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des éléments de critique sociale se font percevoir nettement si l’on examine la
situation actuelle dans la cinématographie de nos jours.
Plusieurs réalisateurs s’attachent en France à analyser le sort d’un individu
pris dans l’engrenage de contradictions sociales du monde moderne. C’est vrai
que l’aspect moral des problèmes soulevés les intéresse davantage et qu’ils
laissent parfois dans l’ombre (ou bien sans préciser) les ressorts politiques et
sociaux des événements mis au jour dans leurs films.
Le public soviétique a pu voir et apprécier bien des films français à thèse
réalisés durant une vingtaine d’années.
Ce sont les films d’A. Cayatte les Risques du métier (1967), le Chantage
(1973), les films de R. Allio Pierre et Paul (1968), de B. Tavemier l’Horloger de
Saint-Paul et le Juge et l’Assassin (1975), d’Y. Boisset le Juge Fayard dit le shérif
(1976), la Femme-flic (1980), d’E. Périer Un si joli village (1979) et d’autres.
* * * * *
La Production nationale a souvent reflété avec plus ou moins de bonheur
les préoccupations sociales des auteurs. Le cinéma ne s’est pas gêné pour
dénoncer les préjugés, les injustices, les lois «scélérates», les inégalités sociales
et les dégâts de la fameuse «société de consommation». Contrairement à une
opinion bien arrêtée, selon laquelle on ne fait pas de bonne littérature ni de bon
cinéma avec de bons sentiments, les cinéastes français ont souvent créé des
œuvres de grande qualité tout en préconisant telle ou telle réforme sociale.
André Cayatte (1909) continue à occuper la première place dans le
domaine du film à thèse et sa maîtrise est telle qu’aucune de ses démonstrations
ne sombre dans l’indifférence.
André Cayatte, ancien ténor du barreau qui conserva au studio toute sa
fougue de polémiste. Après quelques films du genre anodin, André Cayatte se
laissa emporter par son goût pour des sujets d’intérêt social. Justice est faite
(1950) est un réquisitoire contre les méthodes de la Justice et en même temps
un plaidoyer pour l’euthanasie. Le réquisitoire est dressé avec passion,
intelligence et lucidité. Dans Justice est faite une femme est accusée d’avoir tué
son amant malade pour abréger ses souffrances. Devant ce cas délicat, chacun
des jurés réagit selon son rang social, ses préoccupations morales et
sentimentales et, en fin de compte, il ne juge pas les faits selon sa conscience,
mais – en toute bonne foi – selon sa sensibilité et son égoïsme. Le film de
Cayatte était réalisé avec une telle autorité qu’il ne permettait pas au spectateur
de réflechir pendant la projection mais seulement après. Les nombreuses
polémiques suscitées par Justice est faite prouvaient bien que l’on se trouvait en
face d’une œuvre importante.
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Avec le même scénariste, Charles Spaak, le cinéaste se lance une nouvelle
fois à l’assaut de la Justice. Nous sommes tous des assassins (1952) est un
réquisitoire contre la peine de mort dont Cayatte dénonce la stupidité. Non sans
raison, on a reproché aux auteurs d’avoir présenté dans leur film des cas
d’exception. En effet, l’action a pour personnage principal un malheureux
garçon qui, ayant tué par devoir dans la Résistance, continue à tuer par
habitude. La thèse y est défendue avec habileté et Cayatte cherche à prouver
que la peine de mort n’est pas une solution aux problèmes de la délinquance.
Avec Avant le déluge (1953) Cayatte change de cible. Cette fois, c’est la société
et la famille qui sont mises en accusation parce qu’elles se font inévitablement
les pourvoyeuses des tribunaux. Les parents sont particulièrement visés qui ne
font rien pour donner aux jeunes le sentiment du devoir et qui assistent,
impuissants, au drame qui conduit leurs enfants en prison. Le Dossier noir
(1955) fut moins bien accueilli que les trois films précédents de la collaboration
Charles Spaak – André Cayatte, peut être parce que le sujet en est plus restreint.
Dans ce film les auteurs ont voulu prouver que les magistrats français sont mal
recrutés et peu préparés aux tâches qui les attendent tout simplement parce
qu’ils sont mal payés.
Par la suite comme par le passé, les films principaux d’André Cayatte
seront toujours soit un réquisitoire contre ce que le cinéaste considère comme
un abus ou une injustice, soit un plaidoyer pour une cause qu’il estime juste.
Dans la période de transition qui a suivi la fin des hostilités et dans le domaine
du cinéma de réflexion, André Cayatte a occupé une place de choix. Il
n’abandonnera d’ailleurs jamais la partie. S’inspirant des événements de mai
1968, il a composé un film audacieux les Chemins de Katmandou (1969), dans
lequel il a présenté les réactions d’une jeunesse saine, déçue par les barricades
et allant chercher une raison d’espérer et de vivre au Népal. Avec Mourir
d’aimer (1970), c’est à un cas précis que se référait André Cayatte avec la
collaboration de M
e
Albert Naud. La douloureuse et authentique histoire de
Gabrielle Russier, qui avait bouleversé l’opinion, était transposée avec passion
par un homme révolté devant l’incompréhension de ses contemporains.
