Сборник текстов на французском языке (для студентов факультета культуры и искусств). Литвинова В.М. - 33 стр.

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Marcel Carné, moins exclusif que Cayatte, a prouvé depuis les Tricheurs
que les problèmes sociaux ne lui sont pas étrangers même si sa création sen
éloigne souvent. Les «tricheurs» sont devenus dix ans plus tard les Jeunes
Loups (1967), cest-à-dire des jeunes qui affichent volontiers leur cynisme
supposé mais qui, au fond deux-mêmes, conservent des sentiments pudiques
qu’ils cherchent à juguler pour «bluffer» les petits copains. Le film, composé
avec la collaboration de Claude Accursi, était loin d’être inintéressant. Il ne
vaut pourtant pas les Assassins de lOrdre (1970). Tourné daprès le roman de
Jean Laborde, ce film pose le problème épineux des sévices qui, dans un
commissariat de police, peuvent entraîner la mort dun détenu. Nous sommes
loin de la fiction! Une équipe de parfaits comédiens avec Jacques Brel, une fois
de plus remarquable, animait ce sujet traité avec sobriété et honnêteté, le
personnage principal, le juge Level, allant jusquau bout de sa mission tout en
étant certain quelle se terminera par un échec. Les Assassins de lOrdre se situe
en bonne place dans l’œuvre de Marcel Carné.
René Allio occupe une situation spéciale parmi les cinéastes. Homme de
théâtre, il sest immédiatement imposé avec un film qui a fait lunanimité de la
critique et des spectateurs: la Vieille Dame indigne (1965). Dinspiration
théâtrale (à lorigine il y avait Bertolt Brecht), magistralement interprété par la
grande artiste Sylvie, le film avait pourtant suffisamment de qualités purement
cinématographiques pour être qualifié par certains de chef-d’œuvre. Fidèle au
théâtre, René Allio composa ensuite une tranche de vie, lUne et lAutre (1967),
qui met en scène une comédienne qui se cherche tout en vivant une aventure
sentimentale. C’est un hommage que lauteur rend à son cher théâtre tout en
critiquant implicitement lexistence que lon mène dans les H.L.M. de la
périphérie. Cet aspect critique de la société moderne apparaît plus nettement
dans Pierre et Paul (1968) qui, comme les autres films de René Allio, est
surtout marqué par lintelligence de son auteur. Ici encore, il nous présente
lintrospection dun personnage attachant (Pierre Mondy), confronté avec des
événements qui le dépassent. Lanalyse que René Allio nous propose de la
société est sévère. De ce film, présenté au public tout juste un an après mai
1968, un critique a pu écrire qu’il fustige notre époque «avec une violence
contenue, plus efficace que les pavés du Quartier Latin».
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ALAIN RESNAIS
Ce réalisateur français débute par le cinéma documentaire où il sest fait la
réputation d’un artiste profond et intelligent. Ses courts-métrages des années 50
(Nuit et brouillard, Guernica) accueillis par le grand public comme un
événement capital dans le genre documentaire, portent lempreinte de son talent
original et rigoureux. C’est un réquisitoire violent contre les crimes de guerre,
les tortures, les fours crématoires, le feu atomique, une protestation passionnée
contre le fascisme, portée avec un art remarquable à l’écran. Le réalisateur y
exprime toute la fougue de son tempérament et de sa conscience dartiste se
révoltant contre lextermination d’un homme par un homme.
Ses créations documentaires (Van Gogh, Guernica) sont marquées par le
don intelligent de déchiffrer le langage métaphorique dun peintre aussi
complexe que Picasso, en pénétrant jusqu’au plus profond de son œuvre
plastique.
Le court-métrage qui a rendu célèbre le nom dA. Resnais, a été pour lui
une grande école qui lui a permis d’aiguiser sa personnalité artistique. Après le
succès de Nuit et brouillard, A. Resnais eut une commande du Comité de
l’histoire de la seconde guerre mondiale à un film sur la bombe H. Ce fut
Hiroshima mon amour. Avec la scénariste Marguerite Duras, A. Resnais y a
inventé une histoire poignante où le drame individuel rejoint le massacre
collectif: 24 heures dun grand amour qui se mêlent aux souvenirs de la seconde
guerre mondiale. L’écran montre la chronique du plus grand crime du XX
e
siècle lexplosion d’une bombe H. Les séquences documentaires se mêlent
aux scènes d’amour. Ce mélange répondait au projet du réalisateur qui disait
que «lamour daujourd’hui est déterminé par le cauchemar de la guerre et par
le désarroi de l’époque atomique».
Lart du montage a su allier actualités, documentaires, mises en scènes
japonaises à un commentaire musical et vocal, sur le thème: non, tu nas rien vu
à Hiroshima. Ce fut un succès international, suite logique des deux principaux
films dA. Resnais Guernica et Nuit et brouillard, courts-métrages qui lui
donnèrent un sens aigu de la «contemporanéité».
