ils ny sont pas précipités comme Ch. Dullin.
Les problèmes et les conditions d’existence d’un théâtre vivant et populaire
out été abordés il y a longtemps mais sur deux plans qui semblent devoir rester
immuablement parallèles. Le renouvellement du langage scénique tenté par
Copeau et les hommes du Cartel a conservé une allure formaliste, quoi quil ait
pu en être des intentions de ses promoteurs.
La conquête d’un vaste public populaire, si chère à Firmin Gémier n’a pas
abouti.
Le TNP naît en 1951. La grande Fête du Théâtre recommence enfin,
dispensatrice de Beauté et de Culture, la Fête dont rêvaient les révolutionnaires
de 1789, Romain Rolland, Maurice Pottecher, Firmin Gémier... Mais Jean Vilar
et son TNP si désireux de faire communier leur public dans ce double culte de
la Beauté et de la Culture, si attentifs à éviter toute ségrégation sociale et
politique des spectateurs, ne vont pas tarder à se trouver pris entre les critiques
de droite et de gauche.
Qu’ils le veuillent ou non, on leur fait prendre parti. Et ils vont prendre
parti avec une détermination croissante, revendiquant leurs responsibilités
civiques après les avoir subies. Le TNP devient alors un théâtre de la
conscience civique dont les spectacles soulèvent les problèmes de la cité, tant
par leur présentation que par les réactions quils suscitent, comme dans toutes
les grandes périodes de lart dramatique au fil des siècles. Cela est si vrai quun
fort pourcentage des œuvres inscrites au répertoire sont montées et accueillies
comme autant de reflets de la tragédie de notre temps et dinterventions dans les
événements politiques de l’époque fort agitée qui va de 1947 à 1963.
Le théâtre de Vilar apparaît comme un théâtre d’héritier. Il faut souligner
ce que le directeur du TNP possède en commun avec ses grands devanciers
associations culturelles des rencontres et des débats. Le théâtre se trouve, avec      moyens de s’offrir une soirée d’évasion. Au plan même du répertoire quel
le métier d’acteur et ses problèmes, au centre des préoccupations des ouvriers,        divorce entre la réalité historique et les sujets traités. La Résistance, prodigieuse
des employés, des étudiants. Ce dialogue vivant, cette initiation des masses           muse des poètes, n’a inspiré aux auteurs dramatiques français que trois pièces
travailleuses à la poésie de l’art scénique liaient étroitement le nouveau public      importantes: les Mouches de J.-P. Sartre, jouée dès 1943, puis après
et son théâtre.                                                                        l’occupation, les Nuits de la colère d’A. Salacrou et, encore de Sartre Morts
      Les célèbres week-ends et nuits TNP symbolisaient cette union. Après la          sans sépulture.
représentation s’organisaient de grandes fêtes publiques où participaient les               On croirait que le théâtre ne se sent pas concerné par les événements, et,
acteurs prestigieux du TNP et les spectateurs. On pouvait danser avec Marie            tandis que le Boulevard reste solidement implanté dans les principales salles du
Casarès, Daniel Sorano, Gérard Philipe, dîner à leur côté, et le dialogue              centre de Paris, les animateurs désireux de rompre avec les spectacles digestifs
s’engageait sur la pièce, le métier du comédien, l’activité de la compagnie, les       ou faussement littéraires – G. Baty, L. Jouvet, J.-L. Barrault – continuent sur la
rôles des acteurs. Ces fêtes autour des spectacles durant deux jours de suite          lancée de J. Copeau et du Cartel pour le plaisir d’un public restreint, en frôlant
(samedi-dimanche, la fin de la semaine) on les appelait week-ends et nuits TNP.        souvent la faillite quand ils n’y sont pas précipités comme Ch. Dullin.
      Des milliers de spectateurs ont eu le goût des grandes œuvres du passé,               Les problèmes et les conditions d’existence d’un théâtre vivant et populaire
auxquelles l’accès leur était offert par la politique culturelle de J. Vilar. Le TNP   out été abordés il y a longtemps mais sur deux plans qui semblent devoir rester
devient une véritable Maison de la culture publique, où l’on organise des              immuablement parallèles. Le renouvellement du langage scénique tenté par
concerts, des lectures, des débats, des bals populaires, autour d’un spectacle,        Copeau et les hommes du Cartel a conservé une allure formaliste, quoi qu’il ait
avec la participation des acteurs du TNP – ces initiatives de J. Vilar lui             pu en être des intentions de ses promoteurs.
attiraient un public démocratique, des fidèles de son théâtre.                              La conquête d’un vaste public populaire, si chère à Firmin Gémier n’a pas
      Tout cela fait que le TNP devient un phénomène social sans précédent dans        abouti.
toute l’histoire du théâtre européen.                                                       Le TNP naît en 1951. La grande Fête du Théâtre recommence enfin,
      Le TNP eut ses fervents parmi les spectateurs soviétiques, quand il vint en      dispensatrice de Beauté et de Culture, la Fête dont rêvaient les révolutionnaires
tournée à Léningrad et à Moscou (1956). Le public soviétique a beaucoup                de 1789, Romain Rolland, Maurice Pottecher, Firmin Gémier... Mais Jean Vilar
apprécié l’art noble de l’admirable équipe de J. Vilar. Les trois spectacles           et son TNP si désireux de faire communier leur public dans ce double culte de
montrés en U.R.S.S. eurent un accueil chaleureux; Marie Tudor de Hugo, Don             la Beauté et de la Culture, si attentifs à éviter toute ségrégation sociale et
Juan de Molière et le Triomphe de I’amour de Marivaux.                                 politique des spectateurs, ne vont pas tarder à se trouver pris entre les critiques
                                                                                       de droite et de gauche.
                          Le TNP de Jean Vilar                                              Qu’ils le veuillent ou non, on leur fait prendre parti. Et ils vont prendre
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     1945: La France est libérée. Dans tous les secteurs de l’activité nationale       civiques après les avoir subies. Le TNP devient alors un théâtre de la
c’est le temps des inventaires et des bilans. Ils sont les uns et les autres bien      conscience civique dont les spectacles soulèvent les problèmes de la cité, tant
souvent consternants, notamment dans le domaine du théâtre.                            par leur présentation que par les réactions qu’ils suscitent, comme dans toutes
     On découvre brusquement que le théâtre français est totalement inadapté à         les grandes périodes de l’art dramatique au fil des siècles. Cela est si vrai qu’un
un monde en plein mutation.                                                            fort pourcentage des œuvres inscrites au répertoire sont montées et accueillies
     Il y a cinquante et un théâtrès en province.                                      comme autant de reflets de la tragédie de notre temps et d’interventions dans les
     Paris posséde 52 théâtrès, soit un pour 90 mille habitants. Mais les              événements politiques de l’époque fort agitée qui va de 1947 à 1963.
structures commerciales, les impératifs économiques, les taxes prélevées par                Le théâtre de Vilar apparaît comme un théâtre d’héritier. Il faut souligner
l’Etat hypothèquent lourdement toutes les tentatives entreprises pour faire du         ce que le directeur du TNP possède en commun avec ses grands devanciers
théâtre autre chose qu’un luxe, un divertissement réservé à ceux qui ont les
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