Une fois déjà, André Cayatte s’était attaqué à l’hypocrisie dans les Risques
du métier (1967) où la situation était en quelque sorte inverse, un instituteur
étant accusé d’avoir voulu abuser d’une fillette de quatorze ans. Tous les
personnages, servis par un bon dialogue d’Armand Jammot, étaient d’une vérité
humaine remarquable et Jacques Brel, pour ses débuts au cinéma, se révélait un
comédien de grande classe.
des éléments de critique sociale se font percevoir nettement si l’on examine la Avec le même scénariste, Charles Spaak, le cinéaste se lance une nouvelle situation actuelle dans la cinématographie de nos jours. fois à l’assaut de la Justice. Nous sommes tous des assassins (1952) est un Plusieurs réalisateurs s’attachent en France à analyser le sort d’un individu réquisitoire contre la peine de mort dont Cayatte dénonce la stupidité. Non sans pris dans l’engrenage de contradictions sociales du monde moderne. C’est vrai raison, on a reproché aux auteurs d’avoir présenté dans leur film des cas que l’aspect moral des problèmes soulevés les intéresse davantage et qu’ils d’exception. En effet, l’action a pour personnage principal un malheureux laissent parfois dans l’ombre (ou bien sans préciser) les ressorts politiques et garçon qui, ayant tué par devoir dans la Résistance, continue à tuer par sociaux des événements mis au jour dans leurs films. habitude. La thèse y est défendue avec habileté et Cayatte cherche à prouver Le public soviétique a pu voir et apprécier bien des films français à thèse que la peine de mort n’est pas une solution aux problèmes de la délinquance. réalisés durant une vingtaine d’années. Avec Avant le déluge (1953) Cayatte change de cible. Cette fois, c’est la société Ce sont les films d’A. Cayatte les Risques du métier (1967), le Chantage et la famille qui sont mises en accusation parce qu’elles se font inévitablement (1973), les films de R. Allio Pierre et Paul (1968), de B. Tavemier l’Horloger de les pourvoyeuses des tribunaux. Les parents sont particulièrement visés qui ne Saint-Paul et le Juge et l’Assassin (1975), d’Y. Boisset le Juge Fayard dit le shérif font rien pour donner aux jeunes le sentiment du devoir et qui assistent, (1976), la Femme-flic (1980), d’E. Périer Un si joli village (1979) et d’autres. impuissants, au drame qui conduit leurs enfants en prison. Le Dossier noir ***** (1955) fut moins bien accueilli que les trois films précédents de la collaboration La Production nationale a souvent reflété avec plus ou moins de bonheur Charles Spaak – André Cayatte, peut être parce que le sujet en est plus restreint. les préoccupations sociales des auteurs. Le cinéma ne s’est pas gêné pour Dans ce film les auteurs ont voulu prouver que les magistrats français sont mal dénoncer les préjugés, les injustices, les lois «scélérates», les inégalités sociales recrutés et peu préparés aux tâches qui les attendent tout simplement parce et les dégâts de la fameuse «société de consommation». Contrairement à une qu’ils sont mal payés. opinion bien arrêtée, selon laquelle on ne fait pas de bonne littérature ni de bon Par la suite comme par le passé, les films principaux d’André Cayatte cinéma avec de bons sentiments, les cinéastes français ont souvent créé des seront toujours soit un réquisitoire contre ce que le cinéaste considère comme œuvres de grande qualité tout en préconisant telle ou telle réforme sociale. un abus ou une injustice, soit un plaidoyer pour une cause qu’il estime juste. André Cayatte (1909) continue à occuper la première place dans le Dans la période de transition qui a suivi la fin des hostilités et dans le domaine domaine du film à thèse et sa maîtrise est telle qu’aucune de ses démonstrations du cinéma de réflexion, André Cayatte a occupé une place de choix. Il ne sombre dans l’indifférence. n’abandonnera d’ailleurs jamais la partie. S’inspirant des événements de mai André Cayatte, ancien ténor du barreau qui conserva au studio toute sa 1968, il a composé un film audacieux les Chemins de Katmandou (1969), dans fougue de polémiste. Après quelques films du genre anodin, André Cayatte se lequel il a présenté les réactions d’une jeunesse saine, déçue par les barricades laissa emporter par son goût pour des sujets d’intérêt social. Justice est faite et allant chercher une raison d’espérer et de vivre au Népal. Avec Mourir (1950) est un réquisitoire contre les méthodes de la Justice et en même temps d’aimer (1970), c’est à un cas précis que se référait André Cayatte avec la un plaidoyer pour l’euthanasie. Le réquisitoire est dressé avec passion, collaboration de Me Albert Naud. La douloureuse et authentique histoire de intelligence et lucidité. Dans Justice est faite une femme est accusée d’avoir tué Gabrielle Russier, qui avait bouleversé l’opinion, était transposée avec passion son amant malade pour abréger ses souffrances. Devant ce cas délicat, chacun par un homme révolté devant l’incompréhension de ses contemporains. des jurés réagit selon son rang social, ses préoccupations morales et Une fois déjà, André Cayatte s’était attaqué à l’hypocrisie dans les Risques sentimentales et, en fin de compte, il ne juge pas les faits selon sa conscience, du métier (1967) où la situation était en quelque sorte inverse, un instituteur mais – en toute bonne foi – selon sa sensibilité et son égoïsme. Le film de étant accusé d’avoir voulu abuser d’une fillette de quatorze ans. Tous les Cayatte était réalisé avec une telle autorité qu’il ne permettait pas au spectateur personnages, servis par un bon dialogue d’Armand Jammot, étaient d’une vérité de réflechir pendant la projection mais seulement après. Les nombreuses humaine remarquable et Jacques Brel, pour ses débuts au cinéma, se révélait un polémiques suscitées par Justice est faite prouvaient bien que l’on se trouvait en comédien de grande classe. face d’une œuvre importante. 63 64
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