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de Double Messieurs en 1986, voire Jacques Rozier actif depuis 1961, dont le
dernier film, Maine-Océan, en 1986, témoignait d’une belle vitalité), soit
spécialisée (Ie documentariste Raymond Depardon, chroniqueur attentif du
présent depuis 1977, auteur aussi d’étranges fictions poétiques tournées en
Afrique: Empty Quarter, Une femme en Afrique). Soit encore un cinéaste qui
après une longue et fructueuse carrière vouée au cinéma de genre (la comédie
issue du café-théâtre) se convertit au cinéma d’auteur: Patrice Leconte, après
Tandem (en 1986), Monsieur Hire (en 1988) et surtout, le fascinant Mari de la
coiffeuse en 1990. Ces errants du cinéma français sont peu nombreux. À la
différence de ce qui se passait dans les années cinquante, le jeune cinéma est
majoritairement un cinéma de jeunes.
On a cru pouvoir discerner quelques lignes de force qui structureraient si
peu que ce soit ce magma. Discerner ici un cinéma de la fascination, là une
nouvelle école du court métrage, quarqnte ans après. Cinéma de la fascination,
celui de la galaxie «BBC» (Beineix-Besson-Carax) associant trois créateurs
mégalomanes pour qui l’image, l’image brute telle que la publicité l’a valorisée,
ou l’image-signe, telle que l’ont iconisée la mémoire du cinéma en général et
l’écran de la Cinémathèque en particulier, prime sur le sens et s’érige en objet
de culte. Diva, de Jean-Jacques Beineix, en 1980, a ouvert la brèche où se sont
engouffrés, dans la décennie qui a suivi, les films de Luc Besson (Subway en
1984, Le grand Bleu en 1987), et les autres films de Beineix (La Lune dans le
caniveau, en 1983, 37°2 le matin en 1985); puis, peut-être plus érudit mais pas
moins fasciné, Mauvais Sang de Léos Carax en 1986. L’effet n’a pas duré.
L’échec des Amants de Pont-Neuf de Carax, en 1991, après un tournage
plusieurs fois accidenté qui a tenu la profession en haleine pendant trois ans,
l’éloignement de Beineix et la dérive américaine de Besson, qui a aligné ses
dernières fictions frustes sur le modèle du film populaire hollywoodien (Nikita,
Léon), ont fait éclater la bulle.
De même pour ce qui a paru être, pendant deux saisons, une génération
issue de l’évidente renaissance du court métrage à la fin des années quatre-
vingt, sous l’effet conjugué des mesures d’aide, de la boîte à écho fournie par
plusieurs festivals spécialisés (Clermont-Ferrand, Brest, Grenoble, la Seine-
Saint-Denis) et de la lucidité de quelques producteurs soucieux de fournir à une
génération de cinéphiles impatients les moyens d’un galop d’essai pas trop
coûteux (Alain Rocca, responsable des Productions Lazennec: «L’avantage du
court, c’est que quand ça se passe mal, ça fait des dégâts humains, mais ça en
reste là...»). C’est ainsi qu’on a vu apparaître dans le champ du long métrage
des cinéastes effectivement lourds des médailles qu’ils avaient recueillies pour
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leurs films courts, les plus notoires étant François Dupeyron (Drôle d’endroit
pour une rencontre en 1988), Éric Rochant (Un monde sans pitié en 1989),
Christian Vincent (La Discrète, en 1990). Le premier pas franchi (ils ont tous
trois réalisé trois films en 1994), chacun a évolué sur une ligne qui lui était
propre.
Christian Vincent
«Quand on entre à l’IDHEC à vingt-quatre ans, on veut tous faire des films. Puis
la réalité s’impose, on devient plus raisonnable, on s’aperçoit que ça n’est pas facile;
J’en étais donc revenu à des ambitions plus modestes. J’avais fait un film de fin
d’études en 1982, que je n’aimais pas du tout. Quand j’ai vu les rushes, au bout d’une
semaine, j’étais effondré. J’avais tourné en mai, j’ai laissé mourir le film jusqu’en
mars de l’année suivante. Je l’ai quand même terminé, parce qu’il fallait le faire.
