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Le jeune cinéma de 1994 est un cinéma sans fil directeur. Non
cartographiable. Un cinéma qu’on dirait libre s’il n’était souvent d’un
conformisme confondant. Cinéma autobiographique, voire nombriliste pour
nombre de cinéastes sans passé, qui n’ont qu’une adolescence ordinaire à
raconter, au point qu’un premier ou second film qui tenterait de retrouver les
règles du cinéma de genre – quitte à les subvertir dès que leur intrigue est en
place, c’est le cas en 1994 de Pas très catholique de Tonie Marshall comme de
Regarde les hommes tomber de Jacques Audiard – paraît apporter une bouffée
d’air frais. Dans ces années-là, le metteur en scène débutant n’est pas toujours
un innocent sans expérience. Tel peut s’être forgé une expérience à la
télévision, ce mode de promotion est rare en France mais il existe (Jeannne
Labrune, auteur exigeant de De sable et de sang en 1988 et de Sans un cri en
1992), telle autre au fil d’une carrière d’actrice (Brigitte Roüan, Nicole Garcia).
La suite serait une énumération fastidieuse, et assurément hasardeuse, un
épandage de filmographies embryonnaires. Parions pourtant sur Arnaud
Desplechin (La Vie des morts, moyen métrage, en 1989, et La Sentinelle en
1991), et sur quelques noms qui se sont incrits, en 1993 et 1994, en haut de
l’affiche: Laurence Ferreira-Barbosa (Les Gens normaux n’ont rien
d’exceptionnel), Agnès Merlet (Le Fils du requin), Pascale Ferran (Petits
Arrangements avec les morts). C’est de l’histoire encore chaude, mais le succès
de ces films, qui ont par ailleurs en commun d’être des films de jeunes femmes,
et qui n’ont pas été vraiment aidés par les grands réseaux de distribution,
témoignent en faveur d’une belle vitalité de la génération montante.
DE LA TÉLÉVISION AU CINÉMA:
«TOUS LES GARÇONS ET LES FILLES...»
Chaîne culturelle, diffusant en clair sur le réseau hertzien depuis 1993,
Arte ne se contente pas de propager la culture, donc de programmer des films
et/ou de faire des émissions sur le cinéma ou les nouvelles images; La Sept (qui
produit la partie française des programmes de la chaîne franco-allemande)
suscite donc la réalisation de productions audiovisuelles dans lesquelles la
création est au poste de commande, qui demandent au départ une vraie
conception de producteur suivie par un travail artistique de scénarisation et de
mise en scène... le tout avec malheureusement les budjets extrêmement serrés
de la télévision culturelle, c’est-à-dire moins encore que ceux de France 3 (qui
eux-mêmes sont inférieurs à ceux de France 2, nettement au-dessous de ceux de
TFl!).
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En 1993, Chantal Poupaud, productrice à La Sept / Arte, propose ainsi la
série «Tous les garçons et les filles de leur âge»: neuf réalisateurs retrouveront
leur adolescence, le temps d’une fiction, l’étagement des âges aboutissant à un
panorama des années 60 aux années 80. Le titre de la série flèche le propos
sociologique mais le clin d’œil à la chanson «yéyé» de Françoise Hardy indique
déjà un ton à donner que Chantal Poupaud précise par le sous-titre de
l’ensemble: «Adolescence, musique, mémoire». L’aspect constat s’humanisera
donc par une implication très personnelle des auteurs. Quant au recul du temps,
il suggère le regard sur soi et sur les autres en égrenant le souvenir des désirs,
des émois et des pulsions de la jeunesse.
Le cahier des charges demandait encore une séquence obligée autour de la
notion de fête qui sera «surboum» ou exutoire de révolte selon les épisodes. La
durée des films est fixée à une heure (longueur considérée comme très
télévisuelle) et tous seront programmés en prime time, ce qui inaugurera un
nouveau concept de soirée (dramatique courte suivie d’une émission plus
longue en seconde partie). Le budjet de chaque film sera de 5,4 millions de
francs pour un tournage de 18 à 23 jours.
La conséquence de la brièveté et du petit budjet est que, sauf peut-être
André Téchiné, les cinéastes choisissent de tourner en longs plans-séquences
car, en soixante minutes à peine, les auteurs n’ont pas osé développer un vrai
récit romanesque, préférant accoler trois ou quatre grands moments, ce qui
rejoint chez Chantal Akerman son goût bien connu de l’errance ou l’esthétique
des brillants et longs mouvements d’appareil d’Olivier Assayas. Ces données de
la commande assurent en tout cas à l’ensemble une cohérence certaine à
l’intérieur de laquelle chaque auteur est renvoyé à son univers spécifique.
La chronologie anecdotique place trois films par decennie:
– Le Chêne et le roseau (début des années 60) d’André Téchiné;
– US go home (milieu des années 60) de Claire Denis;
– Portrait d’une jeune fille de la fin des années 60 de Chantal Akerman;
– La Page blanche (début des années 70) d’Olivier Assayas;
– Paix et amour (milieu des années 70) de Laurence Ferreira-Barbosa;
– Travolta et moi (fin des années 70) de Partricia Mazuy;
– L‘Incruste (début des années 80) d’Émilie Deleuze;
– Bonheur (milieu des années 80) de Cédric Kahn;
– Frères (fin des années 80) d’Olivier Dahan.
