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Le premier film est terminé dès 1993 par Patricia Mazuy et l’ensemble de
la série est diffusé en neuf semaines à l’automne 1994 sur Arte mais
auparavant, en juin-juillet 1994, trois films sortent en salle en avant-première et
en version longue:
– Les Roseaux sauvages (l heure 50) qui reprend Le Chêne et le roseau en
y adjoignant toute une seconde partie;
– L‘Eau froide (l heure 30), montage moins serré de La Page blanche;
– Trop de bonheur (l heur 25) qui ajoute ou allonge quelques séquences de
Bonheur.
Les rapports cinéma-télévision sont donc souples et chaque œuvre
constitue un cas d’espèce. Certes, tous les films ne sont pas de la même qualité:
nous avons parlé des films de Téchiné et de Cédric Kahn, très aboutis, mais le
plus réussi est sans doute celui de Patricia Mazuy, déjà auteur d’un excellent
Peaux de Vaches (1989): la petite boulangère qui rêve de Travolta et se fait
draguer par un jeune lycéen philosophe et suicidaire viendra échouer sur la piste
hostile d’une patinoire, la glace éteignant le feu qu’elle a allumé dans son
magasin et ne lui donnant à voir que la mort du jeune homme à peine fréquenté.
Poignante par sa révolte ridicule, pur produit d’un milieu social aux rêves sans
espace, étouffée derrière son comptoir pris en horreur, elle est privée de futur
dans un présent sans espoir. Chaque film trouve sa juste place dans la
filmographie de son auteur: Téchiné parle famille et homosexualité, Kahn voit
les liaisons amoureuses comme des affrontements agressifs et Assayas donne
une version noire de son premier long métrage Désordre avec sa jeune «border
line» qui choisira de se jeter dans l’eau glacée d’un torrent noyant ses utopies
écologiques et libertaires. Claire Denis retrouve ses destins qui bifurquent et ses
aventures qui ne tournent pas comme prévu tandis que Laurence Ferreira-
Barbosa est moins inspirée avec ses apprentis terroristes envoyant quelques
galets dans les vitres de la mairie de Nice que par ses malades mentaux des
Gens normaux n’ont rien d’exceptionnel. Réalisant dans cette série leur premier
film, Émilie Deleuze ne convainc pas tout à fait avec sa jeune maniaque de
l’ordre conquise par le désordre tandis qu’Olivier Dahan conclut l’ensemble par
un film en complète opposition esthétique et thématique avec les autres: dans
Frères pénètrent les banlieues beurs de La Haine filmées entre. le reportage
journalistique (les courts extraits d’entretiens qui viennent casser la fiction) et la
référence au Rebel Without a Cause de Nicolas Ray.
La météorologie a sa place dans ce polyptique: soleil et eau chaude des
Roseaux sauvages et de Trop de bonheur filmés dans le Midi (qui joue moins
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son rôle dans Paix et amour) équilibrent les boums nocturnes fortement
alcoolisées (ou/et droguées) proposées par le cahier des charges. De même, la
neige de La Page blanche et la glace de Travolta et moi s’opposent au feu mis
d’abord à la vieille demeure (chez Assayas) et à la boulangerie (chez Mazuy).
Toutes ces existences sont projetées dans un lointain imaginaire qui les mène à
gâcher leur présent. On rêve aux idoles (Travolta et moi), à la richesse (Frères)
ou à la révolution (Paix et amour) au milieu de la violence ou de la difficile
recherche d’une communication amoureuse. Aspirations intellectuelles, désirs
physiques et sentimentaux dessinent le mal-être d’une jeunesse qui se retrouve
à toutes les époques, envisagé chez des personnages en porte à faux essayant
d’affirmer leur autonomie en vivant entre eux, plus ou moins en révolte contre
la génération des adultes.
Tous les épisodes sont filmés très près des corps qui recentrent l’essentiel
des problèmes de l’adolescence. Quant à la musique, elle est rarement confinée
au rôle de fond sonore et plusieurs films explorent intensément les rapports de
l’adolescent et de l’espace musical de son époque. Mais le contexte social est
aussi fortement présent par l’intermédiaire d’une recherche identitaire face aux
parents, aux frères et aux sœurs. De la politique aux suicides existentiels en
passant par l’armée (le soldat américain de US go home, le déserteur de Portrait
d’une jeune fille de la fin des années 60, l’engagement à la fin de Paix et amour
et bien sûr la guerre d’Algérie des Roseaux sauvages), l’adolescence est
confrontée à une société dont les valeurs sont mises peu à peu hors champ de
1960 à nos jours: pesant encore très lourd sur les jeunes du film de Téchiné, les
parents deviennent progressivement étrangers à une jeunesse indépendante qui
se détruit ou se régénère à son propre contact. L’amitié peut alors constituer un
refuge, mais elle figure surtout déjà la difficulté des relations humaines dans ces
matins blêmes si caractéristiques des films du jeune cinéma. Chaque œuvre se
trouve ainsi au carrefour du projet d’ensemble de la série et de l’itinéraire
personnel de chaque créateur.
