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pour faire apparaître que «le courant Copeau» et «le courant Gémier»
généralement tenus pour parallèles, se rejoignent en 1951.
Le TNP entend offrir les plus belles œuvres au plus grand nombre. Une
analyse statistique du répertoire fait clairement apparaître la place considérable
qu’y tiennent les classiques, en particulier ceux du XVII
e
siècle français, et quel
succès ils remportent.
Une étude sociologique du public, dans les conditions de l’époque,
explique cet état de choses: pour des couches sociales qui parviennent à
maturité (le secteur tertiaire) le «standing culturel» tend à devenir presque aussi
indispensable que le «standing matériel». Les chefs-d’œuvre classiques
répondent à l’appétit de culture d’un public neuf, sinon populaire.
DRAMATURGIE RUSSE AU THÉÂTRE FRANÇAIS
L’intérêt pour le théâtre russe qu’on voit apparaître en France dès le XIX
e
siècle, va toujours croissant surtout dans l’après-guerre, constatait André
Barsacq. La Libération apporte en masse sur les scènes de Paris les œuvres de
Gogol, Dostoïevsky, Tchekhov, Tourgueniev. La victoire de l’U.R.S.S. dans la
deuxième guerre mondiale avait excité l’intérêt pour la nation russe son âme
puissante, et sa volonté ferme, pour ses auteurs qui s’attachaient à l’exprimer.
Un rôle marquant revient à André Barsacq qui, dès sa première création
des Frères Karamazov (théâtre de l’Atelier, 1946) jusqu’à 1973 (sa mort) est
resté fidèle à l’art classique russe, à sa vérité psychologique. Le répertoire russe
au théâtre de l’Atelier, dirigé par A. Barsacq contribuait dans la France d’après-
guerre à retrouver un bon climat moral, à rendre aux Français la foi perdue en
eux-mêmes. C’étaient la même mission, la même aspiration qui guidaient à
l’époque J. Vilar, J.-L. Barrault dans leurs recherches du renouveau théâtral.
Dans le contexte du combat pour la dignité nationale et humaine des Français
les créations russes d’A. Barsacq à l’Atelier ont joué un rôle de première
importance. Depuis les Frères Karamazov (1946), spectacle présenté à l’Atelier
plus de 220 fois, A. Barsacq a créé toute une série de spectacles russes: le
Revizor de Gogol (1948), l’Idiot (1966) et Crime et châtiment (1973) de
Dostoïevski, la Punaise (1959) de Maïakovski, la Mouette (1953), l’Ours
(1958), les Trois sœurs (1966) de Tchekhov, Un mois à la campagne (1963), la
Provinciale (1965) de Tourgueniev, la Forêt (1970) d’Ostrovski, Mon destin
moqueur (1969) de Maliouguine. Plusieurs de ses créations ont marqué la vie
artistique de Paris, comme la représentation de l’Idiot à l’Atelier. Un combat
violent intérieur des héros de Dostoïevski, leurs recherches inlassables d’une
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issue pour sortir de l’impasse de la vie redonnaient au spectacle une grande
valeur humaniste, tout en accentuant l’idée d’une vive compassion pour «les
humiliés et les offensés».
Un succès immense va couronner la pièce de Tourgueniev Un mois à la
campagne, montée par A. Barsacq à l’Atelier en 1963. La critique française en
parlait comme d’une extraordinaire création scénique où l’art de la mise en
scène, de la scénographie, du jeu d’acteurs dégageait une parfaite harmonie,
aboutissait à la création d’une ambiance, d’une émotion sans égales. Un mois à
la campagne fut apprécié comme un exemple idéal de l’assimilation nationale
française d’un auteur russe.