Le jeune cinéma de 1994 est un cinéma sans fil directeur. Non En 1993, Chantal Poupaud, productrice à La Sept / Arte, propose ainsi la cartographiable. Un cinéma qu’on dirait libre s’il n’était souvent d’un série «Tous les garçons et les filles de leur âge»: neuf réalisateurs retrouveront conformisme confondant. Cinéma autobiographique, voire nombriliste pour leur adolescence, le temps d’une fiction, l’étagement des âges aboutissant à un nombre de cinéastes sans passé, qui n’ont qu’une adolescence ordinaire à panorama des années 60 aux années 80. Le titre de la série flèche le propos raconter, au point qu’un premier ou second film qui tenterait de retrouver les sociologique mais le clin d’œil à la chanson «yéyé» de Françoise Hardy indique règles du cinéma de genre – quitte à les subvertir dès que leur intrigue est en déjà un ton à donner que Chantal Poupaud précise par le sous-titre de place, c’est le cas en 1994 de Pas très catholique de Tonie Marshall comme de l’ensemble: «Adolescence, musique, mémoire». L’aspect constat s’humanisera Regarde les hommes tomber de Jacques Audiard – paraît apporter une bouffée donc par une implication très personnelle des auteurs. Quant au recul du temps, d’air frais. Dans ces années-là, le metteur en scène débutant n’est pas toujours il suggère le regard sur soi et sur les autres en égrenant le souvenir des désirs, un innocent sans expérience. Tel peut s’être forgé une expérience à la des émois et des pulsions de la jeunesse. télévision, ce mode de promotion est rare en France mais il existe (Jeannne Le cahier des charges demandait encore une séquence obligée autour de la Labrune, auteur exigeant de De sable et de sang en 1988 et de Sans un cri en notion de fête qui sera «surboum» ou exutoire de révolte selon les épisodes. La 1992), telle autre au fil d’une carrière d’actrice (Brigitte Roüan, Nicole Garcia). durée des films est fixée à une heure (longueur considérée comme très La suite serait une énumération fastidieuse, et assurément hasardeuse, un télévisuelle) et tous seront programmés en prime time, ce qui inaugurera un épandage de filmographies embryonnaires. Parions pourtant sur Arnaud nouveau concept de soirée (dramatique courte suivie d’une émission plus Desplechin (La Vie des morts, moyen métrage, en 1989, et La Sentinelle en longue en seconde partie). Le budjet de chaque film sera de 5,4 millions de 1991), et sur quelques noms qui se sont incrits, en 1993 et 1994, en haut de francs pour un tournage de 18 à 23 jours. l’affiche: Laurence Ferreira-Barbosa (Les Gens normaux n’ont rien La conséquence de la brièveté et du petit budjet est que, sauf peut-être d’exceptionnel), Agnès Merlet (Le Fils du requin), Pascale Ferran (Petits André Téchiné, les cinéastes choisissent de tourner en longs plans-séquences Arrangements avec les morts). C’est de l’histoire encore chaude, mais le succès car, en soixante minutes à peine, les auteurs n’ont pas osé développer un vrai de ces films, qui ont par ailleurs en commun d’être des films de jeunes femmes, récit romanesque, préférant accoler trois ou quatre grands moments, ce qui et qui n’ont pas été vraiment aidés par les grands réseaux de distribution, rejoint chez Chantal Akerman son goût bien connu de l’errance ou l’esthétique témoignent en faveur d’une belle vitalité de la génération montante. des brillants et longs mouvements d’appareil d’Olivier Assayas. Ces données de la commande assurent en tout cas à l’ensemble une cohérence certaine à DE LA TÉLÉVISION AU CINÉMA: l’intérieur de laquelle chaque auteur est renvoyé à son univers spécifique. «TOUS LES GARÇONS ET LES FILLES...» La chronologie anecdotique place trois films par decennie: Chaîne culturelle, diffusant en clair sur le réseau hertzien depuis 1993, – Le Chêne et le roseau (début des années 60) d’André Téchiné; Arte ne se contente pas de propager la culture, donc de programmer des films – US go home (milieu des années 60) de Claire Denis; et/ou de faire des émissions sur le cinéma ou les nouvelles images; La Sept (qui – Portrait d’une jeune fille de la fin des années 60 de Chantal Akerman; produit la partie française des programmes de la chaîne franco-allemande) – La Page blanche (début des années 70) d’Olivier Assayas; suscite donc la réalisation de productions audiovisuelles dans lesquelles la – Paix et amour (milieu des années 70) de Laurence Ferreira-Barbosa; création est au poste de commande, qui demandent au départ une vraie – Travolta et moi (fin des années 70) de Partricia Mazuy; conception de producteur suivie par un travail artistique de scénarisation et de – L‘Incruste (début des années 80) d’Émilie Deleuze; mise en scène... le tout avec malheureusement les budjets extrêmement serrés – Bonheur (milieu des années 80) de Cédric Kahn; de la télévision culturelle, c’est-à-dire moins encore que ceux de France 3 (qui – Frères (fin des années 80) d’Olivier Dahan. eux-mêmes sont inférieurs à ceux de France 2, nettement au-dessous de ceux de TFl!). 71 72
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