En 1961, A. Resnais fait sortir sur l’écran lAnnée dernière à Marienbad,
une sorte de géométrie qui ordonne dans le milieu clos dun palace baroque et
dun parc des personnages du grand monde qui tournent en rond, posent des
questions laissées sans réponse. Qui ment un homme ou une femme , cela
importe peu dans cette œuvre. Le montage y fait alterner le passé, le présent et
le fatur, le réel et limaginaire. Même ce film difficile, en apparence,
      Marcel Carné, moins exclusif que Cayatte, a prouvé depuis les Tricheurs                                      ALAIN RESNAIS
que les problèmes sociaux ne lui sont pas étrangers même si sa création s’en
éloigne souvent. Les «tricheurs» sont devenus dix ans plus tard les Jeunes                 Ce réalisateur français débute par le cinéma documentaire où il s’est fait la
Loups (1967), c’est-à-dire des jeunes qui affichent volontiers leur cynisme           réputation d’un artiste profond et intelligent. Ses courts-métrages des années 50
supposé mais qui, au fond d’eux-mêmes, conservent des sentiments pudiques             (Nuit et brouillard, Guernica) accueillis par le grand public comme un
qu’ils cherchent à juguler pour «bluffer» les petits copains. Le film, composé        événement capital dans le genre documentaire, portent l’empreinte de son talent
avec la collaboration de Claude Accursi, était loin d’être inintéressant. Il ne       original et rigoureux. C’est un réquisitoire violent contre les crimes de guerre,
vaut pourtant pas les Assassins de l’Ordre (1970). Tourné d’après le roman de         les tortures, les fours crématoires, le feu atomique, une protestation passionnée
Jean Laborde, ce film pose le problème épineux des sévices qui, dans un               contre le fascisme, portée avec un art remarquable à l’écran. Le réalisateur y
commissariat de police, peuvent entraîner la mort d’un détenu. Nous sommes            exprime toute la fougue de son tempérament et de sa conscience d’artiste se
loin de la fiction! Une équipe de parfaits comédiens avec Jacques Brel, une fois      révoltant contre l’extermination d’un homme par un homme.
de plus remarquable, animait ce sujet traité avec sobriété et honnêteté, le                Ses créations documentaires (Van Gogh, Guernica) sont marquées par le
personnage principal, le juge Level, allant jusqu’au bout de sa mission tout en       don intelligent de déchiffrer le langage métaphorique d’un peintre aussi
étant certain qu’elle se terminera par un échec. Les Assassins de l’Ordre se situe    complexe que Picasso, en pénétrant jusqu’au plus profond de son œuvre
en bonne place dans l’œuvre de Marcel Carné.                                          plastique.
      René Allio occupe une situation spéciale parmi les cinéastes. Homme de               Le court-métrage qui a rendu célèbre le nom d’A. Resnais, a été pour lui
théâtre, il s’est immédiatement imposé avec un film qui a fait l’unanimité de la      une grande école qui lui a permis d’aiguiser sa personnalité artistique. Après le
critique et des spectateurs: la Vieille Dame indigne (1965). D’inspiration            succès de Nuit et brouillard, A. Resnais eut une commande du Comité de
théâtrale (à l’origine il y avait Bertolt Brecht), magistralement interprété par la   l’histoire de la seconde guerre mondiale à un film sur la bombe H. Ce fut
grande artiste Sylvie, le film avait pourtant suffisamment de qualités purement       Hiroshima mon amour. Avec la scénariste Marguerite Duras, A. Resnais y a
cinématographiques pour être qualifié par certains de chef-d’œuvre. Fidèle au         inventé une histoire poignante où le drame individuel rejoint le massacre
théâtre, René Allio composa ensuite une tranche de vie, l’Une et l’Autre (1967),      collectif: 24 heures d’un grand amour qui se mêlent aux souvenirs de la seconde
qui met en scène une comédienne qui se cherche tout en vivant une aventure            guerre mondiale. L’écran montre la chronique du plus grand crime du XXe
sentimentale. C’est un hommage que l’auteur rend à son cher théâtre tout en           siècle – l’explosion d’une bombe H. Les séquences documentaires se mêlent
critiquant implicitement l’existence que l’on mène dans les H.L.M. de la              aux scènes d’amour. Ce mélange répondait au projet du réalisateur qui disait
périphérie. Cet aspect critique de la société moderne apparaît plus nettement         que «l’amour d’aujourd’hui est déterminé par le cauchemar de la guerre et par
dans Pierre et Paul (1968) qui, comme les autres films de René Allio, est             le désarroi de l’époque atomique».
surtout marqué par l’intelligence de son auteur. Ici encore, il nous présente              L’art du montage a su allier actualités, documentaires, mises en scènes
l’introspection d’un personnage attachant (Pierre Mondy), confronté avec des          japonaises à un commentaire musical et vocal, sur le thème: non, tu n’as rien vu
événements qui le dépassent. L’analyse que René Allio nous propose de la              à Hiroshima. Ce fut un succès international, suite logique des deux principaux
société est sévère. De ce film, présenté au public tout juste un an après mai         films d’A. Resnais Guernica et Nuit et brouillard, courts-métrages qui lui
1968, un critique a pu écrire qu’il fustige notre époque «avec une violence           donnèrent un sens aigu de la «contemporanéité».
contenue, plus efficace que les pavés du Quartier Latin».                                  En 1961, A. Resnais fait sortir sur l’écran l’Année dernière à Marienbad,
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