On peut voir le mérite d’A. Barsacq, avant tout, dans sa tentative réussie de
réunir deux cultures nationales, de pénétrer dans l’essence même de la pièce de
Tourgueniev. Les grandes idées éthiques du spectacle monté par A. Barsacq,
dans le contexte des recherches théâtrales des années 60 en ont fait un
événement capital dans la vie artistique de Paris. Réalisé à l’époque où le
théâtre de l’absurde faisait encore la loi dans la capitale française, Un mois à la
campagne, pénétré d’une poésie et d’une beauté extraordinaires, se faisait
estimer à juste titre comme un défi aux idées de «l’avant-garde», de l’absurde.
Les auteurs russes, surtout Dostoïevski, Tchekhov, Gorki occupaient déjà à
cette époque une place d’honneur sur les affiches des théâtres français.
Des spectacles comme les Trois sœurs et la Mouette (réal. Sacha Pitoëf),
Crime et châtiment (réal. Michel Vitold, Comédie-Française), les Enfants du
Soleil (réal. George Wilson, TNP), la Mère (réal. José Valverde, Franc
Théâtre), Un mois à la campagne (réal. A. Barsacq; Comédie-Française), etc.
manifestent avec évidence l’attrait du théâtre russe pour le public français. Le
nom que les affiches des théâtres parisiens portent le plus, c’est sans doute celui
de Tchekhov, auteur dramatique russe le plus joué en France. Grâce au talent de
Georges et Ludmilla Pitoëf qui l’avaient introduit avec succès sur la scène
française dans les années 20-30, les œuvres de Tchekhov font depuis partie
intégrante du répertoire français.
En 1954, toute l’humanité commémorait le cinquantenaire de la mort de
Tchekhov. En France, un numéro spécial de la revue Europe lui a été consacré,
notamment un article de Vercors sur la portée universelle du génie russe.
L’anniversaire de Tchekhov a été marqué par le remarquable spectacle la
Cerisaie réalisé par J.-L. Barrault en 1954 au théâtre de Marigny et repris par
lui en 1960 sur la scène de l’Odéon. L’œuvre de Tchekhov longtemps maintenu
à l’affiche par ce grand animateur est devenue pour lui une espèce de manifeste,
au moment où il traversait une des plus graves périodes de ses recherches
pour faire apparaître que «le courant Copeau» et «le courant Gémier» issue pour sortir de l’impasse de la vie redonnaient au spectacle une grande généralement tenus pour parallèles, se rejoignent en 1951. valeur humaniste, tout en accentuant l’idée d’une vive compassion pour «les Le TNP entend offrir les plus belles œuvres au plus grand nombre. Une humiliés et les offensés». analyse statistique du répertoire fait clairement apparaître la place considérable Un succès immense va couronner la pièce de Tourgueniev Un mois à la qu’y tiennent les classiques, en particulier ceux du XVIIe siècle français, et quel campagne, montée par A. Barsacq à l’Atelier en 1963. La critique française en succès ils remportent. parlait comme d’une extraordinaire création scénique où l’art de la mise en Une étude sociologique du public, dans les conditions de l’époque, scène, de la scénographie, du jeu d’acteurs dégageait une parfaite harmonie, explique cet état de choses: pour des couches sociales qui parviennent à aboutissait à la création d’une ambiance, d’une émotion sans égales. Un mois à maturité (le secteur tertiaire) le «standing culturel» tend à devenir presque aussi la campagne fut apprécié comme un exemple idéal de l’assimilation nationale indispensable que le «standing matériel». Les chefs-d’œuvre classiques française d’un auteur russe. répondent à l’appétit de culture d’un public neuf, sinon populaire. On peut voir le mérite d’A. Barsacq, avant tout, dans sa tentative réussie de réunir deux cultures nationales, de pénétrer dans l’essence même de la pièce de DRAMATURGIE RUSSE AU THÉÂTRE FRANÇAIS Tourgueniev. Les grandes idées éthiques du spectacle monté par