C’était à l’époque où on recommençait à parler du court métrage. Le film a fait un ou
deux festivals, puis il a eu un prix à Clermont, puis d’autres. À Villeurbanne, il a eu
le prix du public: dix boîtes de pellicules, dont je ne savais que faire, mais ce fut
déterminant pour la suite. Je ne pensais plus à réaliser des films, je faisais du montage
et j’adorais ça. J’avais ces dix boîtes, je n’ai pas voulu les vendre, j’ai décidé de faire
un nouveau court métrage. J’ai pu le tourner, ça a bien marché, il a eu des tas de prix.
Ensuite il y a eu un engrenage: on s’est trouvé dans un petit milieu un peu
professionnel: on fréquente des gens qui ont le même âge que vous, tous veulent faire
des films, on cherche la bonne idée, on attend... Je ne suis pas quelqu’un qui écrit
facilement. À partir du moment où j’ai trouvé l’idée, le point de départ de ce qui
devait devenir La Discrète, j’ai écrit une quarantaine de pages, et je me suis arrêté,
j’ai tout laissé dormir pendant six mois. Il y deux ans j’ai repris tout le travail avec un
ami. En février 89, on a écrit un résumé d’une trentaine de pages pour mon
producteur, Alain Rocca, à qui j’avais raconté l’histoire, il m’avait dit: «Formidable,
on va tourner ça tout de suite». Il voulait me faire signer un contrat de suite, mais il
lui fallait ce résumé.
J’ai pris mon tour à l’avance sur recettes. Je pensais qu’à partir du moment où je
m’inscrivais, j’avais plusieurs mois devant moi. Pas du tout: c’était le début de la
commission Françoise Giroud, ils m’ont dit que je devais rendre la version définitive
dans les six semaines. Panique. J’avais écrit la moitié du scénario, il a fallu travailler
de façon intensive. On a fini de taper dans la nuit qui a précédé le dépôt. C’était début
avril 89. Le film est passé en plénière, et j’ai eu l’avance en juillet. Le tournage s’est
fait en mars, avril et mai 1990.»
Positif, n° 357, novembre 1990.
de Double Messieurs en 1986, voire Jacques Rozier actif depuis 1961, dont le leurs films courts, les plus notoires étant François Dupeyron (Drôle d’endroit dernier film, Maine-Océan, en 1986, témoignait d’une belle vitalité), soit pour une rencontre en 1988), Éric Rochant (Un monde sans pitié en 1989), spécialisée (Ie documentariste Raymond Depardon, chroniqueur attentif du Christian Vincent (La Discrète, en 1990). Le premier pas franchi (ils ont tous présent depuis 1977, auteur aussi d’étranges fictions poétiques tournées en trois réalisé trois films en 1994), chacun a évolué sur une ligne qui lui était Afrique: Empty Quarter, Une femme en Afrique). Soit encore un cinéaste qui propre. après une longue et fructueuse carrière vouée au cinéma de genre (la comédie issue du café-théâtre) se convertit au cinéma d’auteur: Patrice Leconte, après Christian Vincent Tandem (en 1986), Monsieur Hire (en 1988) et surtout, le fascinant Mari de la «Quand on entre à l’IDHEC à vingt-quatre ans, on veut tous faire des films. Puis coiffeuse en 1990. Ces errants du cinéma français sont peu nombreux. À la la réalité s’impose, on devient plus raisonnable, on s’aperçoit que ça n’est pas facile; différence de ce qui se passait dans les années cinquante, le jeune cinéma est J’en étais donc revenu à des ambitions plus modestes. J’avais fait un film de fin majoritairement un cinéma de jeunes. d’études en 1982, que je n’aimais pas du tout. Quand j’ai vu les rushes, au bout d’une On a cru pouvoir discerner quelques lignes de force qui structureraient si semaine, j’étais effondré. J’avais tourné en mai, j’ai laissé mourir le film jusqu’en peu que ce soit ce magma. Discerner ici un cinéma de la fascination, là une mars de l’année suivante. Je l’ai quand même terminé, parce qu’il fallait le faire. nouvelle école du court métrage, quarqnte ans après. Cinéma de la fascination, C’était