Сборник текстов на французском языке (для студентов факультета культуры и искусств). Литвинова В.М. - 34 стр.

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intemporel, souvrait en définitive sur la réalité contemporaine. On le considère
comme lexercice de style d’un maître à la recherche de son art. Deux ans
après, Muriel ou Le temps d’un retour (1963) est signé par A. Resnais qui y
mélange encore l’étrange et le quotidien, la beauté et la vulgarité: lamour et la
guerre (celle dAlgérie) sont, une fois de plus, les objectifs de son exploration.
Dans le film de 1966 la Guerre est finie A. Resnais revient à lanalyse de
la réalité contemporaine: on y voit le romantisme et le courage dun
révolutionnaire espagnol menant dans la clandestinité une vie pleine de
dangers. La guerre dEspagne est finie mais la lutte continue, a dit le réalisateur
pour définir son film. Après la Providence (1976) consacrée à lanalyse de
l’œuvre d’écrivain, A. Resnais monte en 1980 Mon oncle dAmérique qui sest
vu attribuer le prix special du jury au Festival de Cannes 1980. Le film a été
inspiré par les travaux du professeur Henri Laborit qui intervient au cours du
film pour nous proposer une clé bioligique de nos comportements, expliquer
«pourquoi nous aimons et nous haïssons». Malgré les accents biologiques,
lintérêt de cette œuvre d’A. Resnais déborde son cadre biologique. Le
réalisateur fait des percées sur le monde social dont les changements
économiques notamment régissent la destinée de ses personnages dans le film.
Alain Resnais: le septième souffle Providence
C’est le septième film dAlain Resnais, et cest le plus beau. Providence
explore les mystères de limaginaire et langoisse de la mort. On sort envoûté
de ce voyage au bout de la nuit.
Voici Providence. C’est un chef-d’œuvre. Cet éblouissant retour d’Alain
Resnais nous rapelle nos dettes à l’égard dun cinéaste si modeste quon en
oublie de sindigner des trop longues vacances auxquelles on le contraint.
Resnais, avec un art et une méthode qui ne sont qu’à lui, a la même importance
dans le cinéma qu’un Ingmar Bergman ou un Federico Fellini. Mais ceux-ci,
quelles que soient laridité de leur message, ou l’énormité de leurs exigences
matérielles, trouvent les moyens de poursuivre leur fabuleuse carrière. Par
contre, à 54 ans, Alain Resnais nen est qu’à son septième long métrage. Il est
resté plus de six ans sans en tourner un seul, et aurait peut-être été perdu à
jamais le cinéma français si Jean-Paul Belmondo navait pris, en 1973,
linitiative (mal comprise) de lui proposer Stavisky. Avec Providence explose la
maturité de lartiste. Et notre joie se teinte dun regret: de combien de
Providence nous a privés le malthusianisme esthétique du cinéma français?
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Car la maîtrise d’Alain Resnais, ce nest pas Providence qui nous la révèle.
Nous la connaissions de tongue date. Dès 1950, il était notre meilleur
documentaliste dart et son Van Gogh obtenait un Oscar. Guernica, Nuit et
brouillard, Toute la mémoire du monde ne sont pas de simples réussites de
courts-métrages: ce furent de véritables événements, qui déclenchèrent passions
et émotions. Dans ces films, sa caméra ausculte une toile, explore des ruines,
parcourt des corridors. Elle prend son élan pour ce fabuleux «travelling» qui va
traverser Hiroshima mon amour (unissant dans le même glissement Nevers et
Tokyo), puis toute son œuvre, pour venir mourir, apaisé, dans les sous-bois de
Providence.
A partir de 1959, Alain Resnais entame son fameux quatuor: Hiroshima
mon amour, lAnnée dernière à Marienbad, Muriel, la Guerre est finie. Avec
pour scénaristes et complices quatre romanciers: Marguerite Duras, Alain
Robbe-Grillet, Jean Cayrol et Jorge Semprun. Les deux premiers, sous le choc,
deviendront cinéastes, et le quatrième scénariste: les rencontres avec Resnais
sont marquées par la providence... De la même manière ce Hiroshima marque
l’histoire du cinéma. Pour évoquer la petite tondue de Nevers, persécutée pour
avoir aimé un soldat ennemi, et que le souvenir taraude, comme les radiations
atomiques taraudent les victimes d’Hiroshima, et comme la peur dautres
Hiroshima taraude d’humanité, Alain Resnais invente un nouveau langage. Le
Marienbad, variation subtile sur les logiques de limaginaire, Muriel, où se
dissolvent les mensonges de la vie et les structures de la ville, la Guerre est
finie, où le romantisme révolutionnaire vient buter contre les réalités
daujourdhui, approfondissent la recherche formelle et développent des thèmes
majeurs de notre époque.
UN TROISIÈME CERCLE ?
Le «jeune» cinéma français ne se constitue pas en cercle, mais en amas de
matière riche, inorganisée, en effervescence continue. Près de trois cents
metteurs en scène (ou metteuses en scènes: dans les premières années quatre-
vingt-dix, la guerre des sexes mise en avant par les analystes féministes de la
profession a perdu lessentiel de son objet) ont tourné un premier film, et plus
de la moitié de ces trois cents en a tourné un second on admet que cest ce
passage au second film qui est le véritable brevet daccès à la profession.
