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de partouzes et d’agissements irresponsables sur fond d’extraits d’actualités qui
semblent suggérer une tout autre densité. Dès lors tout s’achève par un
éclatement du groupe qui accumule les clichés attendus.
Le Péril jeune, remarqué dans de nombreux festivals est, quant à lui, sorti
en salles où il a fait une excellente carrière. C’est toujours une classe de
Terminale à Montesquieu, mais le lycée est devenu mixte parce que nous
sommes dans les années 70. Le regard est franchement plus ironique, sauf à la
fin avec la mort par overdose de Tomasi, un des cinq copains dont le film
retrace les aventures en plusieurs flash-backs à partir de la salle d’attente de la
maternité où va naître le fils posthume du jeune disparu. Chronique
impressionniste entre drogue et politique, Le Péril jeune vacille du flipper aux
manifs dans un air du temps saisi de nostalgic. Les cinq Pieds Nickelés
fournissent le recul nécessaire à la présentation des autres groupes déjà
organisés (la mobilisation contre le chômage. Le clan MLF...) mais les
caractères sont fort superficiels et Klapish rassemble – certes habilement –
toutes les scènes convenues du «film de jeunes».
Au cinéma à nouveau, Chacun cherche son chat (1996) est tourné avec un
budget dérisoire, encore inférieur à celui d’un téléfilm et cette économie
drastique profite à la liberté d’inspiration comme à la liberté de style du
cinéaste. D’un sympathique populisme, ce film sur l’amour, la solitude et la
solidarité au quotidien dynamite en effet bon nombre de clichés du genre par
une attention documentaire qui vient nourrir avec bonheur la comédie de
mœurs. Nul «Mocky Circus» en effet pour faire de la figuration, mais
d’authentiques petites gens du 11
e
arrondissement chez eux, dans leurs cafés,
leurs arrière-cours et leurs escaliers pour partager les premiers rôles avec des
acteurs professionnels d’ailleurs aussi inconnus! Le portrait de Chloé (Garance
Clavel) s’enrichit des rencontres du personnage avec le réel, si bien que le film
de Klapish s’effondre dès que la fiction pure prend le dessus (ses rapports avec
le copain homosexuel dont elle partage l’appartement) tandis que les meilleures
scènes sont au contraire tournées dans la rue à la volée.
Quant aux «Années lycée» elles se poursuivent à nouveau à Montesquieu,
cette fois en 1986, avec Attention fragile (1995) qui ne fait qu’effleurer la loi
Devaquet et règle leur sort en un plan aux Resto du cœur comme au badge
«Touche pas à mon pote». Manuel Poirier préfère en effet dessiner l’ineffable,
le non-dit et les désengagements de lycéens parfaitement définis par le titre: des
adolescents incertains pris dans les situations instables d’un moment éphémère.
L’impressionnisme de la touche est au diapason des tonalités mouillées de ces
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portraits en creux nimbés de grisaille comme si la force biologique de cette
jeunesse ne parvenait pas tout à fait à percer la tristesse d’une absence aux
autres que l’amour et l’amitié font à peine bouger. Le désespoir ne frappe
qu’une seule fille de la classe, mais aucun personnage n’accroche vraiment à la
vie qui les presse.
Sa vie à elle de Romain Goupil (1996) constitue le dernier volet du
panorama en retenant quelques moments de l’existence de Yaqine qui, un jour
de mai 1995, décide de porter le voile islamique, est renvoyée de son lycée puis
accepte de l’enlever pour être réintégrée en juin dans un autre établissement.
Comme dans les plus inquiétants derniers films de Bresson, le mutisme de la
jeune fille laisse le spectateur seul juge de son comportement, guidé il est vrai
par les remarquables tableaux de mœurs (chez elle, au lycée, dans la rue...) que
Goupil juxtapose de manière achronologique, non seulement pour casser tout
suspense (remettra-t-elle ou non son voile?) et tenir à distance l’enquête
psychologique (pourquoi cette excellente élève d’une famille beur bien intégrée
en vient-elle à ce choix?), mais surtout pour faire passer quelque chose du
désarroi qu’un tel acte provoque dans sa vie et son environnement. La subtilité
du regard de Goupil s’affirme dès la longue séquence d’ouverture où
s’enferment successivement dans la salle de bains tous les frères et sœurs pour
y cultiver leurs secrets (journal intime, cigarettes...). Quant à l’intelligence, la
clarté et l’humour du récit, il éclate dans la scène semble-t-il extérieure au
propos où trois élèves font un exposé ludique et brillant sur le travail des agents
de change à la Bourse, langage incompréhensible au profane mais néanmoins
cohérent et fort efficace... un peu comme le port du tchador en somme.