A. Barsacq, dans le contexte des recherches théâtrales des années 60 en ont fait un L’intérêt pour le théâtre russe qu’on voit apparaître en France dès le XIXe événement capital dans la vie artistique de Paris. Réalisé à l’époque où le siècle, va toujours croissant surtout dans l’après-guerre, constatait André théâtre de l’absurde faisait encore la loi dans la capitale française, Un mois à la Barsacq. La Libération apporte en masse sur les scènes de Paris les œuvres de campagne, pénétré d’une poésie et d’une beauté extraordinaires, se faisait Gogol, Dostoïevsky, Tchekhov, Tourgueniev. La victoire de l’U.R.S.S. dans la estimer à juste titre comme un défi aux idées de «l’avant-garde», de l’absurde. deuxième guerre mondiale avait excité l’intérêt pour la nation russe son âme Les auteurs russes, surtout Dostoïevski, Tchekhov, Gorki occupaient déjà à puissante, et sa volonté ferme, pour ses auteurs qui s’attachaient à l’exprimer. cette époque une place d’honneur sur les affiches des théâtres français. Un rôle marquant revient à André Barsacq qui, dès sa première création Des spectacles comme les Trois sœurs et la Mouette (réal. Sacha Pitoëf), des Frères Karamazov (théâtre de l’Atelier, 1946) jusqu’à 1973 (sa mort) est Crime et châtiment (réal. Michel Vitold, Comédie-Française), les Enfants du resté fidèle à l’art classique russe, à sa vérité psychologique. Le répertoire russe Soleil (réal. George Wilson, TNP), la Mère (réal. José Valverde, Franc au théâtre de l’Atelier, dirigé par A. Barsacq contribuait dans la France d’après- Théâtre), Un mois à la campagne (réal. A. Barsacq; Comédie-Française), etc. guerre à retrouver un bon climat moral, à rendre aux Français la foi perdue en manifestent avec évidence l’attrait du théâtre russe pour le public français. Le eux-mêmes. C’étaient la même mission, la même aspiration qui guidaient à nom que les affiches des théâtres parisiens portent le plus, c’est sans doute celui l’époque J. Vilar, J.-L. Barrault dans leurs recherches du renouveau théâtral. de Tchekhov, auteur dramatique russe le plus joué en France. Grâce au talent de Dans le contexte du combat pour la dignité nationale et humaine des Français Georges et Ludmilla Pitoëf qui l’avaient introduit avec succès sur la scène les créations russes d’A. Barsacq à l’Atelier ont joué un rôle de première française dans les années 20-30, les œuvres de Tchekhov font depuis partie importance. Depuis les Frères Karamazov (1946), spectacle présenté à l’Atelier intégrante du répertoire français. plus de 220 fois, A. Barsacq a créé toute une série de spectacles russes: le En 1954, toute l’humanité commémorait le cinquantenaire de la mort de Revizor de Gogol (1948), l’Idiot (1966) et Crime et châtiment (1973) de Tchekhov. En France, un numéro spécial de la revue Europe lui a été consacré, Dostoïevski, la Punaise (1959) de Maïakovski, la Mouette (1953), l’Ours notamment un article de Vercors sur la portée universelle du génie russe. (1958), les Trois sœurs (1966) de Tchekhov, Un mois à la campagne (1963), la L’anniversaire de Tchekhov a été marqué par le remarquable spectacle la Provinciale (1965) de Tourgueniev, la Forêt (1970) d’Ostrovski, Mon destin Cerisaie réalisé par J.-L. Barrault en 1954 au théâtre de Marigny et repris par moqueur (1969) de Maliouguine. Plusieurs de ses créations ont marqué la vie lui en 1960 sur la scène de l’Odéon. L’œuvre de Tchekhov longtemps maintenu artistique de Paris, comme la représentation de l’Idiot à l’Atelier. Un combat à l’affiche par ce grand animateur est devenue pour lui une espèce de manifeste, violent intérieur des héros de Dostoïevski, leurs recherches inlassables d’une au moment où il traversait une des plus graves périodes de ses recherches 49 50
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