Un second ensemble est en cours à Arte: «Les années lycée» ont d’abord
vu diffuser en 1994 les deux premiers volets: Un air de liberté réalisé par Éric
Barbier après Le Brasier au cinéma (1991), et Le Péril jeune par Cédric Klapish
après Riens du tout (1992). Le Premier n’est pas vraiment réussi. Après un
départ gentillet suivant l’année scolaire 1967–1968 au lycée de garçons
Montesquieu pour trois amis de Terminale (les discussions politiques, les
professeurs caricaturaux et les filles du lycée d’en face), tout dérape avec Mai
68 qui aurait dû constituer le morceau de bravoure et qui n’est qu’accumulation
Le premier film est terminé dès 1993 par Patricia Mazuy et l’ensemble de son rôle dans Paix et amour) équilibrent les boums nocturnes fortement la série est diffusé en neuf semaines à l’automne 1994 sur Arte mais alcoolisées (ou/et droguées) proposées par le cahier des charges. De même, la auparavant, en juin-juillet 1994, trois films sortent en salle en avant-première et neige de La Page blanche et la glace de Travolta et moi s’opposent au feu mis en version longue: d’abord à la vieille demeure (chez Assayas) et à la boulangerie (chez Mazuy). – Les Roseaux sauvages (l heure 50) qui reprend Le Chêne et le roseau en Toutes ces existences sont projetées dans un lointain imaginaire qui les mène à y adjoignant toute une seconde partie; gâcher leur présent. On rêve aux idoles (Travolta et moi), à la richesse (Frères) – L‘Eau froide (l heure 30), montage moins serré de La Page blanche; ou à la révolution (Paix et amour) au milieu de la violence ou de la difficile – Trop de bonheur (l heur 25) qui ajoute ou allonge quelques séquences de recherche d’une communication amoureuse. Aspirations intellectuelles, désirs Bonheur. physiques et sentimentaux dessinent le mal-être d’une jeunesse qui se retrouve à toutes les époques, envisagé chez des personnages en porte à faux essayant Les rapports cinéma-télévision sont donc souples et chaque œuvre d’affirmer leur autonomie en vivant entre eux, plus ou moins en révolte contre constitue un cas d’espèce. Certes, tous les films ne sont pas de la même qualité: la génération des adultes. nous avons parlé des films de Téchiné et de Cédric Kahn, très aboutis, mais le Tous les épisodes sont filmés très près des corps qui recentrent l’essentiel plus réussi est sans doute celui de Patricia Mazuy, déjà auteur d’un excellent des problèmes de l’adolescence. Quant à la musique, elle est rarement confinée Peaux de Vaches (1989): la petite boulangère qui rêve de Travolta et se fait au rôle de fond sonore et plusieurs films explorent intensément les rapports de draguer par un jeune lycéen philosophe et suicidaire viendra échouer sur la piste l’adolescent et de l’espace musical de son époque. Mais le contexte social est hostile d’une patinoire, la glace éteignant le feu qu’elle a allumé dans son aussi fortement présent par l’intermédiaire d’une recherche identitaire face aux magasin et ne lui donnant à voir que la mort du jeune homme à peine fréquenté. parents, aux frères et aux sœurs. De la politique aux suicides existentiels en Poignante par sa révolte ridicule, pur produit d’un milieu social aux rêves sans passant par l’armée (le soldat américain de US go home, le déserteur de Portrait espace, étouffée derrière son comptoir pris en horreur, elle est privée de futur d’une jeune fille de la fin des années 60, l’engagement à la fin de Paix et amour dans un présent sans espoir. Chaque film trouve sa juste place dans la et bien sûr la guerre d’Algérie des Roseaux sauvages), l’adolescence est filmographie de son auteur: Téchiné parle famille et homosexualité, Kahn voit confrontée à une société dont les valeurs sont mises peu à peu hors champ de les liaisons amoureuses comme des affrontements agressifs et Assayas donne 1960 à nos jours: pesant encore très lourd sur les jeunes du film de Téchiné, les une version noire de son premier long métrage Désordre avec sa jeune «border parents deviennent progressivement étrangers à une jeunesse indépendante qui line» qui choisira de se jeter dans l’eau glacée d’un torrent noyant ses utopies se détruit ou se régénère à son propre contact. L’amitié peut alors constituer un écologiques et libertaires. Claire Denis retrouve ses destins qui bifurquent et ses refuge, mais elle figure surtout déjà la difficulté des relations humaines dans ces aventures qui ne tournent pas comme prévu tandis que Laurence Ferreira- matins blêmes si caractéristiques des films du jeune cinéma. Chaque œuvre se Barbosa est moins inspirée avec ses apprentis terroristes envoyant quelques trouve ainsi au carrefour du projet d’ensemble de la série et de l’itinéraire galets dans les vitres de la mairie de Nice que par ses malades mentaux des personnel de chaque créateur. Gens normaux n’ont rien d’exceptionnel. Réalisant dans cette série leur premier film, Émilie Deleuze ne convainc pas tout à fait avec sa jeune maniaque de Un second ensemble est en cours à Arte: «Les années lycée» ont d’abord l’ordre conquise par le désordre tandis qu’Olivier Dahan conclut l’ensemble par vu diffuser en 1994 les deux premiers volets: Un air de liberté réalisé par Éric un film en complète opposition esthétique et thématique avec les autres: dans Barbier après Le Brasier au cinéma (1991), et Le Péril jeune par Cédric Klapish Frères pénètrent les banlieues beurs de La Haine filmées entre. le reportage après Riens du tout (1992). Le Premier n’est pas vraiment réussi. Après un journalistique (les courts extraits d’entretiens qui viennent casser la fiction) et la départ gentillet suivant l’année scolaire 1967–1968 au lycée de garçons référence au Rebel Without a Cause de Nicolas Ray. Montesquieu pour trois amis de Terminale (les discussions politiques, les La météorologie a sa place dans ce polyptique: soleil et eau chaude des professeurs caricaturaux et les filles du lycée d’en face), tout dérape avec Mai Roseaux sauvages et de Trop de bonheur filmés dans le Midi (qui joue moins 68 qui aurait dû constituer le morceau de bravoure et qui n’est qu’accumulation 73 74
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