Il faut déjà agréger à ce pandémonium de cinéastes en activité des
atypiques qui ont une carrière, soit erratique (Jean-François Stévenin, comédien
qui a travaillé pour Truffaut, auteur libre et doué de Passe-montagne en 1978 et
intemporel, s’ouvrait en définitive sur la réalité contemporaine. On le considère          Car la maîtrise d’Alain Resnais, ce n’est pas Providence qui nous la révèle.
comme l’exercice de style d’un maître à la recherche de son art. Deux ans             Nous la connaissions de tongue date. Dès 1950, il était notre meilleur
après, Muriel ou Le temps d’un retour (1963) est signé par A. Resnais qui y           documentaliste d’art et son Van Gogh obtenait un Oscar. Guernica, Nuit et
mélange encore l’étrange et le quotidien, la beauté et la vulgarité: l’amour et la    brouillard, Toute la mémoire du monde ne sont pas de simples réussites de
guerre (celle d’Algérie) sont, une fois de plus, les objectifs de son exploration.    courts-métrages: ce furent de véritables événements, qui déclenchèrent passions
     Dans le film de 1966 la Guerre est finie A. Resnais revient à l’analyse de       et émotions. Dans ces films, sa caméra ausculte une toile, explore des ruines,
la réalité contemporaine: on y voit le romantisme et le courage d’un                  parcourt des corridors. Elle prend son élan pour ce fabuleux «travelling» qui va
révolutionnaire espagnol menant dans la clandestinité une vie pleine de               traverser Hiroshima mon amour (unissant dans le même glissement Nevers et
dangers. La guerre d’Espagne est finie mais la lutte continue, a dit le réalisateur   Tokyo), puis toute son œuvre, pour venir mourir, apaisé, dans les sous-bois de
pour définir son film. Après la Providence (1976) consacrée à l’analyse de            Providence.
l’œuvre d’écrivain, A. Resnais monte en 1980 Mon oncle d’Amérique qui s’est                A partir de 1959, Alain Resnais entame son fameux quatuor: Hiroshima
vu attribuer le prix special du jury au Festival de Cannes 1980. Le film a été        mon amour, l’Année dernière à Marienbad, Muriel, la Guerre est finie. Avec
inspiré par les travaux du professeur Henri Laborit qui intervient au cours du        pour scénaristes et complices quatre romanciers: Marguerite Duras, Alain
film pour nous proposer une clé bioligique de nos comportements, expliquer            Robbe-Grillet, Jean Cayrol et Jorge Semprun. Les deux premiers, sous le choc,
«pourquoi nous aimons et nous haïssons». Malgré les accents biologiques,              deviendront cinéastes, et le quatrième scénariste: les rencontres avec Resnais
l’intérêt de cette œuvre d’A. Resnais déborde son cadre biologique. Le                sont marquées par la providence... De la même manière ce Hiroshima marque
réalisateur fait des percées sur le monde social dont les changements                 l’histoire du cinéma. Pour évoquer la petite tondue de Nevers, persécutée pour
économiques notamment régissent la destinée de ses personnages dans le film.          avoir aimé un soldat ennemi, et que le souvenir taraude, comme les radiations
                                                                                      atomiques taraudent les victimes d’Hiroshima, et comme la peur d’autres
               Alain Resnais: le septième souffle – Providence                        Hiroshima taraude d’humanité, Alain Resnais invente un nouveau langage. Le
                                                                                      Marienbad, variation subtile sur les logiques de l’imaginaire, Muriel, où se
      C’est le septième film d’Alain Resnais, et c’est le plus beau. Providence       dissolvent les mensonges de la vie et les structures de la ville, la Guerre est
explore les mystères de l’imaginaire et l’angoisse de la mort. On sort envoûté        finie, où le romantisme révolutionnaire vient buter contre les réalités
de ce voyage au bout de la nuit.                                                      d’aujourd’hui, approfondissent la recherche formelle et développent des thèmes
      Voici Providence. C’est un chef-d’œuvre. Cet éblouissant retour d’Alain         majeurs de notre époque.
Resnais nous rapelle nos dettes à l’égard d’un cinéaste si modeste qu’on en
oublie de s’indigner des trop longues vacances auxquelles on le contraint.                                  UN TROISIÈME CERCLE ?
Resnais, avec un art et une méthode qui ne sont qu’à lui, a la même importance
dans le cinéma qu’un Ingmar Bergman ou un Federico Fellini. Mais ceux-ci,                  Le «jeune» cinéma français ne se constitue pas en cercle, mais en amas de
quelles que soient l’aridité de leur message, ou l’énormité de leurs exigences        matière riche, inorganisée, en effervescence continue. Près de trois cents
matérielles, trouvent les moyens de poursuivre leur fabuleuse carrière. Par           metteurs en scène (ou metteuses en scènes: dans les premières années quatre-
contre, à 54 ans, Alain Resnais n’en est qu’à son septième long métrage. Il est       vingt-dix, la guerre des sexes mise en avant par les analystes féministes de la
resté plus de six ans sans en tourner un seul, et aurait peut-être été perdu à        profession a perdu l’essentiel de son objet) ont tourné un premier film, et plus
jamais le cinéma français si Jean-Paul Belmondo n’avait pris, en 1973,                de la moitié de ces trois cents en a tourné un second – on admet que c’est ce
l’initiative (mal comprise) de lui proposer Stavisky. Avec Providence explose la      passage au second film qui est le véritable brevet d’accès à la profession.
maturité de l’artiste. Et notre joie se teinte d’un regret: de combien de                  Il faut déjà agréger à ce pandémonium de cinéastes en activité des
Providence nous a privés le malthusianisme esthétique du cinéma français?             atypiques qui ont une carrière, soit erratique (Jean-François Stévenin, comédien
                                                                                      qui a travaillé pour Truffaut, auteur libre et doué de Passe-montagne en 1978 et
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