à l’époque où on recommençait à parler du court métrage. Le film a fait un ou celui de la galaxie «BBC» (Beineix-Besson-Carax) associant trois créateurs deux festivals, puis il a eu un prix à Clermont, puis d’autres. À Villeurbanne, il a eu le prix du public: dix boîtes de pellicules, dont je ne savais que faire, mais ce fut mégalomanes pour qui l’image, l’image brute telle que la publicité l’a valorisée, déterminant pour la suite. Je ne pensais plus à réaliser des films, je faisais du montage ou l’image-signe, telle que l’ont iconisée la mémoire du cinéma en général et et j’adorais ça. J’avais ces dix boîtes, je n’ai pas voulu les vendre, j’ai décidé de faire l’écran de la Cinémathèque en particulier, prime sur le sens et s’érige en objet un nouveau court métrage. J’ai pu le tourner, ça a bien marché, il a eu des tas de prix. de culte. Diva, de Jean-Jacques Beineix, en 1980, a ouvert la brèche où se sont Ensuite il y a eu un engrenage: on s’est trouvé dans un petit milieu un peu engouffrés, dans la décennie qui a suivi, les films de Luc Besson (Subway en professionnel: on fréquente des gens qui ont le même âge que vous, tous veulent faire 1984, Le grand Bleu en 1987), et les autres films de Beineix (La Lune dans le des films, on cherche la bonne idée, on attend... Je ne suis pas quelqu’un qui écrit caniveau, en 1983, 37°2 le matin en 1985); puis, peut-être plus érudit mais pas facilement. À partir du moment où j’ai trouvé l’idée, le point de départ de ce qui moins fasciné, Mauvais Sang de Léos Carax en 1986. L’effet n’a pas duré. devait devenir La Discrète, j’ai écrit une quarantaine de pages, et je me suis arrêté, L’échec des Amants de Pont-Neuf de Carax, en 1991, après un tournage j’ai tout laissé dormir pendant six mois. Il y deux ans j’ai repris tout le travail avec un plusieurs fois accidenté qui a tenu la profession en haleine pendant trois ans, ami. En février 89, on a écrit un résumé d’une trentaine de pages pour mon l’éloignement de Beineix et la dérive américaine de Besson, qui a aligné ses producteur, Alain Rocca, à qui j’avais raconté l’histoire, il m’avait dit: «Formidable, dernières fictions frustes sur le modèle du film populaire hollywoodien (Nikita, on va tourner ça tout de suite». Il voulait me faire signer un contrat de suite, mais il Léon), ont fait éclater la bulle. lui fallait ce résumé. J’ai pris mon tour à l’avance sur recettes. Je pensais qu’à partir du moment où je De même pour ce qui a paru être, pendant deux saisons, une génération m’inscrivais, j’avais plusieurs mois devant moi. Pas du tout: c’était le début de la issue de l’évidente renaissance du court métrage à la fin des années quatre- commission Françoise Giroud, ils m’ont dit que je devais rendre la version définitive vingt, sous l’effet conjugué des mesures d’aide, de la boîte à écho fournie par dans les six semaines. Panique. J’avais écrit la moitié du scénario, il a fallu travailler plusieurs festivals spécialisés (Clermont-Ferrand, Brest, Grenoble, la Seine- de façon intensive. On a fini de taper dans la nuit qui a précédé le dépôt. C’était début Saint-Denis) et de la lucidité de quelques producteurs soucieux de fournir à une avril 89. Le film est passé en plénière, et j’ai eu l’avance en juillet. Le tournage s’est génération de cinéphiles impatients les moyens d’un galop d’essai pas trop fait en mars, avril et mai 1990.» coûteux (Alain Rocca, responsable des Productions Lazennec: «L’avantage du Positif, n° 357, novembre 1990. court, c’est que quand ça se passe mal, ça fait des dégâts humains, mais ça en reste là...»). C’est ainsi qu’on a vu apparaître dans le champ du long métrage des cinéastes effectivement lourds des médailles qu’ils avaient recueillies pour 69 70
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