La passage par la télévision peut offrir enfin l’occasion d’un défi, comme
c’est le cas pour Pascale Ferran au sortir des années d’efforts que lui avait
demandés la réalisation de Petits Arrangements avec les morts (1994), film
audacieux, inventif et dont l’ampleur comme la force l’avaient – selon ses
propres termes (Télérama n° 2416, 4 mai 1996) – complètement vidée. Inquiète
sur le temps qui risquait de lui être nécessaire à «reconstituer» son potentiel
personnel de créativité, elle accepte la proposition du Théâtre national de
Strasbourg de faire un film avec les élèves de dernière année de son école pour
s’oublier un peu elle-même en se colletant à un cahier des charges contraignant
(aspect exercice pour comédiens inconnus, budjet ultra-limité, rapidité
d’exécution...). Très vite elle évacue d’ailleurs l’hypothèse trop peu motivante
de l’atelier pour envisager une réalisation en conditions réelles – pellicule et
professionnels de cinéma au lieu de vidéo institutionnelle – grâce à la
de partouzes et d’agissements irresponsables sur fond d’extraits d’actualités qui portraits en creux nimbés de grisaille comme si la force biologique de cette semblent suggérer une tout autre densité. Dès lors tout s’achève par un jeunesse ne parvenait pas tout à fait à percer la tristesse d’une absence aux éclatement du groupe qui accumule les clichés attendus. autres que l’amour et l’amitié font à peine bouger. Le désespoir ne frappe Le Péril jeune, remarqué dans de nombreux festivals est, quant à lui, sorti qu’une seule fille de la classe, mais aucun personnage n’accroche vraiment à la en salles où il a fait une excellente carrière. C’est toujours une classe de vie qui les presse. Terminale à Montesquieu, mais le lycée est devenu mixte parce que nous Sa vie à elle de Romain Goupil (1996) constitue le dernier volet du sommes dans les années 70. Le regard est franchement plus ironique, sauf à la panorama en retenant quelques moments de l’existence de Yaqine qui, un jour fin avec la mort par overdose de Tomasi, un des cinq copains dont le film de mai 1995, décide de porter le voile islamique, est renvoyée de son lycée puis retrace les aventures en plusieurs flash-backs à partir de la salle d’attente de la accepte de l’enlever pour être réintégrée en juin dans un autre établissement. maternité où va naître le fils posthume du jeune disparu. Chronique Comme dans les plus inquiétants derniers films de Bresson, le mutisme de la impressionniste entre drogue et politique, Le Péril jeune vacille du flipper aux jeune fille laisse le spectateur seul juge de son comportement, guidé il est vrai manifs dans un air du temps saisi de nostalgic. Les cinq Pieds Nickelés par les remarquables tableaux de mœurs (chez elle, au lycée, dans la rue...) que fournissent le recul nécessaire à la présentation des autres groupes déjà Goupil juxtapose de manière achronologique, non seulement pour casser tout organisés (la mobilisation contre le chômage. Le clan MLF...) mais les suspense (remettra-t-elle ou non son voile?) et tenir à distance l’enquête caractères sont fort superficiels et Klapish rassemble – certes habilement – psychologique (pourquoi cette excellente élève d’une famille beur bien intégrée toutes les scènes convenues du «film de jeunes». en vient-elle à ce choix?), mais surtout pour faire passer quelque chose du Au cinéma à nouveau, Chacun cherche son chat (1996) est tourné avec un désarroi qu’un tel acte provoque dans sa vie et son environnement. La subtilité budget dérisoire, encore inférieur à celui d’un téléfilm et cette économie du regard de Goupil s’affirme dès la longue séquence d’ouverture où drastique profite à la liberté d’inspiration comme à la liberté de style du s’enferment successivement dans la salle de bains tous les frères et sœurs pour cinéaste. D’un sympathique populisme, ce film sur l’amour, la solitude et la y cultiver leurs secrets (journal intime, cigarettes...). Quant à l’intelligence, la solidarité au quotidien dynamite en effet bon nombre de clichés du genre par clarté et l’humour du récit, il éclate dans la scène semble-t-il extérieure au une attention documentaire qui vient nourrir avec bonheur la comédie de propos où trois élèves font un exposé ludique et brillant sur le travail des agents mœurs. Nul «Mocky Circus» en effet pour faire de la figuration, mais de change à la Bourse, langage incompréhensible au profane mais néanmoins d’authentiques petites gens du 11e arrondissement chez eux, dans leurs cafés, cohérent et fort efficace... un peu comme le port du tchador en somme. leurs arrière-cours et leurs escaliers pour partager les premiers rôles avec des acteurs professionnels d’ailleurs aussi inconnus! Le portrait de Chloé (Garance La passage par la télévision peut offrir enfin l’occasion d’un défi, comme Clavel) s’enrichit des rencontres du personnage avec le réel, si bien que le film c’est le cas pour Pascale Ferran au sortir des années d’efforts que lui avait de Klapish s’effondre dès que la fiction pure prend le dessus (ses rapports avec demandés la réalisation de Petits Arrangements avec les morts (1994), film le copain homosexuel dont elle partage l’appartement) tandis que les meilleures audacieux, inventif et dont l’ampleur comme la force l’avaient – selon ses scènes sont au contraire tournées dans la rue à la volée. propres termes (Télérama n° 2416, 4 mai 1996) – complètement vidée. Inquiète sur le temps qui risquait de lui être nécessaire à «reconstituer» son potentiel Quant aux «Années lycée» elles se poursuivent à nouveau à Montesquieu, personnel de créativité, elle accepte la proposition du Théâtre national de cette fois en 1986, avec Attention fragile (1995) qui ne fait qu’effleurer la loi Strasbourg de faire un film avec les élèves de dernière année de son école pour Devaquet et règle leur sort en un plan aux Resto du cœur comme au badge s’oublier un peu elle-même en se colletant à un cahier des charges contraignant «Touche pas à mon pote». Manuel Poirier préfère en effet dessiner l’ineffable, (aspect exercice pour comédiens inconnus, budjet ultra-limité, rapidité le non-dit et les désengagements de lycéens parfaitement définis par le titre: des d’exécution...). Très vite elle évacue d’ailleurs l’hypothèse trop peu motivante adolescents incertains pris dans les situations instables d’un moment éphémère. de l’atelier pour envisager une réalisation en conditions réelles – pellicule et L’impressionnisme de la touche est au diapason des tonalités mouillées de ces professionnels de cinéma au lieu de vidéo institutionnelle – grâce à la 75 76
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